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Ciment: Des mises à la retraite font baisser les prix !

par Abdelkrim Zerzouri

La baisse du prix du sac de ciment, vendu actuellement entre 500 et 700 dinars, contre une moyenne de 1.000 dinars auparavant, dans une période plutôt connue par des flambées de prix des matériaux de construction, ne doit pas relever du hasard pur. Et il faut bien croire que les mesures de lutte contre la spéculation prises récemment par le ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, comme le laisse entendre un communiqué de ce ministère, y sont pour quelque chose. Dans son communiqué, le ministère va plus loin que le simple constat de la baisse, car il tire un lien de cause à effet. «Depuis quelques jours, les prix du ciment ont sensiblement baissé au niveau des différents points de vente à travers le territoire national, et ce, grâce aux récentes mesures prises par le ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, à travers notamment la mise à la retraite de quelques responsables de groupes publics. Ce qui a commencé à régler quelques problèmes liés notamment à la spéculation», précisent les termes du communiqué en question. Sans ambages, les coupables présumés de la spéculation sur ce produit sensible sont débusqués, en l'occurrence quelques responsables de groupes publics. Preuve en est, dès leur mise à la retraite, la situation a commencé à se normaliser, avec une nette baisse du prix du ciment sur le marché, 300 dinars en moins par sac. Et, comme les achats du genre se calculent en dizaines, voire en centaine de tonnes, on imagine la grosse ristourne qui profitait aux spéculateurs. Le sort aura été assez tendre, donc, avec ces spéculateurs mis à la retraite sans qu'ils ne soient inquiétés par la justice. Ils s'en sortent gagnant sur tous les plans, une belle retraite et des comptes bien garnis. A n'en pas douter, donc, les mesures en question, prises par le ministère de l'Industrie et des Mines, sont louables et salutaires à plus d'un titre, en cela qu'elles peuvent booster les travaux sur les chantiers du BTP et apporter une plus-value sur le coût globale des projets de réalisation dans le bâtiment et les travaux publics, des secteurs gros consommateurs de ciment.

En tout cas, et c'est déjà cela de gagné, ces changements «ont réduit sensiblement la spéculation qui régnait sur la marché», comme le souligne le ministère, qui avance que cette tendance baissière sera maintenue après les conclusions des travaux du groupe de travail installé par M. Bedda à cet effet. Ce groupe de travail «aura à définir avec exactitude les problèmes de cette filière» et permettra de mettre en place une nouvelle dynamique pour le Groupe Industriel des Ciments d'Algérie (GICA), avance le communiqué. Ce qui est encore meilleur, en matière de transparence, le groupe GICA a décidé, sous l'égide du ministère de l'Industrie et des Mines, de mettre en place une charte des clients qui régira la relation entre les entreprises de ciment et leurs partenaires, et ce, dans le but de «lutter efficacement contre la spéculation et d'améliorer l'approvisionnement en ciment des entreprises de réalisation et des distributeurs agréés», indique la même source. Cette nouvelle stratégie de contrer la spéculation a été annoncée lors de la journée Portes ouvertes, organisée mardi dernier par le groupe GICA à Chlef, rappelle le ministère qui précise que la cimenterie de Chlef a connu des dysfonctionnements dans la distribution de ce matériau ayant privé les entreprises locales de leurs quotas de ciment depuis décembre 2016. En fait, depuis 2016, poursuit le ministère, l'Entreprise de cimenterie et dérives de Chlef (ECDE-Chlef) «a connu des dysfonctionnements dénoncés à maintes reprises par la chambre de commerce et d'industrie de Chlef. Ce qui avait conduit au limogeage du P-dg de l'ECDE de Chlef par le ministre de l'Industrie et des Mines en juin 2017". L'organisation de cette journée sous l'égide du ministère à Chlef «se veut être une occasion de réaffirmer la volonté des pouvoirs publics de mettre un terme à la spéculation qui touche cette filière» et réaffirmer la volonté du Groupe GICA de nouer des relations commerciales basées sur la confiance dans le respect de la transparence, relève le communiqué du ministère. Pour rappel, le Groupe GICA compte augmenter sa production à 20 millions de tonnes/an de ciment à l'horizon 2019-2020 grâce aux projets d'extension de trois cimenteries et au lancement de deux nouvelles usines. Il s'agit des projets d'extension des cimenteries de Chlef, d'Ain El Kbira et de Zahana, et du lancement de deux nouvelles cimenteries à Sigus (Oum El Bouaghi) et à Béchar.

Montage automobile : un nouveau cahier des charges dès la semaine prochaine

Sur un autre registre qui a fait couler beaucoup d'encres, en l'occurrence l'industrie automobile ou le montage décrié des véhicules, M. Mahdjoub Bedda n'en finit pas de remettre en cause, de fond en comble, le travail de son prédécesseur. Dans ce cadre, le ministre de l'Industrie a fait savoir, dans une déclaration à la chaine ?3' de la Radio nationale, que le secteur de l'industrie automobile nécessite une réorganisation pour encourager et attirer les investisseurs et ne pas se limiter à l'importation. A cet effet, une commission est actuellement en train de travailler sur la révision de l'actuel cahier charges qui comporte «des failles et on doit revoir notre politique dans ce secteur», a-t-il déclaré avant d'ajouter que «les travaux de ladite commission arrivent à terme et un nouveau cahier des charges sera près dès la semaine prochaine». Le ministre a indiqué qu'à travers cette démarche, «nous donnons un signal fort aux investisseurs qui veulent travailler (?) l'importation déguisée, c'est terminé en Algérie», a-t-il dit. Un autre dossier aux relents scandaleux, également épargné des poursuites judiciaires envisageables dans ce contexte. A moins que des informations judiciaires soient ouvertes dans ce sens et non encore divulguées devant l'opinion publique.