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L'ennui, le vice et le besoin

par El-Houari Dilmi

D'un coup, tout le monde s'est mis à manquer de sous. Même ceux supposés pleins aux as se plaignent du rétrécissement de leurs portefeuilles. L'exemple qui nous montre le mieux que le mauvais temps est à venir est sans conteste la «surchauffe» du front social, avec des mouvements sociaux qui couvent, un peu partout, dans le pays. Et comme il faut bien donner à manger au peuple, les autorités tentent de calmer la colère du front social en ajoutant quelques sous aux bulletins de salaire et autres pensions de retraite.

De nature partisan du moindre effort, comment l'Algérien moyen peut-il espérer améliorer sa condition sociale s'il continue à courir après l'huile de table au lieu de produire de l'huile de coude ? Comme réveillé d'un long sommeil pour avoir été pendant longtemps gavé de bobards et autres boniments, l'Algérien se retrouve face-à-face avec son destin et droit devant l'austère nudité de la vérité. L'Etat-providence est bel et bien mort et enterré et chacun doit, aujourd'hui, se mettre dans la caboche que celui qui ne travaille pas n'aura plus droit au pain quotidien. Et cela risque d'arriver plus tôt que prévu, avec l'abandon progressif des subventions publiques. Une chose est sûre : des résistances au changement vont se dresser sur le long chemin de la remise sur rail du pays, longtemps abandonné aux mains baladeuses.

Les Algériens doivent-ils faire l'effort de participer au sauvetage du pays, puisque si le gigantesque paquebot doit couler, tout le monde y laissera sa peau. Le pays n'a pas encore coulé sous le poids écrasant de ses 45 millions de bouches ouvertes... aux quatre chances... Aussi vrai que beaucoup de chemin reste à faire pour s'arrimer au train du développement, le vrai, l'urgence absolue est de se remettre au travail. Et le plus tôt serait le mieux.