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L'agression contre Ghaza entame le 6e mois: Plus de 30.530 martyrs dont 73% d'enfants et de femmes

par Mohamed Mehdi

A la fin du 5e mois de l'agression israélienne contre Ghaza, et plus de 3.000 heures de bombardements durant lesquelles l'aviation et l'artillerie sionistes, soutenue par les Etats-Unis, a largué près de 70.000 tonnes d'explosifs sur des zones habitées, des écoles, des hôpitaux et autres infrastructures, le nombre de victimes s'est élevé, lundi, à 30.534 martyrs, dont 13.430 enfants et 8.900 femmes, ainsi que 71.920 blessés.

La sauvagerie israélienne a bouclé le 150e jour (dimanche) des bombardements en commettant 13 massacres, faisant 124 martyrs et 210 blessés.

Hier, un correspondant d'Al Jazeera a rapporté qu'un bombardement de l'artillerie israélienne sur la ville d'Al-Qarara à Khan Younes, au sud de Ghaza, a fait un martyr et plusieurs blessés.

D'intenses bombardements israéliens ont ciblé hier le quartier d'Al-Zaytoun, au sud-est de la ville de Ghaza, a indiqué un correspondant d'Al Jazeera faisant état de plusieurs martyrs et de blessés.

Au sud, des sources médicales à Ghaza, citées par Al Jazeera, ont annoncé le martyr de 17 Palestiniens dans des raids israéliens qui ont visé deux maisons de la ville de Rafah.

A Khan Younes, le correspondant d'Al Jazeera a rapporté que les équipes d'ambulances ont récupéré, depuis la matinée de lundi, les corps de 11 martyrs dans diverses zones de ce gouvernorat.

Dimanche soir, dans le centre de Ghaza, des bombardements visant le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de l'enclave, ont fait deux martyrs et plusieurs blessés, dont des enfants. Selon le correspondant d'Al Jazeera, ce bombardement a fait 12 martyrs et plus de 40 blessés transférés à l'hôpital Al Awda. Le journaliste a également indiqué que des bombardements israéliens ont également visé, le même jour, le centre de la ville de Rafah, au sud de Ghaza, ainsi que le siège du Syndicat des ingénieurs près de la région de Cheikh Zayed, dans le nord de l'enclave.

Le journaliste Tareq Abu Azzoum d'Al Jazeera English (AJE) a rapporté, dimanche soir, que l'armée sioniste a, encore une fois, pris pour cible des personnes qui attendaient des camions de farine près du rond-point du Koweït à la rue Salah Eddine, dans la ville de Ghaza. Ashraf al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé à Ghaza, a déclaré, dans un communiqué, que «les forces d'occupation israéliennes commettent des crimes de génocide systématiques visant des centaines de milliers d'estomacs affamés dans le nord de la bande de Ghaza».

Sur les conditions d'accès aux corps des victimes des bombardements sionistes sous les décombres, la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) a expliqué, dans une déclaration à la chaîne Al Jazeera, que la Protection civile «ne dispose plus d'engins de déblayage», ajoutant que les forces d'occupation continuent de «cibler les civils et les ambulanciers».

Même les tombes n'échappent pas aux bombardements sionistes à Ghaza. «Lundi, l'aviation israélienne a bombardé une fosse commune dans le bloc 2 du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Ghaza, laissant des corps éparpillés dans le cimetière», a indiqué un journaliste d'Al Jazeera sur place.

Un million de cas de maladies infectieuses

Le ministère de la Santé de Ghaza a livré, lundi marquant la fin du 5e mois de l'agression sioniste, quelques chiffres sur l'état du secteur et le nombre de cas de maladies infectieuses qui se propagent dans les différentes régions de l'enclave assiégée.

Dans un communiqué rendu public hier, la même source a rappelé que les forces de l'occupation israélienne ont tué 364 membres du personnel de santé et arrêté 269 autres, y compris des directeurs d'hôpitaux.

