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Kada Noureddine (Entraîneur U 15 MCO): «Les jeunes catégories sont délaissées»

par Propos Recueillis Par Adjal L.

  On l'avait plus ou moins perdu de vue depuis quelques années. Noureddine Kada se consacrait tout simplement à son rôle d'entraîneur des U15 du MCO, le club de son cœur. Tous ceux qui le connaissent vous diront que l'ancien défenseur du Mouloudia a du caractère. Malheureusement, tant en société que dans le domaine très vaste du sport, sa franchise, maniant un langage teinté d'hypocrisie, n'est pas appréciée de tout le monde. Ses «opposants» doivent pourtant se faire une raison car ce n'est pas à son âge qu'il va changer. C'est Noureddine qui, un jour, a refusé de remplacer un coéquipier parce que son entraîneur l'avait composé au départ avant de le retirer pour un autre coéquipier finalement titularisé malgré son arrivée tardive au stade. Il était donc intéressant de le solliciter pour connaître son avis sur le football, la formation, les jeunes, le MCO et l'environnement général du sport roi.

Le Quotidien d'Oran: Un rappel de votre parcours de joueur

Noureddine Kada: J'ai effectué à mon avis un parcours satisfaisant, avec le plus gros de ma carrière au MCO, une saison à l'ASMO et quatre à l'OMA. Et, comme j'adore le football, j'ai décroché mes diplômes pour être entraîneur. C'est mon désir le plus cher.

Q.O: Quels résultats avez-vous obtenus avec l'équipe U13 du MCO ?

N.K: En quatre saisons, j'ai remporté trois titres de champion avec des statistiques assez éloquentes. Du moins, c'est mon avis. Et pourtant, je ne cours pas absolument derrière le résultat. Mon rôle c'est de former et d'éduquer, ces deux fonctions étant indissociables à mes yeux. Je suis convaincu que le travail de l'entraîneur des jeunes est plus dur que celui des seniors. Il est primordial car il est chargé de faire progresser les joueurs tout en veillant à leur éducation. Je tiens à transmettre mon expérience à tous ces jeunes dont j'assume la responsabilité.

Q.O: Peut-on connaître votre conception du football ?

N.K: D'abord, le résultat à n'importe quel prix, ce n'est pas mon option. Je suis pour la conservation du ballon et je veux que le jeu se déroule dans le camp de l'adversaire. Outre que c'est plus sécurisant pour la défense, les joueurs ont de cette façon l'opportunité de progresser, ce qui demeure en somme la finalité.

Ceux qui ont affirmé que «la meilleure défense, c'est l'attaque» ont raison.

Les titres et les prestations des équipes que j'ai drivées me confortent dans cette conception.

Q.O: Il semblerait que l'administration délaisse les jeunes catégories?

N.K: C'est malheureusement la vérité. Tout un chacun a le loisir de venir constater la situation des jeunes catégories qui «s'entraînent» à plusieurs sur un terrain exigu et vétuste. S'ils continuent à progresser c'est parce qu'ils ont du talent et que nous veillons sur eux. Même après les consécrations, ces équipes n'ont eu droit à aucune manifestation de gratitude.          Ces jeunes sont victimes d'une hogra de la part des responsables qui adorent le bricolage. Ce n'est pas de cette façon qu'on recueillera les fruits de notre travail?

Q.O: Que proposez-vous ?

N.K: La progression du football algérien doit passer obligatoirement par la formation continue dans les centres de formation et autres académies. Le professionnalisme actuel est une façade trompeuse. J'estime que le rôle des présidents des clubs est primordial pour une vraie sortie de crise. Chaque président doit s'entourer des bons conseillers car, tout seul, il ne pourra rien faire. Ce qui doit changer, c'est la mentalité. Je suis abasourdi lorsque des dirigeants font tout pour que leurs équipes soient domiciliées dans des stades exigus et inconfortables. Leur objectif est clair comme l'eau de roche : ils veulent gagner et peu importe le reste. Or, évoluer dans une enceinte vaste et devant des dizaines de milliers de spectateurs est motivant et encourageant pour tous les joueurs.

Q.O: Le MCO n'arrive pas à retrouver son lustre d'autan. Quelles sont les causes de cette régression ?

N.K: On doit revenir à la politique des enfants du club, qui a largement fait ses preuves par le passé. Je tiens à préciser que je ne suis pas contre le joueur extra-muros, surtout s'il apporte quelque chose à l'équipe. Mais force est de reconnaître que cet élément n'endosse pas la même responsabilité et n'a pas la même sensibilité que l'enfant du club. Le bon parcours de l'aller est dû au retour de plusieurs enfants du club. Actuellement, l'équipe accuse un passage à vide et le rôle du public est de la soutenir, quel que soit le résultat. Moi, je dis que heureusement Omar Belatoui n'est pas parti, car il est un garant pour l'avenir du MCO.

Q.O: On vous laisse le soin de conclure cet entretien

N.K: Je lance un appel au nouveau bureau de la FAF pour l'instauration d'un nouveau système de compétitions des jeunes catégories. Celui qui est appliqué actuellement est dépassé et ne favorise pas la progression des joueurs. Si on veut que le football algérien revienne au sommet, il faut jouer carrément la carte de la formation des jeunes. Le jeune algérien est doué et adore le jeu. Alors, il est de la responsabilité de tous d'opter pour cette politique, la seule à même de nous procurer les plus grandes satisfactions. Si les seniors font l'objet de toutes les sollicitudes, c'est normal mais la logique veut qu'on accorde beaucoup d'attention à nos jeunes, garants de l'avenir des clubs et des équipes nationales.