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112 morts et plus de 700 blessés: Israël massacre des Palestiniens affamés

par Mohamed Mehdi

Quand les criminels de guerre de l'entité sioniste laissent passer des camions d'aide humanitaire vers le centre et le nord de Ghaza, c'est pour commettre un carnage. Jeudi 29 février, alors qu'un convoi de camions d'aide entrait en direction du nord de Ghaza, des centaines de Ghazaouis étaient rassemblés pour décharger les provisions, principalement de la farine et autres produits alimentaires, les chars et les avions de l'armée sioniste ont bombardé les foules faisant plusieurs dizaines de martyrs et des centaines de blessés. Un bilan provisoire de ce massacre, établi en fin de journée de jeudi, fait état de 112 martyrs et plus de 700 blessés.

Hier, vendredi, 147e jour du génocide israélien contre Ghaza, le nombre de victimes a atteint 30.228 martyrs et 71.377 blessés, annonce le ministère de la Santé de l'enclave. « L'occupation israélienne a commis 16 massacres contre des familles dans la bande de Ghaza, faisant 193 martyrs et 920 blessés au cours des dernières 24 heures (jeudi, ndlr) », a ajouté la même source.

L'armée israélienne a bombardé vendredi plusieurs régions de l'enclave assiégée, du nord au sud, y compris Rafah, Khan Younes, et la ville de Ghaza. A Rafah, au sud, où s'entassent environ 1,4 million de déplacés du nord et du centre de l'enclave, plusieurs bombardements de l'aviation sioniste ont eu lieu faisant plusieurs martyrs et blessés. Un correspondant d'Al Jazeera a indiqué qu'un bombardement israélien a visé une maison de la ville d'Al-Shouka, à l'est de Rafah, faisant 2 martyrs et plusieurs blessés. Il s'agit, selon des médias palestiniens cités par Al Jazeera, d'un bombardement visant la maison de la famille Abu Laila.

Toujours au sud de Ghaza, au moins 3 martyrs et 10 blessés font partie des victimes du bombardement israélien contre une école abritant des personnes déplacées dans la ville de Hamad, au nord de Khan Younes. Les martyrs et blessés ont été transférés à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de Ghaza. Dans le centre de l'enclave, plusieurs bombardements ont eu lieu hier (jusqu'à 14h GMT), contre le camp de réfugiés d'Al Bureij et le quartier Al-Zaytoun.

Le bombardement d'une maison de la famille Al-Qrenawi dans le camp de réfugiés de Al-Bureij, a fait 4 martyrs et plusieurs blessés, selon un correspondant d'Al Jazeera.

La même source a rapporté qu'un bombardement israélien a visé un groupe de citoyens de Ghaza, dans la zone d'Al-Mussalba, à l'est du quartier d'Al-Zaytoun, faisant 5 martyrs et 3 blessés. Le journaliste a ajouté que de violents bombardements d'artillerie israélienne ont ciblé, hier, les quartiers au sud de la ville de Ghaza. De son côté, la chaîne satellite ‘Al-Aqsa' a indiqué qu'un bombardement israélien a visé une maison du camp de réfugiés Al-Bureij, faisant 6 martyrs et plusieurs blessés. La chaîne a ajouté que les avions d'occupation et l'artillerie ont ciblé plusieurs quartiers à Deir al-Balah, dans le centre de l'enclave.

Carnage délibéré

Jeudi, les troupes israéliennes ont tiré sur une foule de Palestiniens qui se précipitaient pour accéder à de la nourriture d'un convoi humanitaire dans la ville de Ghaza. Le carnage mené par des tirs de chars et de l'aviation israélienne a fait au moins 112 martyrs et plus de 700 blessés. Le carnage a eu lieu jeudi, vers 04h30 heure locale (02h30 GMT), alors que des groupes de personnes étaient rassemblés à la rue Haroun al-Rashid, près du « rond-point de Naboulsi » dans la ville de Ghaza, attendant l'arrivée des camions d'aide humanitaire, avant d'être surpris par des tirs intenses de l'armée sioniste. Après avoir attribué le nombre de victimes « à la foule » et à des « piétinements », la version israélienne des événements a changé au cours de la journée de jeudi. Le correspondant d'Al Jazeera English (AJE) à Al-Quds, Bernard Smith, a déclaré que l'armée israélienne « a d'abord tenté de rejeter la responsabilité sur la foule », affirmant que des dizaines de personnes avaient été blessées parce qu'elles avaient été écrasées et piétinées lors d'une bousculade à l'arrivée des camions d'aide. « Après, suite à des pressions, les israéliens ont déclaré que leurs troupes s'étaient senties menacées que des centaines de personnes s'étaient approchées d'eux, et qu'ils avaient donc réagi en ouvrant le feu », a ajouté M. Smith.

