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Importation de céréales: L'Algérie s'ouvre à de nouveaux marchés

par El-Houari Dilmi

L'Algérie a décidé de diversifier ses sources d'approvisionnement en blé tendre et meunier, à la faveur d'un nouveau cahier des charges concernant l'importation de céréales. En effet, en assouplissant ses critères d'import de blé, les autorités algériennes, dans le sillage des tensions diplomatiques entre Alger et Paris, semblent vouloir « casser » le monopole de la France, qui se taillait jusque-là la part du lion dans les importations de céréales. Dans son dernier appel d'offres en blé, l'Algérie a modifié son cahier des charges, notamment concernant les dégâts d'insectes, ce qui pourrait favoriser les importations de blés russes au détriment de la France. C'est ce qui ressort du dernier appel d'offres international du 13 novembre dernier, lancé par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Cet appel d'offres international concerne 50 000 tonnes de blé meunier pour chargements sur trois périodes, échelonnées du 16 décembre au 31 janvier, avec une modification du cahier des charges concernant les dégâts d'insectes. Ainsi, le taux-limite de grains punaisés est fixé à 1 % contre 0,5 % dans ses appels d'offres précédents. Cette révision à la baisse a donc ouvert la porte du marché algérien aux fournisseurs de blé de la Mer noire, comme la Lituanie. Un comité ad-hoc a déjà entamé des négociations avec des fournisseurs russes et ukrainiens pour l'importation d'importantes quantités de blé tendre.

Plusieurs observateurs sont d'avis que cette décision d'assouplir les conditions d'import de céréales vise à réduire très fortement la part du blé français, qui représentait jusque-là jusqu'à 70% du total des importations de blé tendre. Autrement dit, l'assouplissement des critères pour le blé importé par l'Algérie pourrait bien profiter aux blés russes au détriment des blés français. Au mois de novembre de l'année dernière, l'Algérie occupait toujours la première place au classement des importateurs de blé tendre à partir de l'Union Européenne, avec 1.74 millions de tonnes achetées, avec une préférence très marquée pour les produits d'origine française, selon une note d'analyse publiée par le cabinet français de conseil «Agritel».

Pour rappel, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, dont les propos sont rapportés par l'APS, a souligné, samedi la nécessité d'orienter les fonds alloués par l'Etat pour l'importation des céréales, à la subvention aux agriculteurs en vue de soutenir la production locale des céréales et atteindre la sécurité alimentaire.

«Les dépenses de l'Etat pour l'importation du blé doivent être affectées à la subvention aux agriculteurs en vue de produire ce produit localement», a déclaré M. Benabderrahmane qui répondait aux préoccupations des députés dans le cadre du débat du projet de loi des finances 2022 lors d'une séance plénière, soulignant la nécessité de se diriger vers la production au lieu de l'importation. Pour le Premier ministre, le prix actuel adopté pour l'acquisition des céréales auprès des agriculteurs comparativement aux fonds dépensés par l'Etat pour l'importation des céréales est «injuste».

«Sur instruction du président de la République, le Gouvernement a mené une étude sur la révision des prix des céréales appliqués actuellement. Les résultats de cette étude seront soumis au Président pour décider sur cette question». «Nous importons du blé auprès d'un Etat dont la superficie ne dépasse pas 1% de celle de notre pays (Lituanie)», a-t-il regretté.