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Deux volontés belliqueuses se concertent à Washington

par Kharroubi Habib

A Washington où il est arrivé hier mardi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu sera reçu aujourd'hui à la Maison Blanche par le président Donald Trump puis aura une série d'entretiens avec le gratin de l'administration américaine mise en place par ce dernier. Netanyahu se trouve dans la capitale américaine avec pour objectif de capitaliser au profit de son pays les marques de soutien inconditionnel que lui a prodiguées le successeur de Barack Obama.

Ce qu'il est parti chercher chez Trump et auprès de son administration c'est essentiellement que soit réaffirmée l'alliance « insoluble » liant les deux pays qui de son point de vue aurait été distendue par les réserves et critiques sur la politique israélienne qu'ont exprimées en certaines occasions Barack Obama et son équipe. Les deux dossiers sur lesquels Netanyahu testera la réalité du soutien inconditionnel à Israël promis par les nouveaux dirigeants américains sont ceux de la poursuite de la colonisation juive en territoires occupés palestiniens et du nucléaire iranien. A s'en tenir aux déclarations et gestes auxquels ces deux dossiers ont donné lieu de la part du nouveau président avant et après son investiture, il est clair que le Premier ministre sortira réconforté de son entrevue avec lui et par ses entretiens avec les membres de son équipe dont les plus influents entretiennent une relation spéciale et quasi fusionnelle avec l'Etat sioniste.

Sur le dossier de la politique israélienne, le président américain contrairement à son prédécesseur n'est pas contre la poursuite de la colonisation qui est son axe directeur. Ce qu'il a signifié en estimant qu'elle ne remet pas en cause le processus de paix au Proche-Orient. Il a tout juste admis qu'elle rend plus « complexe » son redémarrage. Ce que la droite et l'extrême droite qui gouvernent Israël ne se sont pas fait faute de considérer comme un signal l'encourageant à ne pas s'inquiéter de la réprobation internationale qui s'élève contre Israël causée par l'extension de la colonisation juive qui prend l'allure d'annexion inéluctable des territoires palestiniens.

Les Palestiniens n'ont rien de bon à attendre de la rencontre Trump-Netanyahu. Le président américain conseillera tout au plus à son hôte israélien de ne pas céder aux pressions de sa majorité qui exige de lui ni plus ni moins qu'il dénonce franchement les accords d'Oslo et les résolutions internationales ayant fixé pour solution au conflit israélo-palestinien celle des deux Etats et de continuer à faire semblant de vouloir celle-ci mais en étant assuré que l'Amérique fera le nécessaire pour que son éventuelle matérialisation sera aux conditions d'Israël.

Sur le dossier du nucléaire iranien l'entente américano-israélienne va apparaître totale tant Trump et Netanyahu sont au diapason dans leur attitude à l'égard de la République islamique. Les deux ont été vent debout et avec véhémence contre l'accord ayant été conclu par les « cinq+un » et Téhéran et le rapprochement américano-iranien auquel il a donné lieu. Raison qui a fait que Trump aussitôt investi a ouvert une nouvelle crise irano-américaine prétexte à remettre sur le tapis l'accord sur le nucléaire iranien qu'il a promis de « déchirer ». Feu de crise sur lequel bien entendu Netanyahu jette de l'huile en espérant qu'elle prenne une tournure qui autoriserait Israël à entreprendre son dessein agressif contre la République islamique pour en finir avec la prétendue menace nucléaire que cet Etat ferait peser sur lui.

Deux volontés misant sur la force, la provocation et le mépris du droit et de la légalité internationaux se rencontrent à Washington et ce n'est assurément pas pour chercher à apaiser les tensions internationales mais pour affirmer qu'elles sont solidaires dans les aventures qu'elles décideront d'entreprendre.