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Agression sioniste contre Ghaza: Plus de 70% des victimes sont des femmes et des enfants

par Mohamed Mehdi

Au 154e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le ministère de la Santé de l'enclave a indiqué, vendredi, que le nombre de victimes a atteint 30.878 martyrs et 72.402 blessés.

La même source a précisé que durant les deux précédentes journées (mercredi et jeudi), l'armée sioniste a commis 17 massacres, faisant 161 martyrs et 246 blessés.

Le ministère de la Santé a également annoncé, plus tôt dans la journée d'hier, que 70% des victimes de l'agression israélienne en cours contre Ghaza sont des femmes et des enfants. « Israël a tué 9.000 femmes depuis le début de l'agression contre Ghaza le 7 octobre, dont des mères, des femmes enceintes et du personnel de santé », affirme une déclaration du ministère de la Santé à Ghaza à l'occasion de la Journée internationale de la femme. « Dans la bande de Ghaza, 60.000 femmes enceintes souffrent de malnutrition, de déshydratation et du manque de soins de santé appropriés », ajoute le ministère. « Les femmes constituent 49% de la population de la bande de Ghaza », dont la plupart « sont en âge de procréer », et « environ 5.000 femmes accouchent chaque mois » dans des conditions « difficiles, dangereuses et insalubres » en raison des bombardements et des déplacements, précise-t-on. Les femmes de Ghaza « sont exposées à la pire catastrophe humanitaire », conclut le ministère de la Santé.

De son côté, l'UNRWA a précisé que les conditions sont particulièrement difficiles pour les femmes enceintes et allaitantes, dont 95% sont confrontées à une « grave pauvreté alimentaire », que « 37 mères sont tuées quotidiennement à Ghaza ». L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, que les femmes de la bande de Ghaza subissent toujours les conséquences de cette guerre brutale. Ajoutant que depuis le 7 octobre 2023, « 63 femmes sont tuées chaque jour à Ghaza, dont 37 mères qui laissent leurs familles derrière elles ».

Le manque de nourriture à Ghaza a plongé la quasi-totalité de ses 2,2 millions d'habitants dans «une crise ou pire», a rapporté l'ONU fin février, marquant le « pourcentage le plus élevé d'insécurité alimentaire aiguë jamais répertorié ». Quant à la rapporteuse des Nations unies (ONU) sur la violence contre les femmes, Reem Salem, elle a déclaré, dans une interview à Al Jazeera, que la situation des Palestiniennes «est le test dans lequel la communauté internationale a échoué», soulignant que les femmes de Ghaza vivent dans des « conditions inhumaines ». Mme Salem a souligné la « nécessité d'arrêter les combats et d'apporter de l'aide, notant qu'Israël, en tant que puissance occupante, porte la responsabilité de ce que vivent les femmes dans la bande de Ghaza ».

Des dizaines de martyrs et de blessés ce vendredi

L'armée israélienne continue ses crimes en bombardant davantage de civils, de femmes et d'enfants, en majorité. Hier, l'aviation sioniste a visé le nord (Jabalia et Beit Lahia), le centre (Deir Al-Balah) et le sud de Ghaza (Rafah et Khan Younes). Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté le martyr de 9 citoyens de Ghaza et 58 autres blessés suite aux attaques des forces d'occupation sioniste contre des civils attendant de l'aide humanitaire aux ronds-points Nabulsi et Koweït, à l'ouest de la ville de Ghaza, dans la nuit de jeudi à vendredi. Le journaliste a ajouté que les chars sionistes ont encerclé des centaines de Palestiniens qui attendaient de l'aide et leur ont tiré des balles de mitrailleuses et des obus d'artillerie. Au nord de Ghaza, le correspondant d'Al Jazeera a fait état de bombardements israéliens sur diverses zones de Jabalia et Beit Lahia, faisant des martyrs et des blessés, ajoutant que deux autres blessés ont été transférés au complexe médical d'Al-Shifa suite à un bombardement israélien qui a visé une maison dans le quartier d'Al-Zaytoun, dans la ville de Ghaza. La même source a rapporté le martyr de 5 personnes, dont deux enfants, et plusieurs blessés, dans un bombardement israélien qui a visé une maison à l'ouest de la ville de Rafah, précisant qu'à Khan Younes, les bombardements israéliens étaient plus intenses depuis l'aube de la journée de vendredi. Toujours à Khan Younes, le journaliste d'Al Jazeera a rapporté que des « dizaines de familles » étaient toujours assiégées dans les zones de la ville de Hamad et d'Al-Qarara.

