Il ne sert à rien de répéter que Béni-Saf,
pourtant une belle ville touristique, manque de vespasiennes. Cette situation
révoltante laisse insensibles les autorités concernées. Jeudi passé, raconte
Miloud, un marchand de fruits et légumes au centre-ville, une femme d'un
certain âge n'aura pas trouvé où se soulager sans ce pâtissier qui leur a
offert «civilement» ses toilettes. De nombreux citoyens sont prêts à payer
n'importe quel prix pour avoir des toilettes publiques propres et entretenues.
Le besoin naturel de se soulager est plus problématique pour les voyageurs de
passage, a fortiori quand ce sont des femmes ou des enfants. Car la ville, qui
a retrouvé un visage avenant, ne dispose pas de ces lieux ouverts au grand
public et qui sont utiles aussi bien pour certains malades chroniques qu'aux
femmes enceintes. Les vespasiennes, qui sont situées à l'extérieur de la place
des Martyrs (ex-jardin public) ou encore celles installées au bas du boulevard Kadri Kaddour en allant vers le
port, sont toujours fermées pour des raisons «étonnantes». Selon un élu, les
toilettes publiques sont closes faute de remplaçant du dernier agent affecté à
ces lieux, décédé voilà plusieurs mois. Ce qui pourrait aujourd'hui obliger
certaines personnes âgées -des hommes surtout- à se soulager n'importe où,
derrière un arbre ou un muret, pourvu que l'endroit protège de la vue des
passants.
Ces urinoirs ou pissotières sont d'une importance capitale, surtout
quand on sait qu'il ne sert à rien de se rendre dans le café du coin car, dans
la majorité des cas, leurs toilettes sont soit fermées, soit complètement
condamnées. «À moins que vous commandiez une consommation, un café ou une
limonade, dira en substance Mohamed, un autre témoin de cette scène, car ils
gardent jalousement les clés».