Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le minimum syndical

par Moncef Wafi

Le moins que l'on puisse dire est que le ministre des Transports et des Travaux publics est en train de faire du bon boulot dans son secteur. Boudjemaa Talai, pour ne pas le nommer, a su agir devant les innombrables problèmes rencontrés dans la gestion des transports et solutionner, du moins essayer de le faire, des dossiers jusque-là ankylosés dans le statu quo ambiant. A commencer par la gestion de la compagnie nationale aérienne dont les éternels couacs l'ont discréditée à jamais aux yeux des Algériens.

Le limogeage du P-DG d'Air Algérie, le constat fait sans complaisance ni langue de bois, devenue à force obligatoire dans ce genre de crise, ont donné plus de crédit à la démarche ministérielle et enveloppé de crédibilité à priori ses actions. La fin de gestation du permis à points et des nouveaux barèmes des contraventions est également à mettre à l'actif de son mandat. Le dossier, pour rappel, avait traîné des années dans les tiroirs de ses prédécesseurs malgré son caractère d'urgence. Pourtant, le seul bémol à mettre à son actif, quoique, est cette incapacité à aller au bout des convictions concernant la guerre à livrer contre le terrorisme routier. Il n'est un secret pour personne que les plus gros pourvoyeurs des cimetières, en la matière, restent les poids lourds et les cars de voyageurs.

Si le gouvernement n'est pas capable d'imposer les chronotachygraphes, ces mouchards de vitesse qu'on pose sur ces véhicules pour une raison ou une autre, allez savoir, le minimum syndical est de contraindre les transporteurs à s'équiper en limiteur de vitesse. Boudjemaa Talai a le devoir moral de franchir le Rubicon et s'attaquer frontalement à une profession décriée à cause de certains chauffards qui confondent conduite et jeu de quilles. La solution ne se trouve pas dans les circulaires officielles ni dans les décrets publiés dans le JO, mais dans l'action directe. Sur le terrain, au plus près des concernés. Quand on voit un poids lourd débouler, dans son rétroviseur, à plus de 140 km/h ou un autocar slalomant entre les voitures, c'est là qu'on prend conscience de l'utilité d'un régulateur de vitesse.

Talai a également répondu avec célérité à la congestion des agences de l'Enacta chargées du contrôle technique automobile. Trois mesures ont été ainsi prises pour enfin rassurer les automobilistes, obligés de se lever aux aurores pour perdre une journée dans le meilleur des cas. Ce segment de la sécurité routière, aussi important que l'état des routes, doit cependant répondre à plus de sévérité technique puisqu'il n'est pas rare de croiser sur le macadam du pays de véritables épaves ambulantes, danger permanent pour le reste des usagers de la route.