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Départ des ingénieurs informaticiens à l'étranger: Comment stopper l'hémorragie ?

par M. Aziza

On parle souvent de l'exode des médecins algériens vers l'étranger, mais on parle peu du départ de nos ingénieurs informaticiens à l'étranger.

Le président du Syndicat national du patronat citoyen du numérique, Souheil Guessoum, a mis l'accent, hier, sur la nécessité de penser à des solutions urgentes pour maintenir nos jeunes universitaires spécialisés dans les TIC, afin qu'ils exercent et se développent dans leur propre pays. Cette question précise a été inscrite à l'ordre du jour des travaux de la 1ère édition de «Algeria digital conference» qui a eu lieu hier au CIC, Alger. Une rencontre organisée conjointement par la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) et le Syndicat national du patronat citoyen du numérique (SNPCN). Le thème choisi de cette conférence parrainée par le ministère de la Numérisation et des Statistiques est «Le numérique : levier de la croissance et de compétitivité». M. Guessoum a affirmé que la majorité des ingénieurs en informatique formés dans les universités algériennes partent à l'étranger. Appelant ainsi les pouvoirs publics et tous les acteurs du domaine à penser à des solutions attractives pour les maintenir en Algérie. Et d'accompagner davantage les start-up dans le développement de leurs écosystèmes numériques. Pour lui, il faut surtout «libérer les initiatives» et pousser nos jeunes à investir dans ce domaine. Mais, dit-il, il faut d'abord opérer des réformes urgentes pour mettre fin à une surrégulation du secteur. Un problème chronique qui constitue un frein au développement de l'activité. Une régulation contraignante qui exige une autorisation dans chaque étape. Pour le conférencier, le procédé est simple : «lever les entraves et imposer un contrôle strict à posteriori, c'est-à-dire après le lancement de l'activité». Le président du syndicat a recommandé, par ailleurs, de démocratiser le e-paiement et le m-paiement en mettant l'accent sur la nécessité d'imposer « d'une façon obligatoire» la mise en place des terminaux de paiement électroniques (TPE) aux restaurateurs, commerçants, pharmaciens et à l'ensemble des opérateurs de commerce. Il dira que seuls l'e-paiement et le m-paiement et l'accélération de l'inclusion financière notamment numérique permettront de lutter efficacement contre l'informel qui fait perdre au Trésor public des milliards. Et de souligner, en outre, que la numérisation contribuera également dans la politique de ciblage des subventions et peut lutter contre le gaspillage. Et ce, à travers l'interconnexion des organismes socioéconomiques qui auront toutes les données possibles pour que la subvention arrive exceptionnellement aux principaux concernés. L'exploitation numérique des données sur la consommation, transformation et recyclage des produits permettra, selon une stratégie préétablie, de lutter contre le gaspillage. Le ministre de la Numérisation et des Statistiques, Hocine Cherhabil, a pour sa part affirmé que certains progrès ont été enregistrés au cours de ces deux dernières années, en précisant que «la numérisation se fera au rythme des pesanteurs économiques». Il dira que «nous avons tout de même 450 plateformes numériques, nous avons également des ingénieurs compétents, le ministère essaye de faire de son mieux pour que tout se fasse en un simple clic». Il a évoqué, dans le sillage, le projet de loi du cadre réglementaire sur le numérique qui est en cours d'élaboration et qui est déjà ouvert à l'enrichissement.

La numérisation pour lutter contre «l'opacité»

Tadjeddine Bachir, président du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN), est revenu sur la déclaration du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui avait appelé, en 2020, à l'accélération de la numérisation de tous les secteurs économiques et financiers pour éliminer «l'opacité qui y est sciemment entretenue» et la consécration de la transparence en vue de relancer l'économie nationale. Il dira que «deux ans après et en dépit de certaines avancées, cette numérisation n'est pas arrivée au niveau escompté», en citant un simple exemple : « la carte nationale d'identité biométrique et électronique qui est disponible mais demeure inexploitée par différentes institutions ». Le président du GAAN plaide pour la mise en place d'un organisme ou une institution qui coordonne entre les différentes institutions pour promouvoir les services et les produits numériques. Justement, dira-t-il, les intervenants de cette conférence sont appelés à dresser une évaluation exhaustive de ce qui a été fait depuis 2020 jusqu'à nos jours, pour asseoir une stratégie afin de rattraper le retard et mettre à niveau le cadre réglementaire. Et ce, pour arriver, pourquoi pas, à une «numérisation absolue ». Le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), Mohamed Sami Agli, a affirmé, pour sa part, que la numérisation est un véritable levier de la croissance économique et de la compétitivité, et favorise également la création de nouveaux emplois. Elle s'impose, dit-il, comme la voie à suivre pour les pays en développement, dans leur quête de plus-value économique et dans la lutte contre le chômage dont souffre particulièrement notre société. Il reconnaît que des grands efforts ont été engagés pour créer un environnement favorable pouvant porter de telles ambitions. En précisant que sur le plan économique, «la Constitution nous offre l'ancrage pour engager les réformes les plus approfondies et les plus innovantes». Pour Sami Agli, il faudrait s'attaquer en toute urgence au problème du climat des affaires afin de l'assainir des lourdeurs et pratiques bureaucratiques qui pèsent sur le monde de l'entreprise. Il a plaidé, lors de son discours, pour la simplification de l'environnement fiscal, administratif et bancaire de l'entreprise et améliorer les conditions d'accès au foncier.