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Sous certaines conditions: Réouverture des salles des fêtes

par R. N.

Fermées depuis près de deux ans pour cause de pandémie de Covid-19, plus de 3.000 salles des fêtes à travers le pays, sont depuis jeudi dernier, autorisées à rouvrir leurs portes, certes sous certaines conditions mais à un moment où les autorités sanitaires s'attendent à une 4ème vague.

C'est le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations qui a rendu publique sa décision de permettre aux salles des fêtes de reprendre leurs activités commerciales, celles d'abriter toutes sortes de cérémonies familiales et même publiques. Le ministère a en évidence, posé des préalables à sa décision, à savoir : obligation faite aux gérants de ces commerces de veiller au strict respect du protocole sanitaire durant l'exercice de cette activité. Le ministère de tutelle le précise bien dans son communiqué par lequel il a fait, en premier, savoir que «la réouverture des salles des fêtes a été décidée après approbation des membres du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus» à condition «de respecter strictement le protocole sanitaire sous la responsabilité directe des responsables de ces salles». A cet effet, ces derniers doivent procéder «au dépôt d'un engagement écrit à respecter le protocole sanitaire, au niveau des directions du Commerce des wilayas, avant la reprise de l'activité, lequel doit être accompagné d'une copie du Registre de commerce et d'une copie de l'agrément». Il s'agira pour eux de se conformer à «la nécessité d'exploiter 50% de la capacité d'accueil de la salle, de nettoyer et désinfecter les salles de façon périodique avant et après toute utilisation, de désinfecter les ustensiles et les objets utilisés, et de fournir tous les moyens de prévention, notamment le savon liquide, les gels hydro-alcooliques, les bavettes ... etc». Autre condition du ministère du Commerce, «les responsables des salles de fête sont tenus également de fournir des appareils de contrôle de la température des visiteurs et de veiller au respect de la distanciation physique à l'intérieur des salles (1,5 m au moins)», rapporte le communiqué. Ils doivent aussi, selon la même source, «exiger un pass sanitaire, avec l'utilisation des codes QR (Quick Response) pour l'ensemble des travailleurs et des visiteurs de ces espaces, et interdire l'accès aux enfants de moins de 16 ans».

Les indicateurs d'une 4ème vague

Les responsables du secteur assurent de é»la mobilisation des brigades mixtes du secteur du Commerce et des services de la Sûreté en vue de veiller au strict respect des mesures sanitaires et préventives à travers des visites d'inspection inopinées». Ils avertissent que «toute infraction constatée de ces mesures entraînera la fermeture immédiate et la mise à l'arrêt de l'activité».

La décision du ministère du Commerce de permettre la réouverture des salles des fêtes après près de deux ans (mars 2020) de leur fermeture pour cause de crise sanitaire, intervient au moment où l'annonce d'une 4ème vague est avancée avec insistance depuis une semaine. Elle est relayée par différentes autorités du ministère de la Santé et autres, experts et observateurs. Que ce soit du côté des premiers responsables du secteur, de l'Agence nationale de veille sanitaire, du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus et/ou d'établissements hospitaliers et de santé, tous font état d'indicateurs épidémiologiques allant vers la confirmation de la venue d'une 4èmevague. L'APS rapporte à cet effet, les propos du directeur général de la veille sanitaire, Pr Kamel Sanhadj, qui, écrit-elle, «n'a pas écarté de quatrième vague en Algérie parce que le virus est encore répandu même avec un taux relativement faible». Sanhadji s'est appuyé dans son pronostic sur «l'expérience de certains pays européens ayant traversé une quatrième vague et en sont à la cinquième». Ceux qui avancent, comme lui, cette probabilité, l'étayent par «les indicateurs scientifiques à partir des données des services hospitaliers de réanimation et de consultation et du taux de propagation du virus des dernières semaines». Pour prévenir d'une quatrième vague en Algérie, ils indiquent, comme l'a fait Pr Sanhadji, que «l'indice de transmission a dépassé un cas ces derniers jours». Ce qui le pousse à appeler «à la vigilance pour faire face à cette situation épidémiologique, qui intervient généralement en décalage avec celle des pays européens». Il avance cependant, que «la cinquième vague que traversent les pays européens sera moins virulente, (parce que) le nombre des sujets vaccinés variant de 60 et 70% (....), et des études européennes ont établi que la vaccination a permis de réduire de 90%, le taux des cas et des décès durant la 4ème vague». Un constat qui l'a poussé à «déplorer le faible taux de vaccination en Algérie» et à faire part de ses appréhensions «quant à la gestion d'une éventuelle 4ème vague».

Appels pressants à la vigilance

Ce sont là des observations qui ont aussi été faites par Pr Riyadh Mehiaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du Coronavirus qui repose son annonce d'une éventuelle 4ème vague sur le fait que «le virus est encore répandu même à faible taux».

Ce qui le laisse penser que «le taux des cas d'atteinte au Covid-19 pourrait augmenter à nouveau à l'instar des précédentes périodes» appelant «tous les secteurs, chacun à son niveau, à une intégration globale pour inciter les citoyens au respect strict des gestes barrières et à la vaccination afin de faire face à une nouvelle vague qui pourrait être plus féroce que les précédentes». Il a affirmé ainsi, qu'«en dépit du fait que la situation sanitaire est maîtrisée actuellement dans les hôpitaux à l'échelle nationale et que les fonctionnaires de la santé ont repris leur souffle, il est impératif de faire preuve de prudence car l'expérience a démontré que le relâchement et le non respect des mesures préventives par les citoyens, à leur tête le port de masque et la distanciation physique dans les différents espaces et des transports en commun, pourrait exposer la société à l'un des nouveaux variants dont certains restent non identifiés chez les scientifiques». Il a noté que «la 3ème vague était la plus dangereuse et à l'origine de lourdes conséquences à tous les niveaux notamment après la pénurie d'oxygène enregistrée». Le Chef de service des maladies infectieuses à l'Etablissement hospitalier public (EHP) de Boufarik, Dr Mohamed Yousfi, a fait, lui aussi, part d'indices qui poussent à penser à l'approche d'une 4ème vague.

«Les hôpitaux de Blida ont enregistré une légère hausse durant les dernières semaines, avec un bilan quotidien de près de 80 cas de guérison et entre 12 et 13 cas de contamination par jour, les cas enregistrés à l'EHP de Boufarik ne dépassent pas 10 cas/jour». Autre témoin, le directeur de la Santé et de la Population de Tipaza, Mohamed Bourahla, qui a affirmé, comme rapporté par l'APS que «la situation dans la wilaya était stable», mais craint «une probable 4ème vague rapide, d'autant que tous les indicateurs en témoignent en raison du relâchement des citoyens en terme de respect des mesures sanitaires».