Une saisie
de médicaments qu'on tentait d'introduire, frauduleusement, sur le territoire
national a été opérée récemment par les services de sécurité à la frontière
Est. L'information est passée sans faire aucun effet. Moins qu'un fait divers.
Pourtant, la gravité de la chose est énorme. C'est de la santé des citoyens
qu'il s'agit ! Car au bout de la chaîne de ce trafic, c'est le malade algérien
qui va trinquer en s'achetant ce médicament introduit frauduleusement et dont
l'origine restera douteuse, ainsi que la qualité du médicament lui-même qui
restera indéterminée et ses dangers sur la santé des malades insoupçonnés. Mais
on a bien avalé la nouvelle tout comme on l'aurait
pour un vague fait divers. La contrebande du médicament, puisque c'est de cela
qu'il s'agit, a été créée par la pénurie de médicaments qui sévit depuis
quelques mois, et que la tutelle ne veut pas admettre pour des raisons qui
restent obscures. De là à dire qu'il s'agit de médicaments contrefaits, il n'y
a qu'un petit pas à franchir. Désormais, le trafic de médicaments qui génère
des centaines de milliards sur le continent africain n'épargne plus l'Algérie.
Les officiels ne reconnaîtront jamais une telle situation, ils soutiendront
comme il a été fait à propos du médicament qu'il n'en est rien, le trafic
n'existe que dans les imaginations de certains. Et la saisie de médicaments
opérée à la frontière Est ? Celle-là, on ne peut pas la nier, mais le fait est
assimilé à un fait divers qu'on a tendance à oublier sitôt divulgué. Les
pharmaciens ont tiré l'alarme au sujet des ruptures de stocks de certains
médicaments, mais la réaction de la tutelle qui a apporté un démenti à ce
constat a, certes, provoqué une polémique mais n'a pas permis d'aller plus dans
le fond des débats. La réalité c'est que le marché national n'est pas assez
bien approvisionné ni en générique ni en princeps (ou molécule mère), c'est-à-dire
que l'offre de la production locale du médicament générique derrière laquelle
on se cache, généralement, pour justifier le tour de vis opéré dans le secteur
de l'importation, tous azimuts, ne répond pas à la demande.
Les
commandes d'importation de médicaments sont bloquées au même titre que le
blocage dans la filière automobile ! Vrai ou faux ? La réponse, en l'absence de
données transparentes dans ce domaine, reste attachée à la spéculation et aux
supputations. Enfin, aux dernières nouvelles, on a appris que les hôpitaux et
autres établissements de santé publique sont servis au compte-gouttes en
matériel médical consommable. Les gants, par exemple, très utiles dans le
travail du personnel médical, pour éviter d'éventuelles contaminations ou en
passer aux patients, se font très rares. Et ces mêmes gants, rares, sont
utilisés pour serrer les bras des malades avant de pratiquer des piqûres
intraveineuses, en lieu et place de ces fameux élastiques qu'on ne voit plus,
bannis du paysage des consommables médicaux pour on ne sait quelle raison. Quel
malheureux bricolage ?!