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La trêve n'a pas eu lieu

par Abdou BENABBOU

Le président américain Joe Biden s'était trop vite précipité, un tantinet glorieux pour affirmer qu'un cessez-le-feu à Ghaza était à portée de main et qu'une trêve allait s'installer pendant le mois de Ramadhan. Il n'en fut rien et l'on pourrait penser que Washington ne maîtrise pas toutes les données sur la tragédie palestinienne ou du moins qu'elle ne fait semblant que d'en maîtriser les atours pour se livrer à une facilité du verbe.

Sans doute que le président Biden croyait que les référentiels de la famine des tueries et des carnages d'une population entière ont fini par offrir à l'Etat sioniste la possibilité de voir le Hamas se mettre à genoux et se prosterner. C'est probablement ne pas tenir compte du vrai profil d'un peuple qui vit le martyr depuis près d'un siècle.

Il était décalé de croire que les responsables du Hamas ont été poussés dans leurs derniers retranchements et qu'ils se soumettraient à une trêve qui ne ferait que permettre un ressourcement aux militaires israéliens. Le recul qui dose et reformule l'extermination d'un peuple qui a tout perdu. Alors, dans les initiatives diplomatiques engagées, le dialogue des sourds prend les devants. Les Palestiniens exigent un Etat, les autres les voudraient parqués et reclus.

De quelle trêve il s'agirait quand la majorité de la population ghazaouie n'est même pas autorisée à s'abriter dans les décombres que les bombardements ont configurés.

Les Américains voient un cessez-le-feu comme pitance offerte aux Palestiniens, alors qu'à Ghaza il n'y a plus de nuance entre la vie et la mort. Probablement même que la mort serait une délivrance.

On ne réclame pas la dignité et la justice pour que finalement on reçoive de la nourriture larguée par des avions.

L'errance d'un siècle serait récompensée par une orange et une boite sardines.