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Merkel et nos harraga

par Moncef Wafi

L'Algérie rattrapée par ses sans-papiers, c'est un peu le résumé de l'offensive allemande pour se débarrasser des harraga nationaux qui ont posé pied en Allemagne, profitant de ses largesses migratoires et de la terre d'asile qu'elle n'est plus. Merkel, mise devant le choix de poursuivre sa carrière politique ou de renvoyer chez eux les «voyous» maghrébins, n'a pas trop hésité. Et sa diplomatie le fait savoir.

Si Berlin a quelque peu musclé sa politique d'asile, elle ne veut plus être attaquée sur la question des clandestins venus d'Algérie, de Tunisie et du Maroc et s'emploie à convaincre ses partenaires maghrébins de jouer le jeu. Les Algériens comme les Tunisiens et à un degré moindre les Marocains se défendent comme ils peuvent, confrontés à la question de savoir est-ce qu'il s'agit réellement de leurs ressortissants ou pas. L'Allemagne de Merkel est devant le fait accompli d'un délit de faciès, procédé français par définition, ou de se voir débordée sur ce dossier et courir le risque de perdre des élections à cause de procédures administratives complexes.

Qu'a à offrir la chancelière allemande aux trois gouvernements ? Des contrats et privilégier des intérêts économiques pour acheter sa «paix sociale» ou hausser le ton et procéder à des expulsions en actionnant le bras de la justice. Le choix est cornélien dans un pays qui respecte les fondamentaux démocratiques et il est fort à parier que la compréhension des trois capitales ne soit sollicitée. Lors de la visite du Premier ministre algérien en Allemagne, Sellal avait donné des assurances de rapatriement pour peu que l'identité de l'émigré soit formellement établie. Le Tunisien Youssef Chahed est moins engagé, affirmant que son pays n'a rien à se reprocher.

Des attitudes qui n'engagent certainement pas à l'optimisme côté allemand puisque aucune assurance ne lui a été donnée formellement pour clore ce dossier à fort risque électoral. Pourtant, l'option américaine et ses menaces de représailles contre les pays qui ne rapatrient pas leurs clandestins est présente dans tous les esprits, mais n'est pas Trump qui veut.