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Wilaya de Khenchela: Quand Babar nargue Ali Mendjeli

par Notre Envoyée Spéciale A Babar (Wilaya De Khenchela) : Ghania Oukazi

  Si la nouvelle ville de Ali Mendjeli est désespérément à la recherche d'un statut administratif parce qu'elle n'en a aucun, Babar, commune de la wilaya de Khenchela semble en avoir un assez important à elle toute seule.

La comparaison entre les deux pôles urbains, Ali Mendjeli situé à la périphérie de la commune d'El Khroub qui est une daïra de la wilaya de Constantine, et Babar, commune de la wilaya de Khenchela et aussi une de ses daïras, s'impose d'elle-même. Elle oblige à s'interroger sur les facteurs, les éléments, les raisons, les causes et les circonstances qui poussent les pouvoirs publics à élaborer un découpage administratif par lequel ils accordent des statuts administratifs petits ou grands à des régions et pas à d'autres. Ali Mendjeli est cette nouvelle ville érigée sur les territoires d'El Khroub et d'autres de Ain Smara pour permettre le désengorgement de Constantine. Du coup, toutes les populations des bidonvilles y ont été recasées. Mais elle n'a pas suffi en raison de la décision des autorités de vouloir répondre aux demandeurs de logement. Constantine ne possédant pratiquement plus d'assiettes foncières pour s'élargir davantage, le gouvernement a donc décidé d'adjoindre à Ali Mendjli deux autres nouvelles villes, Massinissa qui est déjà habitée et Aïn N'Hass qui attend de l'être. (Voir le Quotidien d'Oran du samedi 8 avril 2017). Intégrées administrativement à la commune d'El Khroub, les trois nouvelles villes lui sont plus un fardeau financier, économique et social qu'un appoint pour relancer son développement et assurer son épanouissement. Le PAPC d'El Khroub le dit sans ambages. Il déplore la complexité d'une telle situation et l'absence de moyens humains et matériels pour la dénouer. «Nous avons hérité de la gestion des trois nouvelles villes sans qu'aucun moyen supplémentaire nous ne soit donné,» nous avait déclaré Abdelhamid Abderkane jeudi dernier. Ali Mendjli loge à elle seule plus de 300.000 habitants. Babar évolue dans une situation totalement différente et bien moins complexe. Elle est une daïra qui a une seule commune, elle-même.

Elle est d'une densité de 40.000 habitants, s'étend sur une superficie de 3.944 km2 (47% de la superficie globale de la wilaya de Khenchela) et dont 110.000 ha sont des terres agricoles. «De nombreuses terres ont été distribuées à plusieurs centaines de chômeurs auxquels l'Etat a accordé des soutiens multiformes et constants pour les exploiter et assurer une autosuffisance locale et aussi celle des régions avoisinantes,» a affirmé le wali de Khenchela dans son allocution d'ouverture de l'atelier de lancement du CapDel (programme «pour la démocratie participative et le développement local.» Babar est plus grande en termes de superficie que la commune de Constantine?

Babar est une appellation qui répond élégamment aux caractéristiques de la région. «Baeber, bab esbaa (la porte des lions),» disent les Chaouia. Ses territoires étaient habités» par des lions. C'est une des dignes régions héritières des N'Memcha dont la beauté du tapis rappelle la dimension ancestrale de ses traditions. La daïra possède, dit-on, des capacités appréciables en pétrole et même en gaz. Les explorations menées en ont démontré l'importance, selon ses autorités locales. L'on nous rappelle qu'elle est traversée par les deux pipelines qui relient les zones pétrolifères nationales à l'Europe en passant par la Tunisie. Elle est un pôle agropastoral et son PAPC s'évertue même à mettre en évidence l'existence d'une zone industrielle et aussi le soutien par les dispositifs de l'emploi de plus de 1800 jeunes détenteurs de petits projets. «Ils ont bénéficié gratuitement de concessions pour créer 11 périmètres agricoles,» a précisé le secrétaire général de la wilaya de Khenchela. Il fera savoir que la région a bénéficié d'un programme complémentaire en deux tranches pour l'aménagement de deux zones industrielles pour un montant de 35 milliards de centimes.» Il lancera un appel aux investisseurs privés pour prendre en charge la viabilisation du terrain «qui tarde à se faire,» dit-il. Il a en même temps annoncé la programmation de deux stations solaires. Le barrage de Babar aux capacités prometteuses est lui aussi de fait source de création de richesses.

Le statut de daïra accordé par le gouvernement à Babar lui donne des pouvoirs d'indépendance économique qui lui permettent de s'émanciper sans trop d'entraves. Ali Mendjli elle n'a pas encore cette chance. Elle est une immense cité dortoir à la face hideuse? Son appel pressant pour un statut au plus d'une wilaya déléguée (en lui intégrant les deux autres villes nouvelles), tout au moins d'une commune, lui permettra de se prendre en charge et laisser El Khroub souffler.