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Tiaret: Entre fièvre acheteuse et interrogations

par El-Houari Dilmi

Le wali aussitôt sorti du marché de proximité de « Trig El Beida», les prix du poulet ont flambé passant de 470 à 490 DA, la dinde de 570 à 650 DA, sans parler des viandes rouges, un luxe hors de portée de la majorité des bourses moyennes. Au sujet des viandes importées, le directeur du commerce a expliqué au wali qu'il existait un seul boucher agréé pour toute la wilaya, « mais il a été inscrit sur la liste noire pour fraude ».

Avec la crise aigüe de l'eau, les Tiarétiens risquent de passer un ramadhan avec beaucoup de maux de tête… Mais si cette année la mercuriale semble avoir été « bridée » au vu des prix des fruits et légumes qui restent plus ou moins à la portée des bourses modestes, quel sens donne-t-on aujourd'hui au jeûne ? Les Algériens entament le mois de Ramadhan de cette année dans un contexte général particulier. Beaucoup de chefs de ménages sortiront «déplumés» à l'issue de ce mois de tous les sacrifices, d'autres avec une grosse ardoise chez le commerçant du coin ou auprès des amis et autres connaissances. Certains n'ont pas manqué de remarquer, quelques jours avant le mois sacré, les premières chaînes qui se forment pour le sachet de lait, un produit déjà sous tension durant toute l'année. D'autres chaînes humaines se forment depuis plusieurs déjà dans les supérettes, commerces et autres vendeurs d'épices et d'ustensiles de cuisine. Ce qui nous ramène à une question fort légitime: comment des citoyens qui se plaignent de la dégradation de leur pouvoir d'achat, peuvent-ils acheter sans compter durant un mois où l'abstinence et l'élévation spirituelle doivent être les maîtres-mots ? Le mois de Ramadhan n'est malheureusement plus synonyme de piété et de spiritualité pour certains. Les mauvaises habitudes reprennent le dessus en ce mois de tous les excès. Au diktat d'un marché devenu presque incontrôlable vient s'ajouter le comportement irrationnel de l'Algérien qui complique la donne. Le Ramadhan est aussi l'occasion d'un formidable gaspillage de nourriture, de pain en particulier, et de malbouffe. Cela doit cesser au plus tôt parce que les temps ont changé. Des millions de personnes dans le monde ne mangent pas à leur faim ou souffrent de malnutrition. Le premier enseignement à retenir de ce mois d'abstinence: la solidarité, l'entraide et l'empathie naturelle vis-à-vis de plus faible que soi doivent être la règle d'or durant ce mois.