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Fournaise nationale

par Moncef Wafi

L'Algérie brûle et c'est loin d'être un euphémisme. Les feux de forêt continuent de sévir dans plus d'une dizaine de wilayas et les premières victimes sont déjà tombées. Malgré le caractère de récidive de ces incendies et les plans de lutte contre les feux de forêt mis en branle chaque année, le pays est de nouveau la proie des flammes qui détruisent un peu plus le couvert végétal faisant le jeu des prédateurs de tous horizons.

En effet, si les incendies sont accidentels, parfois ou plus souvent qu'on ne le pense, ils sont d'origine criminelle allumés par une véritable maffia du foncier qui sévit, particulièrement, dans les wilayas côtières. Si on n'est pas responsable directement des départs de feu, on est juste dans les parages, s'installant sur les cendres des arbres et broussailles, pour s'accaparer, par la force des bras et du laxisme ou de la complicité des autorités locales, de parcelles pour y édifier des maisons individuelles ou les vendre au premier venu. Cette pratique est également observée chez certains agriculteurs qui n'hésitent pas pour élargir leurs champs à brûler des morceaux de forêts.

On est loin de la simple vue d'esprit puisque, chaque année, la justice traite plusieurs centaines de dossiers liés à des incendies criminels. Si la chaleur caniculaire favorisée, selon les spécialistes, par le processus de désertification des Hauts Plateaux et la main de l'homme sont responsables de ces départs de feu et de la réduction drastique du couvert végétal, la politique même des pouvoirs publics n'est pas innocente dans cette situation. En effet, l'absence de canadairs en Algérie pose problème. En effet, on se souvient de l'épisode de ces bombardiers d'eau qui a fait polémique et les décisions prises à l'époque ont finalement empêché l'Algérie d'acquérir ces hydravions. Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour demander des comptes sur la gestion décriée d'un secteur stratégique.

La réalité estivale convoque aussi la vérité sur les températures annoncées car on est loin, très loin des données de la météo nationale. Si on annonce un mercure avoisinant ou dépassant les 44°, la réalité des températures est autre puisqu'on enregistre des pics facilement au-delà des 50°, se rapprochant dans certaines régions du sud du pays des 60°. Une défaillance du circuit électrique reste la plus grande hantise des autorités avec toutes les conséquences qu'on devine sur les populations du Sud.