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Un fléau annoncé

par Abdou BENABBOU

Des nouvelles sombres qui parviennent d'ici et là des confins lointains du monde ou des proximités proches donnent froid au dos. La terre subit d'immenses balafres sans discontinuité où typhons, inondations, incendies et sécheresses en s'associant ont décidé de se liguer pour se conjuguer à un temps infini. Des îles que l'on croyait éternelles s'apprêtent à disparaître sous l'eau et les mers et les océans semblent affranchis de leur tempérance habituelle et aiguisent leurs incisives pour mordre les rivages à pleines dents.

Depuis quelques décennies, le réchauffement climatique étant principalement en cause, l'élévation du niveau des mers augmente sans cesse pour rogner les côtes maritimes où qu'elles soient. Les tristes déconvenues qu'impose la nature à la terre et aux hommes sont aujourd'hui si prégnantes qu'on ne sait plus ce qu'il adviendra demain.

La mer Méditerranée n'étant plus cette muse, mère des romantismes et des poésies, par sa fâcherie, elle aussi, n'épargne bien évidemment pas les côtes algériennes. Or il est patent de constater que les constructions à l'emporte-pièce sur les rivages côtiers annoncent un danger imparable qui prête à une sérieuse réflexion. La gambade irréfléchie pour occuper les sols, induite par une démographie incontrôlée et par l'élan désordonné du bâti a produit une défiguration sauvage des côtes à telle enseigne que l'on a constaté l'érection de logements sociaux avec les pieds dans l'eau.

Des mesures draconiennes commencent à être prises partout ailleurs dans le pourtour méditerranéen. Des bâtisses, des hôtels, des complexes touristiques et même des villages sont soumis de déménager des fronts de mer. La course est à la coulée de digues et de murailles pour échapper à un nouveau fléau déjà annoncé.

Il est vrai qu'en Algérie le problème de l'érosion des frontons marins par la mer n'a pas une acuité similaire. Mais nos constructions et leurs résidents ne sont pas à l'abri des mauvaises entournures de la nature qui se joue a priori des fortes indolences.