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Agression sioniste: Les bombes et la famine tuent toujours à Ghaza

par Mohamed Mehdi

Au 157e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, correspondant au 1er jour du Ramadhan, le nombre des martyrs de la famine est passé à 28 après le décès, lundi, de 3 autres enfants, portant à 21 le nombre d'enfants tués de malnutrition et de déshydratation par l'entité sioniste.

Lundi, le ministère de la Santé de Ghaza a rapporté que les bombardements et les tirs de snipers israéliens ont fait 31.112 martyrs et 72.760 blessés, depuis le 7 octobre dernier.

L'armée et l'artillerie israéliennes ont continué et intensifié leurs bombardements hier, premier jour du Ramadan, sur différentes parties de l'enclave assiégée.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté de violents raids et bombardements israéliens sur le quartier d'Al-Rimal, dans le centre de la ville de Ghaza. De son côté, la chaîne satellite Al-Aqsa a indiqué que des hélicoptères de l'armée sioniste tiraient sur les quartiers sud-ouest de la ville de Ghaza, tandis que des tanks bombardaient la zone de communication à l'ouest de la ville.

Toujours dans la ville de Ghaza, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté «16 martyrs dans un bombardement israélien qui a visé la maison de la famille Abu Shamala dans le quartier Al-Zaytoun». Le journaliste a également fait état d'un bombardement israélien qui a visé une maison à l'est de la ville de Rafah qui a fait 3 martyrs et plusieurs blessés.

Au sud de Ghaza, dans la région d'Al Qarara du gouvernorat de Khan Younes, les forces d'occupation ont fait exploser des quartiers résidentiels entiers. Le correspondant d'Al Jazeera a déclaré que cette zone était la plus visée par les bombardements au cours des précédents jours, ajoutant que la situation à Al-Qarara est «très dangereuse». Selon Hani Mahmoud, correspondant d'Al Jazeera English (AJE) à Rafah, au sud de Ghaza, au cours des premières heures de la journée de lundi, «les attaques de l'armée israélienne se sont multipliées dans la partie orientale de la ville de Khan Younes et dans la ville de Ghaza».

«Une maison résidentielle a été attaquée, des membres d'une même famille auraient été tués et de nombreux autres blessés ont été transférés à l'hôpital al-Najjar dans le centre de Rafah», ajoute Hani Mahmoud.

«À Khan Younes, il y a non seulement une campagne de bombardement intense, mais aussi une démolition systématique et contrôlée des habitations, au point que des zones entières de la partie orientale de Khan Younes ont été complètement rasées de toutes les maisons et des infrastructures», ajoute la même source.

Les forces d'occupation ont également bombardé hier une maison dans le quartier d'Al-Sabra, au sud de la bande de Ghaza, faisant plusieurs blessés, tandis que l'artillerie sioniste a bombardé des maisons à l'est de Deir al-Balah, dans le centre de l'enclave assiégée.

Lundi également, à l'heure du s'hour de la première journée de Ramadhan, l'armée israélienne a bombardé la maison de la famille Barakat dans le quartier d'Al-Jeneina, à l'est de Rafah, déclenchant un énorme incendie et des destructions majeures, selon des témoins cités par Al Jazeera. Les mêmes sources ont fait état de plusieurs martyrs et blessés dans ce bombardement.

«Plus rien pour se nourrir»

Plus d'un mois après les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ), ordonnant à l'entité d'occupation israélienne de ne pas entraver l'entrée des aides humanitaires, l'entité sioniste continue dans sa politique criminelle d'empêcher l'acheminement des aides, en particulier vers le nord de Ghaza qui souffre d'une grande famine.

Hier, lundi, le directeur de l'hôpital Kamal Adwan de Beit Lahia, Dr Hussam Abu Safiya, a confirmé à Al Jazeera que trois autres enfants étaient décédés de malnutrition, de déshydratation et de manque de fournitures médicales, ce qui porte à 21 le nombre d'enfants (sur un total de 28) décédés des suites de la famine qui sévit à Ghaza.

