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Visite du Premier ministre dans la wilaya d'El Oued: Sellal accuse des agriculteurs de Aïn Defla

par Notre Envoyée Spéciale A El Oued : Ghania Oukazi

  Le 1er ministre a donné instruction aux dispositifs publics d'aide à l'emploi pour financier en priorité les investissements dans le secteur de l'agriculture.

Il dénoncera en parallèle le dictat des agriculteurs de Aïn Defla qui, dit-il, «stockent pour jouer sur les prix».

Abdelmalek Sellal a mis hier à El Oued le cap «économique» essentiellement sur l'agriculture. Il donnera une instruction ferme à l'ANSEJ, la CNAC et l'ANGEM pour accorder des financements particulièrement aux jeunes porteurs de projets dans le secteur. Les égards de l'Etat sont pour cette fois accordés aux adhérents de la jeune et fraîche fédération nationale des jeunes entrepreneurs (FNJE) dont le nombre a déjà atteint des niveaux importants. Créée certainement pour «contrer» les visées «expansionnistes» de «Djil FCE», la FNJE a, pour rappel, organisé il y a quelques jours à Alger les assises des petites entreprises. Les organisateurs en avaient ramené 1.000, un chiffre effarant pour une entité qui a été créée seulement à la fin de 2016. Hier, elle a plaidé à partir d'El Oued la cause de 2.000 entreprises prêtes à s'organiser en un village agricole pilote, le premier du genre après ceux de la même appellation mais érigés en habitats ruraux par la révolution agraire dans les années 70.

Guidés par leur président, Kheiredine El Hamel, présent à El Oued, les 2.000 jeunes entrepreneurs ont eu déjà l'accord du 1er ministre d'acquérir plus de 5.000 hectares dans la commune de Mghir pour la production des cultures maraîchères avec en prime l'ouverture de chambres froides pour leur stockage et conditionnement. «Nous vous aiderons, pour l'acquisition de la terre, l'électrification des périmètres et l'eau, prenez des contrats avec des entreprises pour assurer le marché et foncez !», leur dit Sellal. Il leur recommandera cependant de produire pour l'exportation. «La production devra être commercialisée directement à l'étranger, dès maintenant, trouvez un partenaire étranger», leur suggère-t-il.

«Les agriculteurs de Aïn Defla stockent pour jouer sur les prix»

Le 1er ministre rebondira sur la question du stockage pour pointer d'un doigt accusateur «les groupes d'agriculteurs de Aïn Defla qui stockent de grandes quantités de pommes de terre juste pour jouer sur les prix, ce n'est pas normal !». Pour lui, «les gens ne jouent pas leur rôle de régulateur du marché, ils stockent mais ne sortent pas la marchandise au moment voulu pour casser les prix, ils font tout le contraire». Abdelmalek Sellal a fait savoir durant sa visite que l'Algérie a signé une convention avec les Russes pour l'exportation de la tomate cerise ainsi que d'autres produits agricoles. «Les Russes prendront en charge le transport des exportations algériennes», a-t-il indiqué. L'Algérie vendra, selon lui, aussi la tomate cerise à la chaîne américaine McDonald. «Le contrat est en cours de finalisation», assure-t-il. Il estime alors que «la production agricole nationale devra se faire selon les normes universelles, en termes de calibre, en qualité et doit être bio».

Le 1er ministre visitera un complexe de conditionnement et du froid de 20.000 m3 d'une entreprise publique. Construit avec une expertise espagnole, le complexe fait partie des 50 prévus à travers le territoire national à l'horizon 2020 mais dont 9 sont déjà en exploitation dans certaines wilayas comme Tiaret, Ghardaïa et Laghaout.

L'on apprend au passage que la région d'El Oued cède l'ail à 200 dinars seulement alors qu'à Alger, il en a atteint les 1.900. «Ce sont les commerçants de Boumerdès et ses environs qui viennent chercher l'ail chez nous à des prix très raisonnables mais ils le vendent excessivement chers?», nous renseignent des agriculteurs.

«Pas plus de R+1 au Sahara et encore !»

Lors de son inauguration d'une nouvelle cité de 1.700 logements à El Oued, le 1er ministre sera mécontent de ne pas voir érigée une place publique. «Où est la centralité ?» interroge-t-il le chef de projet. Cette fameuse centralité, Sellal l'a revendiquée tout au début de ses premières visites à travers le territoire national. Il semble en faire un véritable point de fixation tant il la réclamait à chaque fois qu'il inspectait une nouvelle cité de logements. «Nous avons pris un décret, donné des orientations pour que la centralité soit construite dans toutes les cités», a-t-il dit au chef de projet. Bien qu'il la demande depuis des années, il semble que les promoteurs dans le secteur de l'habitat l'ignorent carrément dans leurs projets. Sellal n'en démord pas. Il y tient fermement quitte à faire refaire les travaux même s'ils sont achevés. Il a même demandé à certains d'entre eux de détruire ce qu'ils ont construit et tracer la centralité. «Si les jeunes veulent manifester, ils le feront au niveau de cette centralité, comme ça ils ne casseront ni cafés ni administrations», avait-il souligné un jour dans l'une des wilayas du pays. «Refaites le dossier, remettez-le au ministère de l'Habitat et corrigez les imperfections du projet», recommande-t-il au promoteur d'El Oued. Il lui reprochera en même temps le style d'architecture qui selon lui ressemble à celui de la Casbah «mais en plus grand, ça ne donne rien ». Sellal ne sera pas content non plus de voir des constructions R+2. «On est au Sahara, c'est définitif, il ne faut plus le refaire, peut-être R+1 mais pas plus, et encore !», recommande-t-il mécontent.