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L'Europe, tout compte fait

par Abdou BENABBOU

Un charivari obstructif s'est étendu cette dernière semaine au sein des cercles politiques de l'Europe. En demandant l'envoi de troupes militaires terrestres en Ukraine, le président de la République française n'a fait que mettre à nu l'une des principales distorsions qui caractérisent l'Union européenne. Impossible à atteindre, le point nodal du regroupement communautaire, la défense militaire de l'Union se révèle encore une fois, grâce à la bravade du président Macron, un sujet flottant pour lequel une unanimité ne sera pas assurée.

D'ailleurs un certain flou entoure le sujet quand, d'un côté, la majorité des Etats de l'UE sont membres à part entière de l'Otan, censée représenter une barricade de défense militaire et en même temps, ils se soumettent régulièrement à la nécessité d'instituer dans le domaine une politique commune.

La peine est perdue quand l'unanimité européenne recherchée dans bien d'autres domaines a toujours été difficile à trouver. La preuve est donnée pour prouver que l'Europe reste et restera dépendante en matière de défense des Etats-Unis.

Pour amadouer la fougue volontariste d'Emmanuel Macron, l'idée d'un fonds commun de plusieurs milliards d'euros a été suggérée pour aider le pouvoir ukrainien. Mais on voit mal comment une telle suggestion pourrait tenir la route quand tous les Etats européens sont aux prises avec des difficultés budgétaires qui mettent à mal la politique interne de chacun. On se rend compte que la recherche serait à la cerise sans que l'on ait le gâteau. Lever des impôts nouveaux dans chaque Etat pour constituer une cagnotte d'aide aux Ukrainiens, en ce moment de campagnes électorales généralisées et de disette serait un suicide pour les pouvoirs en place.

La politique agricole européenne bat de l'aile, l'inflation creuse des ravins sociaux jusqu'à pousser toutes les populations à exiger que l'on rende les clefs d'une association continentale qui finalement n'a été pour elles que source de déboires.

Tout compte fait, le président français a accentué le réveil d'un démon dont les grandes puissances seraient les gagnantes.