Dans cette ville (Al-Qarara), un bombardement israélien, qui a visé deux maisons, a fait au moins 8 martyrs et des blessés, alors que les chars et les soldats de l'occupation empêchaient les équipes de la Protection civile de les atteindre. A Deir Al-Balah, dans le centre de l'enclave de Ghaza, le nombre de victimes dans un bombardement, qui a visé une maison dans le quartier d'Al-Hakar, s'est élevé à 9 martyrs, dont des femmes et des enfants.

A Ghaza, on meurt des bombardements, des tirs de snipers, de faim, de soif et de manque de soins, mais également de largage des « aides humanitaires. Le correspondant d'Al Jazeera English (AJE), Hani Mahmoud, en reportage depuis Rafah, a affirmé, hier, qu'au moins 5 personnes ont été tuées par la chute de colis d'aide largués par un avion. Un des parachutes utilisés pour larguer l'aide ne s'est pas ouvert, ce qui a fait tomber les cartons sur les personnes rassemblées en grand nombre, a indiqué le correspondant d'AJE, qui a précisé 2 personnes ont été tuées sur le coup, tandis que trois autres ont été grièvement blessées et sont décédées plus tard à l'hôpital Kamal Adwan. La même source a précisé que jeudi, des avions cargo américains ont largué de l'aide, sur le nord de Ghaza, dans le cadre de la troisième opération conjointe avec la Jordanie en moins d'une semaine.

Des familles des victimes de Ghaza témoignent

Le représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies à New York, l'ambassadeur Amar Bendjama, a organisé, mercredi, une « réunion informelle d'échange », au siège de l'ONU, « regroupant les représentants permanents des pays membres du Conseil de sécurité onusien et des membres de familles ayant souffert des atrocités des forces d'occupation à Ghaza », a indiqué jeudi l'APS.

Cette réunion, qui a connu la participation des représentants de l'ensemble des membres du Conseil, a été l'occasion pour les familles participantes de partager leurs expériences douloureuses et leur vécu des événements horribles survenus, suite à l'agression sioniste, ajoute la même source. La rencontre a permis à des membres des familles de victimes de carnages sionistes à Ghaza, de relater en détails des faits endurés depuis le début de l'agression israélienne.

« Une participante a raconté, avec une voix alourdie d'émotion, la tragédie du bombardement de la maison familiale, avec un bilan sans appel : le décès de ses deux cousins, les enfants Aziz et Hatem à la fleur de l'âge, ainsi que onze autres membres de sa famille. Son troisième cousin, Hamza, a survécu au bombardement et a été transporté à l'hôpital où il a vécu une douleur insupportable, pendant une semaine, avant de succomber à son tour à ses blessures, faute de médicaments et de matériel médical nécessaire pour le soigner », selon les témoignages rapportés par l'APS.

Une autre femme a raconté la cruauté de l'incendie ayant ravagé sa maison familiale, coûtant la vie à ses frères Ahmed et Mohammad. Elle s'est ensuite installée chez sa grand-mère pour y chercher refuge, y enterrer ses frères dans le jardin et panser les blessures de sa sœur Sarah, dont le corps a été brûlé. Après deux mois de souffrance et d'absence de soins, elle a pu sauver sa sœur Sarah en l'évacuant vers l'Egypte puis aux Etats-Unis pour se faire soigner. Cependant, les médecins n'ont pas pu traiter complètement la petite Sarah qui a dû se faire amputer trois doigts, le traitement étant arrivé trop tard.

Les interventions des membres des familles des victimes ont été suivies de celles de nombreux représentants des membres du Conseil de sécurité.