Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Covid-19: Le pass sanitaire, un moyen pour inciter à la vaccination

par El-Houari Dilmi

«Nous ne vivons pas seulement le risque de faire face à une quatrième vague, mais l'on parle même de cinquième vague dans certains pays», a alerté, hier dimanche, le Pr Ryad Mehyaoui, chef de service réanimation au CNMS et membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie de Covid-19, précisant que «la recrudescence de la crise sanitaire peut intervenir à tout moment», a-t-il mis en garde. Au micro de la chaîne 3 de la Radio nationale, le Pr Mehyaoui a expliqué que «le monde entier n'est pas près de se débarrasser de ce virus tueur, et c'est pour toutes ces raisons qu'il faut prendre toutes les mesures sociales et sanitaires pour espérer contrer cette recrudescence de cas de contaminations». «Même si la situation est plus ou moins stable chez nous, puisque nous avons 29 wilayas qui enregistrent zéro cas depuis plusieurs jours, avec seulement dix malades en réanimation et 130 malades sous oxygène», le Pr Ryad Mehyaoui a tenu à rappeler que «cela ne veut surtout pas dire que le virus a cessé de circuler parmi nous», a-t-il mis en garde. Attribuant le relâchement constaté en matière de respect des gestes barrières à «la lassitude qui s'est emparée des citoyens après 19 mois de confinement», le membre du Comité scientifique de suivi de la pandémie de Covid-19 a expliqué qu'un «retour à une vie plus ou moins normale doit se faire en vivant avec le virus parce qu'il est toujours là», a-t-il affirmé. «Au vu de l'expérience très douloureuse que nous avons vécue avec la troisième vague, avec un grand nombre de personnes hospitalisées à domicile en raison de la saturation des hôpitaux, la probabilité de l'émergence d'un nouveau variant ou sous-variant est très possible, comme le montre l'épidémiologie prédictive des experts de l'OMS», a-t-il estimé. L'invité de la Radio a également expliqué qu'une «évaluation générale de la situation épidémiologique dans le pays sera effectuée la semaine prochaine, et préparer la riposte en cas de survenue de quatrième vague, et surtout en matière de disponibilité d'oxygène», a-t-il assuré. «Des formations à l'adresse des personnels médical et paramédical ont été menées afin de leur apprendre l'utilisation rationnelle et rationnée de l'oxygène, au vu de l'expérience que nous avions tirée de la troisième vague qui a frappé le pays», a-t-il ajouté. Rebondissant sur la réticence des citoyens à se faire vacciner, le Pr Mehyaoui a rappelé que «90% des malades hospitalisés avec des formes graves lors de la troisième vague n'étaient pas vaccinés», a-t-il martelé, «alors que nous disposons d'un stock de 13 millions de doses sans compter la production nationale», a-t-il dit.

La troisième dose recommandée

«36% seulement de la population mondiale est vaccinée contre le coronavirus contre 6% à peine en Afrique», a encore rappelé le scientifique, ajoutant que «l'OMS a été obligée de revoir ses ambitions en matière de vaccination à l'échelle planétaire», a-t-il argumenté. Au sujet de la possibilité d'introduire le pass vaccinal obligatoire, le Pr Ryad Mehyaoui a estimé que «les corps de métiers qui sont en contact direct avec le grand public doivent obligatoirement se faire vacciner, même si sur le plan éthique ou moral, on ne peut pas obliger les gens à se faire vacciner», a-t-il reconnu. «Il n'est pas normal du tout que le corps médical et paramédical soit vacciné à moins de 20% et les étudiants à 1%», s'est alarmé l'invité de la Radio, ajoutant que «le pass sanitaire peut être un moyen, ou carrément la solution pour inciter les gens à se faire vacciner, à l'image du secteur du transport où les gens ne peuvent pas voyager par avion ou par bateau s'ils ne sont pas vaccinés», a-t-il rappelé. «Il faut avoir le courage de le dire, nous sommes encore très loin de l'objectif de vacciner 70% de la population d'ici la fin de l'année», a reconnu le Pr Mehyaoui, précisant que «moins de 11 millions d'Algériens sont vaccinés à la première dose contre moins de 5 millions pour la deuxième dose, ce qui reste très insuffisant par rapport à l'objectif fixé par les autorités sanitaires».

Au sujet de la troisième dose, le scientifique a non seulement confirmé «la validité scientifique de l'interchangeabilité des vaccins», mais estimé que «l'immunité assurée par un vaccin n'est pas impérissable, d'où la recommandation du ministère de la Santé à recevoir une troisième dose pour augmenter l'immunité chez les catégories fragiles», a-t-il suggéré. «La révolution dans notre système national de santé a déjà commencé, avec, pour prochaine étape, les assises nationales sur le secteur de la santé prévues prochainement», a-t-il conclu.