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APN: Des députés empêchent la tenue d'une séance plénière

par Moncef Wafi

Que se passe-t-il à l'APN ? En l'espace de 24 heures, les choses semblent s'accélérer et l'étau se resserrer autour de son président, Moad Bouchareb, plus contesté que jamais et poussé vers la sortie aussi bien par son propre parti le FLN que l'opposition qui siège encore à l'hémicycle. Ainsi, des députés, majoritairement issus du FLN, ont empêché, hier, la tenue d'une séance plénière consacrée au vote du rapport de la Commission des affaires juridiques concernant la validation de la qualité de membre des nouveaux députés. Les frondeurs, qui ont fermé l'accès à la salle devant abriter cette séance et celle réservée aux journalistes, ont suivi le déroulement de ces faits depuis le hall de l'APN, tout en exprimant leur soutien au «gel des travaux de la chambre basse du Parlement jusqu'au départ du président actuel Moad Bouchareb». A ce propos, Lakhdar Benkhellaf, du groupe parlementaire de l'Union Ennahda-Adala-Bina, a indiqué que les députés de ce groupe «soutiennent toute initiative menant au départ de Moad Bouchareb qui a occupé ce poste d'une manière illégale, en violation de la Constitution». Il affirme que les députés useront de tous les moyens juridiques et légaux pour empêcher la tenue de la séance de clôture de la session parlementaire «sans recourir à la force», estimant que «Saïd Bouhadja demeure le président légitime de l'APN».

Par ailleurs, un groupe de parlementaires du parti FLN (85 députés) a rendu public un communiqué, lu dans le hall de l'APN, dans lequel il annonce son soutien à la tenue de la session de demain, «tout en rejetant les campagnes médiatiques tendancieuses et les déclarations irresponsables faites par un groupuscule suspect d'individus affiliés au FLN qui tente de déstabiliser cette institution souveraine et de semer la discorde entre ses membres». Concernant les actions visant à destituer Bouchareb, cinq vice-présidents et membres du Bureau de l'Assemblée populaire nationale, issus des partis FLN, RND, TAJ, MPA, et des indépendants se sont réunis, dimanche dernier, en session extraordinaire, et ont décidé le retrait de confiance au président de l'APN. Le communiqué a aussi été signé par le groupe parlementaire d'El Adala, Enahda et El Bina. «Compte tenu du blocage au niveau des structures et des groupes parlementaires de l'Assemblée, qui ont provoqué son instabilité, nous avons décidé de retirer notre confiance à M. Moad Bouchareb, et lui demander de déposer immédiatement sa démission et l'annulation de toutes les décisions de la dernière réunion du Bureau», rapporte le communiqué rendu public. Cette réunion a été initiée par le groupe parlementaire du FLN sur instruction de son chef, Mohamed Djemaï qui a, à maintes fois, demandé à son collègue de se démettre, «conformément à l'exigence du peuple» et en application de la demande expresse de la direction du parti, dont le règlement intérieur stipule dans ses articles 10 et 11, que les élus doivent respecter ses décisions. Quelques heures plus tard, Bouchareb contre-attaquait et un communiqué de l'APN, affirme son Bureau, «n'a pas été convoqué en ce jour», précisant que «c'est le président de l'APN qui convoque les réunions du Bureau, lesquelles se déroulent sous sa présidence», conformément au règlement intérieur de l'Assemblée. «Au vu des contrevérités contenues dans un document faisant mention d'informations sur une prétendue réunion du Bureau de l'Assemblée, en ce dimanche 30 juin 2019, il convient de rappeler que le Bureau de l'Assemblée, dont les réunions sont convoquées et présidées par le président de l'APN conformément aux articles 18 et 09 du règlement intérieur de l'APN, n'a pas été convoqué en ce jour», rapporte la même source qui explique que le Bureau tient ses réunions et prend ses décisions en présence de la majorité de ses membres, et de ce fait, «ses décisions prises d'une manière officielle ne sauraient être révoquées par une réunion non conforme aux prescriptions juridiques et en présence de celui dont la vacance de siège a été établie et qui a été remplacé, selon les procédures constitutionnelles et juridiques suivies en la matière».