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Le blé, le pain et le bain boueux des prix

par Abdou BENABBOU

Maintenant que le gouvernement et le Parlement ont franchi le pas dans le terrain délicat du soutien des prix des produits de consommation, il est exigé de l'Etat un travail d'orfèvre pour qu'une réelle justice soit établie. A sa défaveur, la conjoncture économique mondiale n'est pas favorable à un tel exercice compliqué, le rendant encore plus complexe par la légèreté de la tirelire nationale et par le coup de massue asséné par la pandémie.

Il a été enfin décidé un retour inévitable à la vérité des prix. La sacralité des produits n'aura plus cours et on ne sait pas pour le moment si le pain gagnera ou perdra en gloriole en se délestant de la couronne avec laquelle il a toujours été anobli au nom d'une idéologie exagérément tendue qui semble avoir fait son temps.

Sur le marché mondial, le blé a sorti ses crocs en dépassant les 300 euros la tonne perturbant sérieusement l'ordre de ses livraisons commerciales habituelles et renforçant son rôle d'acteur dans les hautes manœuvres de la géostratégie. Il n'est pas loin de damer le pion à l'aura du pétrole et les données actuelles prêtent à laisser croire que de sérieuses perturbations sociales dans l'ensemble des pays vulnérables sont à prédire. Le danger est d'autant plus grand que tous les indicateurs affichent une ascendance vertigineuse des prix de la majorité des produits essentiels à la nourriture des populations.

L'Algérie n'échappera pas à ce bain boueux à plus d'un titre et le gouvernement a été sommé de s'adapter, avec le peu de moyens dont il dispose, à cette difficile situation et devra s'appliquer à concilier le maintien de sa politique sociale avec la vérité des prix. Les autorités publiques ne cessent d'affirmer que l'équité et la justice seront la base incontournable de la nouvelle politique de subvention officialisée désormais par le Parlement ces derniers jours.

Pour des impératifs de dignité, la tâche sera délicate, ardue et complexe, car s'en remettre à l'universalité des prix ne peut en aucun cas permettre de rester égaré dans la culture des soupes populaires et des couffins du Ramadhan.