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Alors que la livraison totale du 5ème périphérique est prévue en juin: Mise en service du tronçon El Kerma-Sidi Chahmi annoncée pour début mars

par Houari Saaïdia

  Juin 2017 est l'échéance annoncée pour la livraison du 5ème périphérique. C'est plausible à en juger par le taux d'avancement actuel, qui est de 85% pour la partie « route » et 75% pour la partie « ouvrage d'art ». La défiance reste de mise tout de même, tant les désillusions vécues, en ce chantier comme ailleurs, forment une longue série.

Pour le cas de la 2ème rocade, il existe une sorte de pré-test de crédibilité de l'engagement, à savoir la promesse donnée par le maître d'ouvrage, l'Agence nationale des Autoroutes (ANA), avec la DTP comme assistante, par devant le ministre du secteur, lors de sa récente visite, le 7 février. En effet, Boudjemaa Telaï est reparti, alors, avec l'entière assurance que le tronçon El Kerma-Sidi Chahmi allait être ouvert à la circulation, dans un mois. Il ne restait en fait qu'un passage supérieur à double travée de 30 m, à achever dans l'intervalle pour livrer et mettre en service cette petite section, un des 5 lots routiers de la première tranche de la future 5ème couronne, longue de 21 km sur un linéaire total de 35 km. En accordant un délai d'un mois pour ce faire, le ministre des Travaux publics et des Transports a, à vrai dire, fait montre de beaucoup de souplesse. Dans l'idée, le fait d'insister sur la mise en fonction d'un segment, aussi petit, soit-il, a pour but d'inaugurer et de rendre utile, par parties, cette infrastructure autoroutière qui n'a que trop durer, sans devoir attendre l'achèvement total du projet. Cela a pour objectif, également, de stimuler et mettre sous pression les autres intervenants, notamment pour les lots les moins avancés, en les mettant devant le fait accompli, c'est-à-dire la desserte qui est déjà opérationnelle et qui ne peut plus s'accommoder de délai supplémentaire.

Quand les contractants se prévalent des impayés, depuis 2 ans

Cependant, le gros problème, autant pour le 5ème périphérique que pour les autres projets (pénétrante du port, liaison RN2-corniche supérieure via l'échangeur de Mers El-Kébir, trémie de Haï Yasmine sur le 4ème BP, pour ne citer que ces chantiers), reste le non-paiement des situations dues aux entreprises de réalisation et les bureaux de suivi, dont bon nombre d'entre eux font état d'impayés datant de 2 ans. Le ministre a été, d'ailleurs, interpellé dans ce sens par l'un des opérateurs du 5ème périphérique, et le moindre qu'on puisse dire c'est que cela l'a mis dans une position moins confortable, en tout cas, pour continuer à tarabuster les intervenants. Après une suggestion, « juste pour plaisanter » comme il a tenu à le préciser, lors du point de presse tenu en fin du programme de visite, à travers laquelle il a invité les entrepreneurs concernés à faire pareil que leurs confrères de Sétif qui avaient pris sur eux, de leur propre initiative et à leurs propres frais, le parachèvement d'un projet pour l'équivalent de 3,5 milliards de DA, le ministre a rassuré les requérants qu'ils auront leurs redevances, en fonction des disponibilités financières. Au même titre que la pénétrante du port, le 5ème périphérique, dit, aussi, la 2ème rocade, assume bien son statut de « projet structurant ». Or, si l'on est, côté maître d'ouvrage, surtout très à l'aise pour plaider la pertinence et la multi-fonctionnalité de cette « infra », on l'est beaucoup moins pour justifier le gros retard dans la livraison du projet.

Une échéance en chasse l'autre

Annoncée pour juin 2016, la livraison de la 1re tranche de cette 5ème boucle, pour un AP final de 10,3 milliards de DA, a été donc reportée à la mi-2017. Sera-t-on au rendez-vous après ce décalage ? Rien n'est moins sûr. Sans préjuger de l'efficacité des mesures prises pour accélérer le rythme de réalisation après le glissement dans le planning, force est de constater que le retard est devenu la règle générale, en matière d'infrastructures routières, à Oran. L'exception à cette règle, ce n'est pas : « livraison à temps », puisque aucun projet sectoriel n'a respecté son délai contractuel, mais plutôt : « léger retard ». Les cas de glissement de délai, atteignant parfois plusieurs années, sont tellement récurrents que la crédibilité des organismes officiels, et par effet d'entraînement celle des pouvoirs publics -locaux comme centraux- a été mise à mal. En fin de compte, toute échéance est à prendre avec des pincettes. Néanmoins, et cela est logique, le déphasage enregistré dans l'exécution du 5ème boulevard périphérique n'enlève en rien son importance et son rôle multi-fonctionnel. Etant la plus excentrée des boucles ceignant la ville (par rapport aux 4 périphériques, déjà existants), la 2ème rocade-sud d'Oran est la seule à joindre d'un seul trait l'Est (Belgaïd) et l'Ouest (Misserghine) et à raccourcir, au maximum, les distances de banlieue à banlieue, tout en ayant un impact sûr en termes de synergie et de développement, notamment de par l'enrichissement urbain qu'elle entraînerait sur les périmètres qu'elle traversera. Pour les spécialistes en BTPH, quelques chiffres-clés permettent d'apprécier la dimension de cette grande infrastructure routière : il est question d'un volume de 4,2 millions de m³ de remblai, 460.000 m³ de déblai, 400.000 tonnes de grave bitume (GB) et de bitume bitumineux (BB), avec en amont, 11 ouvrages d'art en béton précontraint pour une fondation de 13 m.

Ce sont, entre autres, les raisons pour lesquelles ce grand périphérique est constamment présent en tête d'affiche, tant à l'occasion des rencontres tenues sous la coupole de l'Hémicycle, des workshops et des forums ouvrant des horizons sur la métropolisation d'Oran, qu'au détour des visites gouvernementales, de haut rang, effectuées dans la capitale de l'Ouest.

Le 5ème Périphérique : une métamorphose

«C'est une grande valeur ajoutée pour Oran», observe un cadre ingénieur des Travaux publics, qui compare ce ruban de 35 km à une veine qui transporte du sang des organes et des tissus (périphérie) vers le cœur (le centre-ville), l'assimilant aussi à un moteur de croissance économique. Il n'exagère en rien. Sa remarque n'est en fait qu'une métaphore d'éléments techniques. En effet, et cela constitue, d'ailleurs, les motifs mis en avant pour justifier l'opportunité et la faisabilité de ce projet, inscrit dans le cadre du PCSC (Programme complémentaire de soutien à la croissance), exercice 2011, pour sa 1re section Belgaïd-El Kerma, sur 26 km, cette 2ème rocade a pour vocation de relier les différentes communes de la région par la bretelle autoroutière d'Oran, d'assurer le raccordement avec la (future) liaison autoroutière, entre le port d'Oran et Belgaid, de connecter la partie-est de la ville à sa partie-ouest, en desservant 7 agglomérations (El Kerma, Sidi Chahmi, El Braya, Hassi Bounif, Sidi El Bachir et Belgaid). A cela s'ajoutent deux éléments-clés. Premièrement, ce segment autoroutier assure, en plus de sa fonction de transit, un rôle d'axe structurant de la zone d'expansion urbaine, industrielle et touristique de l'agglomération d'Oran, orientée vers sa zone-est. Deuxièmement, ce projet constitue une pénétrante autoroutière, sachant que la 2ème rocade se raccorde avec la bretelle autoroutière d'Oran au PK0+600, assurant ainsi des échanges rapides entre la région-ouest et l'Autoroute ?Est-Ouest'.