L'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) a rappelé, dimanche, que la famine était omniprésente dans la bande de Ghaza et a indiqué dans une publication sur sa page Facebook, montrant des enfants faisant la chaîne pour une aide alimentaire, que la situation dans le nord de la bande de Ghaza était tragique.

«La situation dans le nord est tragique, où l'aide à travers le territoire est refusée malgré des appels répétés. Nous avons besoin d'un accès durable et sûr. Le Ramadan approche. Le nombre de morts continue de s'alourdir», écrit l'UNRWA dans la soirée de dimanche, appelant également à un «cessez-le-feu immédiat».

La famine menace aussi le personnel médical des hôpitaux de Ghaza, en particulier ceux du nord, déjà complètement hors service, en raison de l'arrêt, depuis janvier dernier, des approvisionnements en nourriture, en eau, en médicaments et en carburant.

Hier, le porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, Ashraf Al-Qudra, a alerté sur une importante perte de poids et un amaigrissement chez de nombreux membres des équipes médicales du nord de Ghaza à cause du manque de repas.

Al-Qudra a ajouté dans un communiqué que «plus de deux mille personnels de santé dans le nord de la bande de Ghaza commenceront le mois de Ramadhan sans les repas de s'hour ni iftar».

Le porte-parole a précisé que les équipes médicales «travaillent 24 heures sur 24 dans le nord de Ghaza et ne trouvent plus rien pour se nourrir», et a appelé les institutions internationales et humanitaires à «fournir des plats cuisinés pour permettre aux équipes médicales de mener leur travail».

Israël n'applique pas les décisions de la CIJ

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a confirmé qu'Israël n'appliquait pas les décisions de mesures conservatoires rendues par la Cour internationale de justice (CIJ) dans le cadre de la plainte pour génocide portée par son pays contre l'entité sioniste devant la Cour.

Dans une déclaration à la presse, Ramaphosa a affirmé : « Israël n'a pas respecté l'ordonnance rendue par le tribunal, et nous avons donc jugé approprié de lui soumettre une demande urgente pour résoudre les problèmes dans la région de Rafah» et a appelé la Cour internationale de justice à «prendre une autre décision sur la manière de gérer la situation» et les «moyens de prévenir de nouvelles violations».

Le président sud-africain a ajouté : « Il y a un autre problème inquiétant, c'est que les habitants de Ghaza meurent de faim, comme de nombreuses organisations l'ont prévenu ».

De son côté, le secrétaire général de l'ONU affirme que l'entité sioniste fait «pression sur Rafah pour plonger Ghaza dans un cercle infernal encore plus profond». Antonio Guterres a appelé, lundi, à une «trêve» en ce début du Ramadhan.

Le secrétaire général des Nations unies a également appelé à la libération des captifs détenus par le Hamas et à la suppression de « tous les obstacles pour garantir l'acheminement de l'aide vitale à la vitesse et à l'échelle massive requises » à Ghaza, où l'ONU a averti qu'un quart des la population est au bord de la famine. « Le droit international humanitaire est en lambeaux », a déclaré Guterres aux journalistes.

Dimanche soir, en exprimant leurs vœux à l'occasion du début du mois sacré de Ramadhan, les présidents algérien et tunisien ont appelé la communauté internationale à faire cesser le génocide contre la population de Ghaza. Dans un message au peuple algérien, Abdelmadjid Tebboune a déclaré : «Cette année, nous accueillons le Ramadhan les cœurs endoloris par la souffrance de nos frères en Palestine occupée. Aussi, nous appelons à nouveau la communauté internationale à assumer ses responsabilités face à ce génocide et à respecter la sacralité de ce mois pour la nation musulmane».

Kaïs Saïed a lui aussi appelé à mettre fin au «crimes israéliens et à la guerre d'extermination» contre le peuple palestinien. « Hier encore, des dizaines de Palestiniens sont morts de faim et de soif sous les yeux du monde, en plus des martyrs et des blessés dans les bombardements barbares israéliens», a-t-il déclaré.