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Ghaza: Israël continue de cibler les convois d'aide

par Mohamed Mehdi

Au 151e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le bilan des victimes s'est élevé, mardi, à 30.631 martyrs et 72.042 blessés, a annoncé, hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée. La même source a indiqué que les forces d'occupation sionistes ont commis, durant la journée de lundi, 10 massacres faisant 97 martyrs et 123 blessés.

Hier, l'aviation et l'artillerie de l'armée sioniste ont bombardé plusieurs régions à Ghaza, notamment Jabalia Al-Balad et le camp de réfugiés de Jabalia ainsi que Beit Lahia, au nord de l'enclave, les villes Nuseirat, Al Mughraqa, Al-Zaytoun (ville de Ghaza), au centre, et Khan Younes au sud.

Mardi également, l'armée sioniste a encore une fois ciblé un convoi d'aide humanitaire au lieudit «Rond-point du Koweït» sur la rue Salah-Eddine Al-Ayoubi dans la ville de Ghaza, au nord de l'enclave où la famine fait des ravages dans une population de 700.000 habitants.

Le correspondant d'Al Jazeera a signalé l'arrivée d'un certain nombre de blessés à l'hôpital Kamal Adwan à la suite du bombardement de l'occupation de la maison de la famille Al-Kilani à Beit Lahia.

La même source a rapporté que des raids israéliens ont visé la ville d'Al-Mughraqa, au nord du camp de Nuseirat, au centre de Ghaza. Des médias palestiniens ont signalé de violents bombardements sur le camp de Nuseirat. La chaîne satellite Al-Aqsa a indiqué que l'artillerie de l'occupation israélienne a ciblé le sud et l'est du quartier Al-Zaytoun dans la ville de Ghaza. Selon Al Jazeera, le bombardement contre une maison de la famille Al-Sadoudi, dans le camp de Nuseirat a fait plusieurs martyrs et blessés. Le journaliste de la chaîne a ajouté qu'un bombardement a également visé des citoyens à la rue Al-Rashid Al-Sahili, dans le centre de Ghaza, faisant plusieurs blessés.

La même source a aussi indiqué qu'un bombardement d'artillerie israélienne a visé la ville d'Al-Fokhari, à l'est de Khan Younes, confirmant que les corps de deux martyrs ont été récupérés sous les décombres par une équipe de la protection civile. Des médias palestiniens ont précisé que le bombardement a visé trois maisons de la famille Al-Amour. A Khan Younes toujours, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté l'arrivée de 25 martyrs à l'hôpital européen, victimes de bombardements de lundi soir, dont 17 ont été tués dans le ciblage de la maison de la famille Al-Faqawi.

Depuis les premières heures de la matinée de mardi, les avions et l'artillerie de l'occupation israélienne ont intensifié leurs bombardements sur la ville de Khan Younes et ses environs, notamment la ville de Hamad, théâtre de violents combats entre la résistance palestinienne et les forces d'occupation. La chaîne satellite Al-Aqsa a déclaré que les forces d'occupation israéliennes ont arrêté des dizaines de citoyens palestiniens de la ville de Hamad. Citant des témoignages, la chaîne a ajouté que les soldats sionistes ont sévèrement battu les détenus lors de leur interrogatoire et ont emmené un certain nombre d'entre eux dans des camions vers des centres de détention.

A Jabalia, le bombardement, hier, d'un quartier résidentiel a fait 8 martyrs et un certain nombre de blessés transférés à l'hôpital Kamal Adwan.

Un médecin canadien décrit une situation chaotique

Le ministère de la Santé de la bande de Ghaza a annoncé hier la mort de 15 enfants dans le gouvernorat du nord de Ghaza à cause de malnutrition et de déshydratation, ajoutant que cette région de l'enclave souffre particulièrement de «conditions sanitaires catastrophiques» et «d'une grave pénurie de médicaments et de fournitures médicales de base».

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a également affirmé que la malnutrition dans le nord de Ghaza était «particulièrement extrême».

«La situation est particulièrement extrême dans le nord de Gaza », a déclaré Richard Peeperkorn, représentant de l'OMS pour Ghaza et la Cisjordanie. Ajoutant qu'un enfant de moins de deux ans sur six souffrait de malnutrition aiguë dans le nord de l'enclave. Précisant que ces chiffres, «c'était en janvier». «La situation risque donc d'être encore plus grave aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Le témoignage poignant d'un médecin canadien, qui a passé une semaine à soigner des patients à Ghaza en février, confirme que la situation des habitants de Ghaza, celle des enfants en particulier, est des plus déplorables.

