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Immigration clandestine: Deux Algériens jugés en Espagne pour «traite illégale d'êtres humains»

par Houari Barti

  Le représentant du ministère public du Tribunal de Carthagène en Espagne a requis, vendredi dernier, deux années de prison ferme contre deux Algériens, Tofik B. et Abdelhak N, âgés respectivement de 20 et 26 ans, accusés, tous les deux, de promouvoir « directement » l'immigration clandestine de l'Algérie vers l'Espagne. Placés depuis le mois d'août dernier en détention, les deux jeunes ont été inculpés du lourd crime de « traite illégale d'êtres humains » sur la base de témoignages de deux de leurs compagnons de traversée qui les a emmenés de la côte algérienne à la région de Murcie, en août dernier. Selon le document de mise en accusation que la presse espagnole a repris pour relater les faits de cette affaire, le premier accusé, en l'occurrence, Tofik B. est soupçonné d'être dans le pays d'origine, le responsable de l'organisation du voyage ainsi que du pilotage du bateau vers l'Espagne tandis qu'à Abdelhak, on lui confère le rôle d'assistance à l'aide d'un dispositif GPS et une boussole. Les témoignages à charge accusent également les deux hommes d'avoir « instruit les autres membres sur la manière dont ils devaient se comporter s'ils étaient interceptés ». Les deux hommes sont surtout accusés d'avoir « mis l'intégrité et la vie de plusieurs personnes en danger », en organisant un voyage en haute mer pour 17 personnes, dans une embarcation dont la capacité est de 5 ou 6 maximum, et sans qu'il n'y ait le moindre dispositif de sécurité.

Dans une première audience, le procureur avait, pour rappel, demandé une peine de 5 années de prison ferme contre chacun des accusés. Un réquisitoire revu à la baisse à 2 ans, lors de l'audience de vendredi.

Aucun des 2 témoins protégés qui ont témoigné au palais de justice le 27 août dernier n'a pu être localisé. Tous 2 ont été recueillis par une ONG et ont ensuite disparu sans laisser de traces, rendant leur présence au procès de vendredi impossible.

Les deux accusés qui sont en prison depuis leur arrestation, il y a 4 mois, l'un à la prison de Sangonera et l'autre à Campos del Río, ont maintenu, lors de cette 2ème audience la même ligne de défense en clamant à nouveau leur innocence. Par ailleurs, l'histoire d'un adolescent algérien qui a effectué la traversée de la Méditerranée à 2 reprises, une première à l'âge de 16 ans et une deuxième à l'âge de 17 ans, défraye la chronique en Espagne, suscitant un vif débat sur les politiques migratoires du gouvernement central espagnol. L'adolescent vit actuellement à l'auberge de jeunesse d'Alhama de Murcia en parfaite santé.

Cela a été confirmé au COPE par la conseillère en politique sociale, Isabel Franco, qui a indiqué que ce jeune homme a reçu tous les services essentiels pour qu'il puisse vivre dans le pays, qu'on lui apprend la langue et la culture espagnoles. Le conseiller en politique sociale a déclaré qu' « il est choquant et profondément émouvant qu'un enfant doive se lancer dans un voyage par mer et sans garanties, pour échapper à la pauvreté dans l'espoir de trouver une vie meilleure ». Le jeune homme aura 18 ans en février prochain, et son avenir actuel est incertain.

Le conseiller en politique sociale, cité par les médias espagnols, assure qu' « une fois qu'il aura 18 ans, il devra se débrouiller seul dans notre pays, car la loi ne nous offre pas la possibilité de continuer à le prendre en charge ». Pour Isabel Franco, « ce mineur est devenu l'histoire vivante de l'échec des politiques migratoires du gouvernement central, et le symbole des lignes politiques qui doivent être développées en termes de politique sociale ». Franco assure qu'il n'est plus possible de laisser des jeunes de 18 ans abandonnés, à leur sort, après avoir été accueillis et protégés dans les foyers pour mineurs de la communauté autonome, où ils reçoivent une éducation, des soins de santé et un environnement adapté. Il est à noter enfin que le nombre des personnes dans les centres d'accueil pour mineurs de la région de Murcie dépasse actuellement les capacités d'accueil. Rien que cette année, 56 mineurs sont arrivés, est-il souligné.