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Les sentiers de l'incertain

par Moncef Wafi

Quelle alternative peut offrir l'opposition en Algérie ? La question est un leitmotiv de disgrâce brandi par les partis politiques inféodés à El Mouradia comme une preuve de l'inutilité et surtout de la dangerosité de leurs pairs de l'autre côté des tranchées. Elle passe aussi en boucle parmi les petites gens, ces électeurs de base dont on se souvient à l'approche des rendez-vous électoraux. Qu'a à offrir l'opposition ? Rien ou si peu. Aucun programme identifiable, des propositions fantaisistes basées sur des supputations personnelles, une guerre d'ego et particulièrement cette proximité douteuse avec les arcanes du pouvoir central ou de ses relais. Notre propos n'est pas de diaboliser ou de charger cette opposition devenue plus utile au régime, lui donnant l'illusion d'une véritable démocratie, qu'au peuple algérien à qui elle doit proposer autre chose. Une opposition dont les figures emblématiques n'ont rien à envier aux portraits officiels de l'Algérie d'en haut. Des meetings aux relents populistes, la population en moins, empaquetés dans un folklore kitsch aussi désuet que malvenu. Empêtrés dans la recherche d'une légitimité de leadership, ces chefs et SG de partis ne sont d'autres qu'un alibi d'apparat dans le discours officiel. Un simple faire-valoir faisant office d'un contre-pouvoir de façade, sans réelle représentation sociale ni ancrage populaire. Hormis les islamistes, par tradition, les autres partis peinent à remplir même une petite salle, préférant jouer les prolongations qu'obliger leurs chefs à discourir devant un parterre clairsemé. Et les exemples sont légion. Aujourd'hui, on est plus proche d'une configuration d'une multitude de sigles politiques stériles que d'un multipartisme basé sur des fondations intéressantes. Le régime en place a tout fait pour émietter ces partis-bastions en les infiltrant, en organisant des putschs de l'intérieur et en les implosant pour disperser leurs militants sur un ensemble d'autres partis fantoches. Aujourd'hui, on est devant une bantoustanisation du paysage politique pour mieux absorber ce vivier militant qui risque de jouer les trouble-fêtes. Aujourd'hui, aucune formation politique ne peut se prévaloir de mobiliser les foules ni de rallier les Algériens à un mot d'ordre en présence du plus puissant parti : l'Administration. Alors, quand on entend ces leaders appeler à participer aux élections tout en reconnaissant que le système des quotas est immortel, il est à se demander, naïvement, où va cette sacrée opposition ?