Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Enième protesta des habitants du hameau Bastian à Mers El Kébir: Les manifestants en colère bloquent la RN2

par Rachid Boutlélis

Une fois de plus les habitants du hameau communément appelé Bastian ont manifesté leur courroux, dans la matinée d'hier et ce, en bloquant la RN2 à proximité de la Station d'essence de Mers el Kébir. En effet, les manifestants en colère, domiciliés, pour la grande majorité, au lieu-dit, Bastian, en référence à un ru, traversant le regroupement de maisonnettes rudimentaires, qu'ils occupent depuis près de trois décennies, situé sur les hauteurs de la municipalité de Mers El Kébir, ont utilisé différents objets hétéroclites pour bloquer la circulation, en contrebas du quartier de Roseville durant une partie de la matinée d'hier, et ce, au grand dam des usagers se rendant à leurs lieux de travail, à Oran, qui se sont retrouvés piégés, dans un bouchon monstre.

Les mécontents ont dénoncé leur marginalisation, dans les dernières distributions des quotas de logements sociaux et ce, en dépit soulignent-ils « des promesses formulées, quelques mois auparavant, par la wilaya d'Oran lorsque leurs représentants ont été reçus après un autre mouvement de protestation similaire ». Ils ont, notamment, fait remarquer « que les engagements ne soient pas honorés à ce jour ». Les manifestants ont ainsi réitéré les mêmes revendications, hier, en lançant, une fois de plus, un appel pressant au wali d'Oran. Notons que la prompte intervention des forces de police s'est soldée par la maîtrise de cette situation qui risquait de basculer vers l'irréparable. Notons, selon le constat établi sur les lieux, par ?Le Quotidien d'Oran', le hameau Bastian, qui est constitué de 27 maisonnettes rudimentaires, essentiellement construites de parpaings et de tôles ondulées, s'étend en contrebas d'une petite route franchissant, partiellement le lieu-dit ?Sardina'. Pour y accéder, on doit emprunter un petit sentier en terre battue, dissimulé par d'abondants feuillages d'arbres, qui longe, en amont, une rigole d'eaux usées, véritable source de maladies où se reproduit une diversité d'espèces d'insectes, et en aval l'oued Bastian où se logent toutes sortes de reptiles.

C'est, également, le lieu où viennent s'abreuver, à la tombée du soir, des meutes de sangliers. L'odorat est vivement agressé par la puanteur insupportable émanant, notamment, des eaux usées mélangées à l'eau noircie de cette petite rivière qui charrie des détritus et sort de son lit chaque hiver pour envahir les petites habitations. Les forts effluves provenant de la briqueterie qui surplombe ce hameau, ajoutent leur grain de sel, en embaumant, encore un peu plus cet air presque irrespirable. L'étroitesse de la piste qui permet d'accéder à ces lieux est inaccessible à n'importe quel véhicule et rendent, ainsi, une évacuation d'urgence quasiment impossible, pour une ambulance. Un unique poteau électrique éclaire une infime zone où les maisonnettes sont blotties les unes contre les autres, accrochées, de part et d'autre, du ru Bastian, à de petits monticules de terres humides, qui risquent à tout moment de s'effondrer. De vulgaires planches en bois sont disposées transversalement pour permettre de passer à l'une ou l'autre rive.

Un peu plus d'une année auparavant, une septuagénaire, dont le domicile se trouve juste sous la briqueterie, a succombé à une fibrose, après une longue maladie et ce, suite à l'inhalation, des années durant, des fortes émanations de cuisson du ciment et de la chaux, nécessaires à la confection de la brique. «A la veille de chaque campagne électorale pour les législatives, particulièrement, on nous fait miroiter la possibilité d'être relogés dans le but évident de nous convaincre à donner nos voix. Puis, plus rien du tout.

On nous oublie carrément jusqu'aux prochaines élections. Nous sommes las des promesses qui n'ont jamais été tenues», s'est insurgé un habitant de ce bourg, recensé en 2007, puis en 2008, dont les pistes, serpentant entre les habitations, se transforment, durant la période des pluies, en de véritables marécages, à la faveur du débordement de l'oued Bastian. Notons que le hameau Bastian est sorti de l'anonymat une année plus tôt, à la faveur d'une autre protesta qui a failli basculer vers l'irréparable, orchestrée par ses habitants pour exprimer leur ras-le-bol et attirer l'attention des autorités sur leur situation de déliquescence.