Une accalmie dans la fournaise des prix vécue tout au long du mois de Ramadhan était naïvement attendue. La logique était observée chaque année à la même période pour se conformer à la règle du marché. Il n'en est rien aujourd'hui et le feu dans les étals ne s'est pas éteint. Curieusement et à la surprise générale, la fameuse loi de l'offre et de la demande a, pour la première fois, été démentie. Les ménages avaient toujours tendance à freiner leur élan dépensier dès que la vie reprenait son cours normal après trente jours de ripaille, mais l'on se rend compte aujourd'hui que les ressorts traditionnels qui régissaient la danse des prix à la consommation obéissent désormais à des paramètres nouveaux.

Au centre du catalyseur marchand, on trouve de tout. Dame inflation vomit de l'aigre après s'être nourrie du confluent des faits et des événements qui ont bouleversé l'ancien ordonnancement du monde imposant à chacun de perdre pied. Consommateurs et commerçants sont logés à la même enseigne, pris au piège d'une phénoménale dérégulation où tous les sens des échanges coutumiers ont été sérieusement dénaturés. La spéculation seule n'est qu'un effet des plus incommodants de la triture de faits et d'événements, prévisibles du reste, qui a fini par mettre le monde entier dans le désarroi.

L'Algérie n'est pas une île isolée perdue dans la galaxie. Même si les Algériens devaient se contraindre et se contenter de vivre de seulement d'eau fraîche et de pain, ils ne peuvent échapper aux versatiles états d'âme de la nature et de la dictature d'un commerce international désaxé. On a vu à quoi a abouti la politique des souks el fellah et on a vu comment et pourquoi des pays et des puissances se sont désagrégés faute de s'adapter à l'accélération du rythme de particulières intempéries, insaisissables et indéfinies.

La nation est obligée de comprendre que pour éviter de s'alimenter éternellement du seul petit lait et de l'unique pain rassis, elle doit d'abord prendre attache avec tout ce qui alimente le génie.