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Les spéculateurs ont perdu la main

par Abdelkrim Zerzouri

Alors que certains continuent de nourrir un espoir vain de voir l'Opep vaciller et ses rangs se disperser, la cohésion au sein du cartel en sort toujours plus renforcée. C'est que les intérêts sont étroitement liés aux décisions prises dans un cadre commun sans aucune autre visée que celle de garantir un approvisionnement régulier du marché mondial de pétrole et assurer une stabilité des prix du baril. Cela a été prouvé en ce début de mois de mars à travers l'adhésion des pays membres à la décision de l'Opep + de prolonger la réduction des quotas de production de pétrole et de resserrer plus encore les vannes. La Russie et l'Arabie Saoudite ont annoncé, dimanche 3 mars, la prolongation des coupes volontaires jusqu'au mois de juin, soit jusqu'à la prochaine réunion ministérielle, prévue le 1er juin au siège de l'Opep à Vienne, où devrait se décider la stratégie à suivre jusqu'en 2025, en matière d'objectif de production. D'ici là, l'Arabie Saoudite a décidé de suivre à la lettre la stratégie de réduction de sa production d'un million de barils par jour (bpj) pour la période d'avril à juin, selon une déclaration du ministère saoudien de l'Énergie, reprise par l'Agence de presse officielle saoudienne (SPA). Ainsi que la Russie, qui a également fait état d'une amplification de la coupe à hauteur de 471.000 barils quotidiens, touchant à la production et aux exportations. Les autres pays du cartel ont suivi la même tendance des réductions de leurs quotas de production dans un cadre d'appui à la politique du cartel, à l'enseigne de l'Irak qui a, le même jour, annoncé qu'il prolongera la coupe volontaire de sa production de 220.000 barils jusqu'en juin 2024. Ainsi que le Koweït, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan et l'Algérie, qui a annoncé à travers un communiqué du ministère, « la prolongation de la réduction volontaire de la production nationale de pétrole de 51.000 barils par jour, jusqu'à fin-juin prochain, et ce, en coordination avec certains pays membres du groupe de l'OPEP+, pour maintenir la production pétrolière de l'Algérie à 908.000 barils/jour ». Afin de soutenir la stabilité du marché, « ces volumes de réduction supplémentaires seront progressivement rétablis, sous réserve des conditions du marché », précise la même source. Laissant entendre que ces coupes volontaires mais fixant un objectif commun aux pays membres de l'Opep+, peuvent être revues dans les deux sens, soit resserrer les vannes davantage, dans le cas d'une baisse des prix du baril de pétrole ou les rouvrir en cas de nécessité pour répondre à la demande mondiale. Il faut bien croire que le pétrole qui coule à flots sans aucune étude du marché ni concordance des visions entre les pays producteurs est une histoire révolue, et un pays qui quitte le cartel ou un autre qui le rejoint ne changeront rien à la nouvelle donne qui consiste à maîtriser les prix du baril en donnant un pouvoir d'action au cartel afin de réguler le marché. Cela protège les intérêts des pays producteurs et des pays consommateurs. Seuls les spéculateurs ont perdu la main au change.