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Bonne gouvernance pour balayer la démagogie

par Mahdi Boukhalfa

On entre pratiquement dans la campagne électorale pour les élections législatives du 4 mai prochain. Des élections qui doivent accoucher d'un Parlement qui aura de lourdes décisions à prendre pour éviter le crash économique. Autant dire que le prochain gouvernement n'aura sûrement pas la tâche facile. Non pas que l'actuel gouvernement ait eu une autre vision des choses ou une autre politique économique que celle de maintenir de précaires équilibres entre une demande sociale de plus en plus exigeante entre infrastructures sociales, logements et équipements, et de faibles ressources publiques avec la chute du prix du pétrole. Mais parce que la prochaine équipe gouvernementale va gérer la crise et surtout les déficits qui s'annoncent énormes. Entre la gestion des déficits et la baisse du niveau de vie des Algériens avec ses corollaires, le chômage et l'inflation, le prochain exécutif aura une marge de manœuvre très serrée et devra faire preuve d'imagination et moins de populisme et de démagogie pour maintenir intacts les grands équilibres macroéconomiques. En plus simple, assurer aux Algériens une vie digne en attendant l'embellie sur le front des cours de pétrole, puisque jusqu'à présent, en dépit de tout ce qui a été dit, l'Algérie ne sera pas un pays exportateur en dehors des hydrocarbures avant longtemps.

Or, à quelques jours du début de la campagne électorale, aucun de la cinquantaine de partis en lice ne semble préoccupé par les perspectives de relance de l'économie nationale, encore moins rassurer les Algériens sur leur avenir. Au contraire, on assiste, du côté des partis comme le FLN, au sempiternel discours sur la légitimité historique du parti, son rôle dans l'indépendance du pays, et donc, qu'en dehors du FLN, il n'y a point de salut pour l'Algérie. Même son de cloche dans le camp de l'opposition, où le discours politique n'arrive pas à passer à un cran au-dessus des traditionnelles guerres de tranchées entre partis du pouvoir et partis d'opposition. Quand un parti comme le FFS accuse des ?'oligarchies'' de ?'miner et coloniser'' la vie politique pour l'émergence d'un Parlement de ?'la prédation'', cela prouve au moins qu'aucun parti n'a de vrai programme pour aller dans la bataille électorale. Et que le ?'passé révolutionnaire'' des uns, et leurs alliés, est opposé aux traditionnelles récriminations des autres, qui pensent que l'opposition c'est critiquer le clan du pouvoir, et non pas, au contraire, produire un discours et un programme politique, économique et social qui fasse la différence au moment du choix des électeurs.

Non, ici, on assiste à un pugilat irréel entre partis du pouvoir et d'opposition par médias interposés, sans ancrage véritable sur les attentes des électeurs, sur leurs espoirs d'une prise en charge de leurs besoins autant économiques et culturels que d'une vie débarrassée des discours politiques lénifiant, sans lendemains, creux et démagogiques. Et, au final, l'électorat est une fois encore groggy, ne sachant pas vraiment pour qui voter, pour qui donner un bulletin, sa voix.

Les partis engagés dans ces élections, ceux proches du pouvoir comme ceux d'opposition, doivent proposer des programmes qui ouvriraient la voie à des solutions urgentes, applicables et possibles pour mieux gérer les cinq années de la prochaine législature. Et, surtout, produire une alternative au désespoir social actuel et faire de ces législatives 2017 le début de la bonne gouvernance et la fin de l'ère de la démagogie, des discours creux de leaders politiques dépassés par l'ampleur des défis auxquels leur pays doit faire face. Sans invoquer à chaque échéance électorale ou politique d'importance pour la Nation, comme pour circonscrire une malédiction, le ?'passé révolutionnaire''.