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Tricherie au bac: Des inspecteurs innocentés demandent des excuses publiques

par M. Aziza

  Le syndicat des inspecteurs de l'Education nationale (SIEN) a réclamé, dans un communiqué rendu public, des excuses publiques de la tutelle, pour la réhabilitation de l'intégrité morale et physique de leurs confrères «des inspecteurs indûment accusés, dans l'affaire des fuites des sujets de baccalauréat, de l'année 2016 et qui ont été innocentés par la justice».

L'inspecteur de l'Education nationale et porte-parole du SIEN, Yacine Ouelmouhoub demande, au nom de tous les inspecteurs de l'Education à la ministre de l'Éducation nationale de réhabiliter les inspecteurs accusés à tort, publiquement et dans les meilleurs délais, dans leur intégrité morale et matérielle, « la tutelle doit faire des excuses publiques » a-t-il précisé.

Les inspecteurs de l'Education, ont dressé, à l'issue d'une réunion du conseil national du syndicat, issu des assemblées électives de wilayas, au nombre de 35, tenue le 1er avril dernier, une plate-forme de revendications. Et de fixer comme priorité la réhabilitation des inspecteurs innocentés, en demandant aux responsables du département de Nouria Benghabrit, d'éviter de tels scénarios, dans l'avenir. Ils ont averti, clairement, la tutelle « nous tenons fermement à ce que de telles turbulences n'agitent plus notre corporation en la protégeant, efficacement, contre des dérapages qui ne sont ni de nos habitudes, ni de notre rang, encore moins de notre éducation et ce, par une législation forte et appropriée », est-il souligné dans le communiqué.

Faut-t-il le rappeler, le baccalauréat de la session 2016, a été entaché par une fraude massive où la majorité des sujets se sont retrouvés sur Facebook, à la veille des examens. Plusieurs enseignants, des chefs de centres et autres cadres de l'Office national des examens et concours (ONEC), entre autres, des inspecteurs de l'Education nationale, accusés dans la fraude au baccalauréat, ont été arrêtés par la gendarmerie nationale.

Le porte-parole du syndicat, Yacine Ouelmouhoub que nous avons appelé, hier, par téléphone, a affirmé que l'accusation abusive et à tort des inspecteurs de l'Education a provoqué un sentiment profond d'indignation chez cette corporation qui exercent déjà dans un profond malaise. Il cite, en premier lieu, la marginalisation flagrante des inspecteurs de l'Education nationale, dans le cadre de la réforme de l'école. Pourtant, affirme-t-il, les inspecteurs de l'Education nationale sont considérés, selon la réglementation, comme des cadres supérieurs de l'Education nationale « leur travail ne doit pas être assimilé à un travail d'épouvantail, et ils ne sont pas dans le secteur éducatif pour coller ou rassembler des chiffres et des lettres ». Il poursuit « nos missions sont multiples, c'est inspecter, proposer, évaluer, informer et orienter l'enseignement », précise-t-il, en regrettant que « malheureusement l'inspecteur de l'Education, aujourd'hui, ne joue pas, pleinement son rôle, parce qu'il est marginalisé ».

«La dynamique, née au sein de notre corporation, en un temps record et à travers une adhésion massive est le résultat latent d'un mécontentement général et d'un malaise insupportable, décriés par l'ensemble des collègues qui, d'une voix commune et sur un même ton, s'unissent pour un changement radical pour l'obtention de leurs droits légitimes, dans le cadre de l'exercice de leur noble fonction, indique-t-il », lit-on dans le communiqué.

Yacine Ouelmouhoub, dit qu'il conçoit mal le fait que des inspecteurs de l'Education soient accusés à tort et marginalisés, par la tutelle « alors que la majorité d'entre eux travaillent avec leurs propres moyens, avec leurs propres véhicules et en achetant de leur argent les fournitures de bureau, sachant qu'ils ne disposent même pas de bureau », s'est-il indigné.

Ce qui a suscité la colère du syndicat des inspecteurs de l'Education, selon notre interlocuteur, c'est le refus catégorique de la ministre de l'Education, de recevoir les représentants du syndicat. « Madame la ministre a refusé de nous recevoir à deux reprises, c'est le délégué de l'inspecteur général qui nous a reçu mais, individuellement, à titre privé ». Et de poursuivre « quand un ministre refuse de recevoir ses hauts cadres, sous prétexte que le syndicat n'est pas encore agréé, je pense que c'est un manque de considération ». Et d'enchaîner « ce refus de dialogue est de mauvais augure pour les relations futures avec la tutelle, laquelle, dans son mutisme, prête une oreille sourde à nos revendications, ce qui pourrait, de facto, nous libérer ». Pour la question de l'agrément, le syndicat des inspecteurs de l'Education compte déposer son dossier d'agrément ce 16 avril, au ministère du Travail. En attendant l'agrément, les membres du syndicat insistent en réclamant une rencontre collective, avec la ministère de l'Education « dans le cas de refus, l'on demandera une rencontre avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal ». Le porte-parole du syndicat menace « et dans ce cas, le devoir de réserves sera levé ».

Le syndicat revendique le reclassement des inspecteurs de l'Education ,avec des indemnités financières qui répondent à la hauteur des missions de responsabilités qu'ils occupent. Il revendique en outre, la réactualisation des textes législatifs régissant l'exercice et les prérogatives de l'inspecteur de l'Education. Il demande la révision du décret portant sur les primes de l'utilisation de véhicules personnels, frais de déplacements et frais de missions. Les inspecteurs réclament l'amélioration des conditions de résidence des inspecteurs, lors des déplacements. Ils revendiquent des crédits sans intérêt pour de logement et avoir la priorité pour l'occupation des logements de fonction inoccupés.