Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Institut Pasteur: Enquête sur les effets des polluants sur la santé des Algériens

par M. Aziza

  Dans six mois, ou au plus tard dans une année, les Algériens sauront, sur la base d'analyses biologiques, ce qu'ils mangent, ce qu'ils boivent et ce qu'ils respirent. Ils vont découvrir quelles sont les substances, les différents métaux lourds et les différents polluants toxiques qui peuvent être présents dans leurs assiettes. Ils découvriront aussi ce que contient l'eau et les sodas qu'ils boivent.

Une enquête sur la bio-surveillance de l'exposition de la population algérienne aux polluants sera lancée, ce 7 avril, par le centre national de toxicologie de l'Institut Pasteur. Cette enquête concernera 39 wilayas du pays. Tout ménage tiré au sort comprenant au moins un adulte âgé de 15 à 74 ans et un enfant âgé de 3 à 14 ans sera susceptible d'être enquêté. La taille minimale de l'échantillon est de 1 210 ménages répartis à travers le territoire national.

La directrice générale du centre de toxicologie, Mme Berkahoum Alamir, a affirmé hier, lors d'une conférence de presse tenue à l'Institut Pasteur, à Dely Brahim, que cette étude permettra d'identifier les populations à risque. C'est-à-dire identifier des groupes de population pour lesquels les niveaux observés sont particulièrement élevés compte tenu de leur sensibilité aux toxiques. La finalité est d'arriver à élaborer des stratégies de lutte et prévention ciblées pour la population.

Elle a précisé que les résultats scientifiques de cette étude serviront de données au personnel médical, notamment les oncologues, puisqu'il sera question d'exposer le taux des métaux lourds et les métalloïdes présents dans le sang, l'urine et les cheveux. Il est question d'identifier scientifiquement des substances toxiques et cancérigènes, à travers des analyses biologiques. Faire des prélèvements de sang, d'urine et de cheveux auprès des ménages algériens, pour pouvoir les analyser, grâce à un appareil capable de détecter 104 types de métaux et métalloïdes. Cet appareil, précise la directrice du centre de toxicologie, est déjà installé à l'Institut Pasteur.

La conférencière a indiqué qu'à ce jour aucune étude n'a été effectuée sur la population à l'échelle nationale concernant la bio-surveillance des métaux et des métalloïdes. Il est question donc de faire, selon Mme Alamir, 10 000 analyses biologiques dont les résultats seront remis aux concernés dans six mois. Pour ce qui est de l'interprétation des résultats, « elle prendra du temps, ça varie entre un an à deux ans».

Les spécialistes expliquent que l'exposition permanente de l'être humain et à petites doses à des métaux lourds tels que l'aluminium, le cadmium, le mercure ou le plomb est de plus en plus reconnue comme l'un des cofacteurs de certaines maladies. Ils citent, à titre d'exemple, les maladies neurologiques, cardio-vasculaires et auto-immunes. Ils précisent que la bio-surveillance prend en compte les conditions réelles d'exposition, ce qui peut conduire à émettre un signal d'alerte précoce ou encore d'évaluer ou orienter les actions de gestion. La directrice du centre de toxicologie a précisé que plusieurs études du genre ont été déjà réalisées aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne et en France, mais aucune étude n'a encore été réalisée en Afrique. Elle a précisé que l'étude algérienne a été lancée en collaboration avec l'Office national de statistiques (ONS) afin de déterminer la liste des unités échantillon. Et d'affirmer que cette enquête sera menée selon les normes établies par l'Organisation mondiale de la Santé (l'OMS).