Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Industrie pharmaceutique: Aoun dénonce la «mafia du médicament»

par A. Z.

Malgré la bonne annonce relative au lancement de la production d'insuline en flacon à Constantine à compter du 19 mars, le ministre de l'Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, a confirmé que le gouvernement mène une guerre contre la mafia du médicament. Il a mis en garde les cadres du groupe Saïdal contre le non-respect des orientations qu'ils donnent depuis six mois, qui a des effets préjudiciables à la rentabilité de l'entreprise, qui n'a pas atteint ses objectifs. Et que, dans ce contexte, certaines têtes vont tomber dès le début de la semaine prochaine.

Selon un communiqué rendu public par le ministère, M. Ali Aoun a annoncé, jeudi, à Cherchell (Tipasa) le lancement de l'opération de production d'insuline en flacon par l'unité de Saïdal à Constantine à compter du 19 mars courant. L'annonce a été faite lors d'une conférence de presse animée par M. Aoun à l'issue de sa visite à l'unité de production du groupe Saïdal à Cherchell.

Lors de l'inspection de cette unité, le ministre a exprimé sa «déception face à ce qu'il a découvert à l'unité de Saïdal à Cherchell», dénonçant «la mauvaise gestion et le manque d'exploitation des équipements de production en fabriquant seulement deux catégories thérapeutiques». M. Aoun a exprimé également ses regrets «quant à la dépendance financière de cette unité au groupe à travers l'absence de bénéfices», dénonçant à nouveau «la mauvaise gestion de l'administration à haut niveau». Il a affirmé qu'il «prendra ses responsabilités en sa qualité de premier responsable du secteur».

En vue d'améliorer la performance et la gestion du groupe, il a instruit la présidente-directrice générale de Saïdal, Fatoum Akacem, d'»appliquer les contrats d'efficacité et de se passer des mauvais directeurs». Tout en dénonçant «le non-respect par Saïdal des instructions du ministère qui somment tous les opérateurs à présenter un rapport hebdomadaire sur l'état de leurs stocks et le seuil de production sur la plateforme numérique dédiée à cet effet en vue de garantir la traçabilité et une meilleure maîtrise de la disponibilité des médicaments», M. Aoun a affirmé que Saïdal ne bénéficiera plus de traitement privilégié ni particulier. «Les mesures seront appliquées avec fermeté étant donné que le groupe bénéficie de fonds publics», a-t-il déclaré.

La première étape de la visite du ministre était l'entreprise Novapharm spécialisée dans l'importation, la production et la distribution des médicaments, où il a donné des instructions pour une meilleure exploitation des équipements de production et l'augmentation des capacités de production, appelant à «se lancer dans la production des bandelettes d'auto-surveillance glycémique, avant la fin juin compte tenu des besoins du marché en ces fournitures médicales».

Il a également appelé les responsables du laboratoire Marc à investir en Algérie à travers la construction de sa propre unité, soulignant que «l'Algérie est un partenaire et non pas seulement un marché».

La deuxième étape de sa visite était à l'unité de production «King Diagnostics» spécialisée dans la fabrication et le montage local des tests d'autodiagnostic rapide. M. Aoun a appelé les responsables de cette unité à accélérer la production des appareils de dépistage de drogues et d'alcool qui peuvent être utilisés dans les services des urgences à l'hôpital, mais aussi au niveau des points de contrôle des corps de sécurité. Le ministre a exprimé également la détermination du gouvernement dans la lutte contre la mafia du médicament, dont celle désignée de «caba», à travers lequel des médicaments périmés sont commercialisés, depuis 2017. Soulignant la nécessité de continuer à renforcer la capacité de production locale de médicaments pour couvrir les besoins du marché national, il révèlera qu'il existe des gangs qui sortent des médicaments d'Algérie à l'étranger et achètent avec leurs revenus des pilules de Prégabaline (psychotropes). Une saignée qui coûte à l'Algérie 250 millions d'euros par an, en plus des compléments alimentaires qui coûtent au Trésor public 500 millions d'euros par an.