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Faire des vagues

par Abdelkrim Zerzouri

Ces histoires de navires battant pavillon algérien bloqués dans des ports en Europe commencent à faire des vagues de plus en plus déchaînées. Cela a commencé par un ébruitement de l'affaire, au début du mois de novembre, à propos d'un ou deux cargos bloqués dans des ports étrangers, une affaire routinière tant qu'il ne s'agissait pas de transport de produits prohibés, comme la drogue par exemple, et qu'on pensait pouvoir débloquer assez rapidement, mais la situation s'est compliquée de jour en jour avec le blocage d'autres navires de la même compagnie algérienne. La presse étrangère qui s'est saisie du dossier, suivie par les médias locaux, a fait sortir de leurs réserves les responsables concernés, qui ont tenté de livrer leurs explications à ce sujet.

Le ministère des Transport a mis en place une cellule de crise, dénotant de la sensibilité de ce dossier qui a pris des proportions inattendues, apparemment, et d'autres responsables, dont le propriétaire des cargos bloqués, en l'occurrence la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan), se sont relayés pour livrer des détails à une opinion médusée par les causes à l'origine de ces blocages et faire le point sur le développement de la situation. Il y a une dizaine de jours, la Cnan a annoncé que tout est mis en œuvre pour récupérer les cargos bloqués dans des ports en France, en Espagne, en Belgique et en Italie, selon des comptes rendus médiatiques. Non sans soutenir qu'il y a une « exagération dans le traitement des faits ». Des faits qui se rapportent, selon les services portuaires où se trouvent bloqués les cargos, à des questions « sociales et sécuritaires ». Les matelots n'ont pas été payés depuis trois mois, voire six, selon une association étrangère qui défend les intérêts des marins. Des marins qui, lorsqu'ils sont en mer, appartiennent à une seule et même communauté internationale des gens de la mer, estimée à près de 2 millions de personnes, et qui sont défendus par de puissantes associations. Un fait exagéré quand on dénonce la vie sociale déplorable de ces marins, qui n'en peuvent plus de voguer à travers les mers et les océans en laissant derrière eux leurs enfants et leurs familles sans le sou ? Certes, la crise sanitaire a impacté ce secteur, comme tant d'autres, ici et ailleurs, mais il fallait bien consentir des efforts pour les aider, comme on l'a fait pour des travailleurs dans le même secteur du transport, et d'autres encore. L'élan de solidarité nationale manifesté aux travailleurs en activité dans des créneaux paralysés par la Covid-19 n'a-t-il pas touché les marins, et pourquoi ont-ils été oubliés dans le cadre du soutien consenti aux catégories impactées par la crise sanitaire ?

D'autres raisons qui ont causé la détention de ces navires algériens dans les ports européens, notamment en France, ont été révélées par une responsable au ministère des Transports, qui a reconnu qu'il y avait bien, en sus de ce problème des salaires non versés aux marins, des défaillances techniques et de sécurité des marins sur ces cargos. Confirmant ainsi que personne ne cherche gratuitement des noises à la Compagnie. La même responsable a laissé entendre que la situation se débloque au fur et à mesure, ce qui est évident après le règlement des questions litigieuses, mais quelles répercussions peuvent avoir ces histoires sur un plan local ?