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Soins à l'étranger: Des malades désorientés par des agences de voyages

par M. Aziza

  Trouvant déjà du mal à se faire soigner dans leur propre pays, certains malades algériens notamment ceux atteints de cancer ou ceux qui attendent désespérément une transplantation d'organe, sont souvent mal orientés par des agences de voyages algériennes et turques.

Ayant déjà perdu du temps en Algérie, en attendant parfois le diagnostic, l'opération, la radiothérapie, ou parfois la transplantation, les malades algériens atteint de maladies graves, et ceux qui sont à la recherche d'une chance de survie, tombent vite sur la mauvaise adresse. Ils vont parfois à la mort, de leurs propres moyens, sans qu'ils le sachent.

Des agences de voyage algériennes qui travaillent en collaboration avec des agences de voyage turques proposent aux malades algériens des séjours médicaux, parfois dans des régions qui ne disposent même pas d'hôpitaux spécialisés dans la transplantation d'organe ou le traitement de certains cancers. Ils sont parfois orientés vers la station balnéaire du sud de la Turquie, à Antalya ou dans la région égéenne à Izmir.

Certaines agences qui travaillent parfois avec des associations médicales peu connues et qui se sont contentés jusque-là de proposer des services de chirurgie esthétique, épilation au laser ou implantation de cheveux, proposent aujourd'hui, aux malades algériens, des séjours médicaux pour soigner des maladies dites lourdes.

La directrice des relations régionales du Maghreb du groupe hospitalier turc Acibadem, M. Maria Kurtulus, a dénoncé énergiquement ce genre de «business» en affirmant que certains malades arrivent très en retard, après avoirt sillonné des hôpitaux non spécialisés à Antalya et à Izmir. Elle précise que cette désorientation orchestrée par certaines agences de voyage algériennes et turques font perdre aux malades du temps, de l'argent et parfois leur chance de survie. Elle alerte : «Certains trouvent la mort dans des hôpitaux qui ne sont pas spécialisés».

M. Kurtulus a beaucoup insisté sur l'implication des médecins traitants et les autorités sanitaires algériennes dans l'orientation des malades pour des soins à l'étranger. Elle a tenu à sensibiliser les malades algériens contre toute forme d'arnaque ou une mauvaise orientation. «Le malade doit être orienté par son médecin traitant qui est le premier informé sur son cas, ou par les autorités sanitaires du pays, sachant que des équipes de la sécurité sociale algérienne et des équipes du ministère de la Santé ont déjà visité un nombre important de groupes hospitaliers en Turquie». Elle précise encore que les groupes hospitaliers turcs ont déjà des représentations en Algérie, des bureaux de liaison installés justement pour étudier les dossiers des malades voulant se soigner en Turquie. Des bureaux capables d'orienter les malades algériens vers des structures hospitalières spécialisées.

La directrice des relations internationales de la région Maghreb a affirmé que le groupe Acibadem qui compte aujourd'hui 26 structures (hôpitaux, centres et cliniques) a déjà deux bureaux de liaison en service, l'un à Alger et l'autre a ouvert récemment à Oran. Elle a affirmé qu'il y a une forte demande au bureau d'Oran. Des malades de l'ouest du pays, notamment ceux atteint de cancer, sollicitent souvent les hôpitaux turcs pour la chirurgie oncologique.

«On ne fait plus de transplantions de foie à l'hôpital Mustapha»

Les Algériens atteints de maladie graves continuent à solliciter les structures hospitalières turques, vu les moyens dont ils disposent et les coûts qui sont nettement inférieurs à ceux pratiqués ailleurs en Europe. Une transplantation d'organe dur coûte une moyenne de 160. 000 euros en Turquie alors qu'elle se fait à 350 000 euros ailleurs en Europe. Huit patients algériens ont rejoint les hôpitaux d'Acibadem lors des trois derniers mois. Sur place nous avons rencontrés Samir, un jeune père de famille de la région de Sidi Aich, dans la wilaya de Bejaia, qui souffrait d'une cirrhose hépatique et qui a été greffé avec succès au centre de transplantation à Acibadem Altunizade Hôpital. Ce patient algérien qui nécessitait une greffe en urgence, s'est fait opérer grâce à l'aide de sa famille et des habitants de sa région, après de longues années d'attente. Les autorités du pays lui ont refusé la prise en charge à l'étranger, pourtant, il devait être greffé au préalable dans les hôpitaux algériens. «Après 20 ans de traitement, on m'a informé qu'on ne fait plus de transplantation de foie à l'hôpital Mustapha, même si le donneur existe ! ». Il affirme que des médecins l'ont orienté vers la Turquie.

Faut-il le rappeler, la famille de Samir a fait le tour des rédactions pour demander de l'aide pour sauver leur poche d'une mort certaine. Il avait besoin de 1,5 milliards de centimes pour effectuer sa greffe en Turquie, sans parler des frais de séjour à Istanbul pour lui et sa femme. Les habitants de sa région se sont mobilisés tous pour l'aider. Pour le transfert d'argent, il était dans l'obligation de payer sur la base de solidarité, huit billets d'avions pour ses accompagnateurs pour assurer le transfert d'argent, sans parler du billet d'avions du donneur.

Une nouvelle technique de transplantation

Le groupe Acibadem a adopté récemment une nouvelle technique de transplantation qui est aujourd'hui, très pratiquée en Europe notamment en Allemagne. La technique des cellules stromales mésenchymateuses adoptée, serait, selon le chef de service d'hématologie à Acibadem, le professeur Ramzi Amir, très bénéfique grâce à leurs propriétés immuno-modulatrices, anti-inflammatoires et régénératrices dans la transplantation d'organes solides. Il précise encore que cette nouvelle technique préviendrait surtout le rejet cellulaire aigu, induirait une immuno modulation systémique chez le receveur et réduirait la posologie des traitements immunosuppresseurs d'induction et de maintien.

La Turquie est devenue une référence dans le domaine la transplantation d'organe. Le centre de transplantation d'Acibadem a effectué à lui seul 360 transplantation de reins et 160 transplantations de foie en 2016.