Des témoins cités par AJE ont insisté sur le fait que la bousculade n'a eu lieu qu'après que les troupes israéliennes ont commencé à tirer sur les personnes qui cherchaient de la nourriture. « Après avoir ouvert le feu, les chars israéliens ont avancé et écrasé de nombreux cadavres et blessés », a déclaré le journaliste Ismail al-Ghoul, de la chaîne Al Jazeera, après s'être rendu sur place. De son côté, Ummah Welfare Trust (UWT), une organisation caritative internationale d'aide et de développement basée au Royaume-Uni, a précisé que les israéliens étaient au courant où devait avoir lieu la livraison des aides. « L'emplacement exact où l'aide alimentaire devait être livrée dans le nord de la bande de Ghaza a été communiquée aux forces israéliennes avant la fusillade », a déclaré Muhammad Ahmad, un administrateur de UWT. La même source a ajouté : « Nos partenaires sur le terrain, qui se trouvent dans le sud, se sont mis en rapport avec le ministère israélien qui organise les convois dans le nord, et ils avaient mis en place un plan. Les camions se déplaçaient ensemble et le lieu de la distribution a été divulgué, et c'est là que les gens ont attendu toute la nuit », a déclaré M. Ahmad lors d'une interview accordée à Sky News vendredi. « Malheureusement, ce moment qui aurait pu nous réjouir et nous soulager du fait que l'aide était parvenue à ceux qui en avaient besoin s'est transformé en bain de sang », a-t-il ajouté.

Le Mouvement de la Résistance islamique (Hamas) a dénoncé « l'horrible massacre » du rond-point de Naboulsi, appelant la Cour internationale de Justice et la Cour pénale internationale à prendre les mesures nécessaires pour que l'occupation réponde de ses crimes. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a également appelé à imposer des sanctions dissuasives à l'encontre de l'occupation, pour la forcer à assurer la protection des civils et à répondre à leurs besoins humanitaires.

Dénonciation internationale, complicité américaine

Des dénonciations ont fusé des gouvernements dans les quatre coins du monde, contre le massacre de jeudi qui a fait 112 martyrs et plus de 700 blessés, sauf de la part des Etats-Unis d'Amérique. Joe Biden a juste exprimé ses craintes que « l'incident » allait « compliquer les négociations sur la libération des otages », alors que le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, a refusé, lors d'une conférence de presse, de condamner directement le carnage. « Beaucoup trop de Palestiniens innocents ont été tués au cours de ce conflit, pas seulement aujourd'hui, mais au cours des cinq derniers mois », a déclaré Matthew Miller, ajoutant qu'une enquête était «en cours» en Israël que «nous suivrons cette enquête de près et nous ferons pression pour obtenir des réponses». Commentant ce massacre, le rapporteur de l'ONU sur la question de la pauvreté et des Droits de l'homme a déclaré que «la Communauté internationale n'a pas fait pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses violations», estimant nécessaire «d'imposer des sanctions et exercer des pressions commerciales sur Israël» pour un «cessez-le-feu immédiat» et pour «empêcher la famine de se propager à Ghaza». L'Algérie a demandé jeudi, suite au massacre, une réunion urgente à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU sur les derniers développements dans la bande de Ghaza. Les ministres des Affaires étrangères du Liban de la Jordanie, et de l'Arabie Saoudite, ont dénoncé le « ciblage brutal par les forces d'occupation israéliennes du rassemblement de Palestiniens qui attendaient de l'aide». Pour le MAE libanais, il s'agit d'un «assassinat délibéré» qui s'inscrit «dans le cadre de la politique de famine et d'extermination massive du peuple palestinien, qui le pousse au désespoir et (qui) jette de l'huile sur le feu ». Le président colombien Gustavo Petro a déclaré que son gouvernement suspendait ses achats d'armes auprès d'Israël.

Le commissaire européen chargé de la politique étrangère Josep Borrell a affirmé que « la mort de civils cherchant de l'aide à Ghaza est totalement inacceptable ». Les ministres des Affaires étrangères de la France et de l'Allemagne ont demandé une « enquête indépendante » sur les « circonstances entourant l'assassinat de Palestiniens à la recherche d'une aide humanitaire ». La vice-Première ministre belge Petra de Sutter s'est déclarée horrifiée par le massacre de jeudi. « Le meurtre de personnes faisant la chaine pour recevoir de l'aide constitue une violation flagrante du Droit international et des mesures provisoires de la Cour de justice », a déclaré De Sutter. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Jolie, a également déclaré que ce qui s'est passé jeudi à Ghaza « est un cauchemar », appelant à envoyer l'aide internationale à Ghaza et protéger ceux qui la recevront.