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Ces minorités syriennes dont le sort n'apitoie plus l'Occident

par Kharroubi Habib

Parmi les raisons invoquées par les Occidentaux en faveur d'une intervention militaire internationale en Syrie, celle d'empêcher l'extermination des minorités ethniques ou religieuses existant dans le pays a été à un moment, il faut s'en souvenir, la plus médiatiquement mise en avant. Force est de constater que leur préoccupation du sort de ces minorités c'est fortement estompée dès lors que celles-ci, la minorité chrétienne en premier, sont devenues critiques contre le soutien que les puissances occidentales ont octroyé à une rébellion dont le projet est justement de «purifier» la Syrie de leur présence.

Pour avoir dénoncé ce fait elles ont été assimilées au camp des partisans du régime de Bachar al-Assad et ont fait s'attiédire la sollicitude inquiète que ces puissances ont manifestée à leur endroit. Leur position ayant consisté à alerter que les «rebelles» pour lequel l'Occident a pris fait et cause contre le régime sont ceux-là mêmes qui s'en prennent à elles et les massacrent pour le seul fait qu'elles sont des minorités, les a rendus coupables de sympathie à l'égard de ce régime et donc hostiles au but ultime de l'intervention militaire internationale projetée : sa chute et l'arrivée au pouvoir de rebelles sponsorisés par la coalition qui la mènerait.

Ces minorités sont bien placées pour savoir que ce qui les attend au cas où la rébellion syrienne, telle qu'elle s'est révélée être et ce dont plus personne ne doute, est au mieux la fin de leur présence en Syrie par leur exode forcé en dehors du pays et plus sûrement leur extinction par voie génocidaire, ce qui est entrepris là où cette rébellion a pris le contrôle de zones ou elles vivent.

Les minorités en Syrie ne vivent pas au paradis sous le régime de Bachar al-Assad. Comme le reste du peuple syrien elles sont soumises à sa poigne de fer et sous sa brutale coupe. Ce que ce régime leur impose il y contraint l'ensemble des Syriens et l'on comprend que, comme ces derniers, elles aspirent elles aussi au changement et à l'avènement d'un pouvoir moins totalitaire que celui exercé par Bachar al-Assad et son régime. Sauf qu'elles sont désormais franchement contre ce changement que les Occidentaux s'entêtent à vouloir en misant sur une rébellion qui démontre qu'elle a décidé d'expurger le pays de ces minorités. Leur cri d'alarme contre le devenir que leur prépare le dessein politique tracé pour leur pays par les puissances qui soutiennent la rébellion armée anti-régime sont inaudibles car ayant le tort de dévoiler le cynisme de ses concepteurs. Leur cynisme n'est pas une nouveauté ; il s'est à chaque fois vérifié quand l'Occident découvre qu'il y'a nécessité pour ses intérêts géopolitiques de remodeler la carte du Moyen-Orient.

Ce qu'il entreprend de faire en commençant par verser des larmes apitoyées sur le sort des minorités de la région et à se présenter dans la posture de leur défenseur naturel. Mais peu lui importe au final qu'elles soient broyées dans l'opération. C'est ce qui attend ces minorités si son sinistre plan aboutit.