Le ministère a ajouté que l'occupation a détruit 155 établissements de santé, mis hors service 32 hôpitaux et 53 centres de santé et ciblé 126 ambulances, notant également la destruction d'infrastructures dans des hôpitaux à Khan Younes et dans le nord de Ghaza.

La même source a décrit la situation sanitaire dans la bande de Ghaza comme « extrêmement catastrophique » en raison de l'incapacité à apporter l'aide médicale nécessaire, soulignant que l'occupation a délibérément provoqué une catastrophe humanitaire et sanitaire indicible, ce qui a contribué à la propagation d'épidémies et de maladies infectieuses.

Le communiqué a confirmé que les habitants du nord de l'enclave de Ghaza sont aux prises avec la mort en raison d'une famine et de la déshydratation qui ont dépassé les niveaux mondiaux en raison du manque d'eau et de nourriture depuis au moins trois mois. Le ministère a indiqué qu'il avait détecté environ «un million de cas de maladies infectieuses», précisant que les structures médicales « ne disposent pas des capacités médicales nécessaires pour les traiter».

Un enfant de 16 ans tué à Nablous

En Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont fait irruption, lundi, dans le camp de réfugiés d'Am'ari, dans la ville de Ramallah, et ont tué par balle Mustafa Abu Shalbak, un enfant de 16 ans, a déclaré hier le ministère de la Santé.

Selon l'agence palestinienne Wafa, des affrontements ont éclaté au cours de l'irruption des soldats israéliens qui ont tiré à balles réelles sur les Palestiniens qui protestaient contre le raid. Le jeune Abu Shalbak a été touché au cou et à la poitrine. Plusieurs heures après l'incursion, les forces d'occupation israéliennes se sont postées à l'entrée principale du camp.

La même source a également rapporté, lundi, que les forces d'occupation israéliennes ont fait exploser une maison dans la ville de Nablous, dans le nord de la Cisjordanie occupée. La ville de Nablous a été prise d'assaut, «dimanche soir, avant minuit», par les forces d'occupation, qui «ont encerclé l'un des bâtiments du quartier d'Al-Makhfiya», avant de «forcer ses habitants à quitter les lieux», pour «préparer la démolition de l'appartement du martyr Moaz Al- Masry», ajouté Al Jazeera English. Les forces d'occupation ont ensuite évacué un grand nombre d'appartements et de maisons dans les environs avant de déclencher l'explosion.

«Des sources médicales ont indiqué qu'environ 15 citoyens ont souffert d'étouffement après que les forces d'occupation ont tiré sur eux des bombes lacrymogènes dans la ville», a ajouté Wafa.

Ghaza, une «poudrière» qui pourrait déclencher une guerre plus large

La guerre à Ghaza est une «poudrière» susceptible de déclencher un conflit plus large au Moyen-Orient, a déclaré lundi Volker Turk, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, appelant à «faire tout ce qui était possible pour éviter un embrasement plus large».

«La guerre à Ghaza a déjà provoqué des retombées dangereuses dans les pays voisins», a déclaré Turk dans son rapport mondial au Conseil des droits de l'homme des Nations unies, selon l'AFP.

«Je crains fort que, dans cette poudrière, la moindre étincelle ne conduise à une conflagration beaucoup plus large. Cela aurait des conséquences pour tous les pays du Moyen-Orient et bien d'autres encore», a-t-il ajouté, expliquant que le «chevauchement des situations d'urgence» rendait très réel le «spectre de la propagation du conflit». «L'escalade militaire au Sud-Liban, entre Israël et le Hezbollah et d'autres groupes armés est extrêmement préoccupante», a déclaré M. Turk.

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a précisé que «près de 200 personnes avaient été tuées au Liban et que quelque 90000 personnes avaient été déplacées à l'intérieur du pays», ajoutant que les établissements de santé, les écoles et les infrastructures vitales ont également subi d'importants dégâts.

«Les incidents au cours desquels des civils, y compris des enfants, des secouristes et des journalistes, ont été tués lors d'attaques doivent faire l'objet d'une enquête approfondie», a encore affirmé M. Turk, qui a appelé à «l'impératif de faire tout ce qui est possible pour éviter une conflagration plus importante».