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Autoroute Est-Ouest: Les accusations de Djilali Hadjadj

par M. M.

Participant à l'émission «Invité de la rédaction» de la radio Chaîne 3, Djilali Hadjadj, président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), a déclaré que le montant estimé de la corruption dans le dossier de l'Autoroute Est-Ouest «avoisine un milliard de dollars». Il a rappelé que l'ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, «n'avait même pas été convoqué lors d'un premier procès concernant ce dossier (et qui sera réexaminé par la Cour suprême, ndlr), il a suffi d'une audition par un juge, répondant, par écrit, à un certain nombre de questions». «Alors qu'il existe des soupçons extrêmement lourds que ce soit sur l'Autoroute Est-Ouest, ou dans affaires antérieures qui n'ont pas été traitées par la Justice, notamment lorsqu'il était au ministère de la Pêche», ajoute-t-il. Interrogé sur les «complicités» d'entreprises étrangères, comme la société canadienne SNC Lavalin, M. Hadjadj a rappelé qu'une enquête avait été menée, il y a dix ans, par la police judiciaire, et que la justice s'est saisie du dossier, mais «qu'elle n'a pas voulu aller jusqu'à un procès», parce que «ça implique un grand nombre de personnalités qui, aujourd'hui, ne sont plus en fonction». Il rappelle, également, que des pays, comme la Suisse, ont traité le dossier SNC Lavalin. «Nous avons, en tant qu'association, demandé à la Justice algérienne de se rapprocher des magistrats suisses, pour s'enquérir des aspects qui concernent l'Algérie, mais elle n'a pas donné suite à notre demande».

Interrogé sur la possibilité pour la Justice algérienne d'enquêter à l'étranger, via l'instrument des commissions rogatoires internationales, l'intervenant a affirmé que cela n'a jamais été fait par la Justice algérienne, malgré les possibilités offertes par la Convention internationale de lutte contre la corruption.

Il a, cependant, émis le vœu qu'à l'avenir, et dans le cadre d'un «gouvernement issu d'élections démocratiques», l'Algérie puisse recourir à ces outils. Par ailleurs, Djilali Hadjadj a noté que la Justice algérienne n'a pas répondu à la demande de magistrats italiens qui enquêtent sur l'affaire ENI, impliquant Sonatrach, «alors que l'argent récupéré par les magistrats italiens c'est de l'argent algérien». Le président de l'AACC a également noté la «responsabilité des pays réceptacles de l'argent de la corruption», comme la Suisse. Selon lui, en France, au ministère de l'Economie et des Finances, «ils ont un inventaire extrêmement précis, y compris des achats de produits de luxe dans de grands magasins des Champs Elysées, effectués par des oligarques ou des dignitaires algériens, à travers la traçabilité des cartes bancaires».

Evoquant également l'existence d'un inventaire des «biens immobiliers acquis par l'argent sale». Ce qui constitue, selon lui, «des moyens de chantage et de pression dont disposent» les responsables français.

Toujours concernant la fuite de capitaux, M. Hadjadj affirme que «l'ouverture, par des dignitaires algériens, de comptes bancaires à l'étranger a été facilité par les banques françaises installées en Algérie, et connues pour avoir facilité la corruption internationale». Selon lui, un instrument de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, composée en majorité de pays développés, ndlr) permet de «divulguer l'identité des détenteurs de ces comptes bancaires». «Si le gouvernement algérien souhaite connaître l'identité des résidents algériens détenteurs de comptes bancaires en France, il suffit de le demander aux autorités françaises, à condition que l'Algérie signe cet instrument de l'OCDE», a-t-il ajouté.