Le Dr Yipeng Ge a déclaré, à Al Jazeera, que chaque habitant de Ghaza a été touché par «les crises qui se chevauchent en matière de manque de nourriture, d'eau et d'insécurité du logement».

«L'un des enfants malade était dans une situation que je n'ai jamais vue dans ma carrière médicale», a-t-il ajouté. «L'enfant a été apporté par sa mère et ne pouvait plus marcher tant il était mal nourri. J'ai pu enrouler mon index et mon pouce autour de son bras et de sa jambe. Il avait neuf ou dix ans», poursuit le Dr Ge dans sa description, ajoutant qu'il craignait que «l'enfant ne soit déjà mort».

Il a ajouté que le manque d'eau et de nourriture, ainsi que le surpeuplement des tentes dans des conditions insalubres, avaient entraîné des épidémies d'infections respiratoires, de maladies gastro-intestinales et une importante épidémie d'hépatite A.

«Pour guérir de ces maladies, nous avons besoin d'aliments nutritifs et d'une eau propre. Sans cela, la situation va empirer». Selon lui, des maladies et des infections transmissibles, entièrement évitables et traitables, ne peuvent pas être traitées «en raison du manque de nutrition et d'antibiotiques».

L'armée tire sur des Palestiniens qui tentaient d'atteindre des camions d'aide

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté hier plusieurs martyrs et blessés par les tirs des forces d'occupation israéliennes contre des Palestiniens qui tentaient d'atteindre des camions d'aide humanitaire dans la ville de Ghaza. La même source a indiqué que le carnage a été provoqué par l'armée sioniste au moment de l'arrivée de trois camions au lieudit « Rond-point du Koweït » de la rue Salah Eddine Al-Ayoubi, dans la ville de Ghaza.

Ce crime intervient 5 jours après le massacre de l'aide humanitaire au Rond-point de Nabulsi, qui a fait 118 martyrs et environ 760 blessés.

Le bureau des médias du gouvernement a déclaré, à ce propos, que l'occupation avait ouvert le feu sur des civils palestiniens alors qu'ils cherchaient à obtenir de l'aide dans la ville de Ghaza, considérant ces carnages répétés comme « une volonté de renforcer davantage la famine et de perpétuer le siège » de centaines de milliers de personnes au nord de l'enclave. Selon la même source, la situation est telle au nord et dans le reste de Ghaza qu'elle nécessite l'envoi de 1.000 camions d'aide par jour ».

De son côté, le major Mahmoud Basal, porte-parole de la Protection civile de Ghaza a déclaré à Al Jazeera que « l'occupation a ciblé à plusieurs reprises les personnes à la recherche d'aide alimentaire à chaque fois qu'un convoi de camions arrive», qualifiant d'«humiliantes» les «conditions de livraison des camions et de l'aide».

Mahmoud Basal estime qu'il existe de «nombreuses manières d'acheminer l'aide, autres que celles qui conduisent à des massacres». Basal a souligné la possibilité d'acheminer l'aide par des moyens plus simples, soulignant qu'Israël humilie délibérément la population et sème le chaos.

Le correspondant d'Al Jazeera, Ismaïl Al-Ghoul, a confirmé que dès l'arrivé du premier camion, qui «transportait des vivres sans aucune aide médicale», les soldats et véhicules sionistes ont commencé à tirer sur tous ceux qui tentaient d'atteindre le convoi. Le journaliste a précisé que des milliers d'habitants étaient rassemblés sur place depuis le début de la journée, pour attendre une éventuelle aide, signalant l'absence de tout organisme international pour la distribuer, ce qui a créé une situation de chaos.

Commentant ces massacres, le directeur de Human Rights Watch (HRW) pour Israël et la Palestine, Omar Shakir, a déclaré que les récentes attaques des forces israéliennes contre des personnes cherchant une aide humanitaire à Ghaza font partie d'un « schéma qui dure depuis plusieurs décennies ». « Le gouvernement israélien a un long historique de recours à la force illégale et excessive contre les Palestiniens. Non seulement dans le contexte de frappes aériennes, mais aussi dans des situations policières normales», a-t-il déclaré. Pour Omar Shakir, la «responsabilité du gouvernement israélien est évidente». «Il affame les Palestiniens de Ghaza» et «crée des conditions catastrophiques qui conduisent à ce genre de situations».

«Après avoir été bombardés, déplacés à de multiples reprises et affamés, les Palestiniens sont aujourd'hui abattus alors qu'ils cherchent à s'approvisionner en nourriture», affirme encore M. Shakir. Ajoutant : «L'idée que des gens soient tués alors qu'ils cherchent de maigres rations de nourriture est tout simplement épouvantable».