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Après l'incident d'Accra: L'image du football national de nouveau ternie

par Kamel Mohamed

Le football algérien est devenu une honte pour le pays, après avoir porté haut et fort le drapeau algérien durant la Révolution, mais aussi dans les années 1980 et 1990. Il faut dire que depuis le désengagement des entreprises nationales et de l'Etat en 1989, le football algérien a été abandonné pour être envahi par une race de dirigeants qui, au lieu de se comporter tels des éducateurs comme leurs prédécesseurs, ont fini par former des joueurs voyous. En privilégiant l'esprit mercantile au détriment de l'éducation et la formation, ces dirigeants sont parvenus à ternir le football national et produire des joueurs qui s'adonnent au dopage, l'alcool et la consommation des stupéfiants. Aujourd'hui, ce sont ces joueurs qui ternissent l'image de l'Algérie et du football algérien à l'étranger.

L'incident qui s'est produit dimanche à Accra lors du match de la coupe de la CAF Bechem United (Ghana) - MC Alger (2-1), a porté un coup dur à l'image du pays. L'entraîneur du MCA Kamel Mouassa s'est accroché avec son joueur Abdelmalek Mokdad qui lui a manqué de respect en lui assénant des propos obscènes. Alors que le match se déroulait sur le terrain, l'arbitre a dû interrompre la rencontre afin de permettre aux agents de la police ghanéenne d'intervenir pour ramener le calme dans le banc algérien. L'ambassadeur d'Algérie au Ghana a déploré ce comportement qui n'honore nullement l'Algérie. Ces images de la honte feront certainement le tour du monde et le buzz sur la toile, donnant ainsi une image malheureusement exécrable de l'Algérie. Si sur le plan sportif le premier responsable du MCA, Omar Ghrib a annoncé qu'il radiera Mokdad, il faut relever que les dirigeants actuels du Mouloudia avaient tout fait pour recruter ce joueur. Mokdad était au RC Arba et c'est le MCA qui lui a permis de relancer sa carrière. Il s'était déjà distingué par ses comportements négatifs, sans que la direction n'intervienne. Cette situation d'impunité semble se généraliser à un grand nombre de clubs algériens. C'est le cas de la JS Kabylie dont deux joueurs s'étaient accrochés, vendredi dernier au Libéria, lors du match perdu par leur équipe devant MC Breweries à Monrovia (3-0) pour le compte du tour préliminaire de la coupe de la CAF. Le joueur Saadi Redouani avait accusé son coéquipier Koceila Berchiche de l'avoir «insulté et craché sur lui au stade en plein public».

Ces comportements sont banalisés dans les clubs algériens puisque le gardien de but de l'USM Alger, Mohamed Lamine Zemmamouche s'était accroché, vendredi dernier à l'aéroport de Constantine, avec son coéquipier Benmoussa, après la défaite contre le CSC en championnat de Ligue 1. Pis encore, lors du stage effectué par l'USMA en janvier dernier à Sousse (Tunisie), les dirigeants de l'équipe étaient sidérés de découvrir dans les chambres de certains joueurs des bouteilles d'alcool et des stupéfiants. En ce sens, l'entraineur de l'USMA, le Belge Paul Put prépare d'ores et déjà son départ après avoir adressé son CV à la fédération rwandaise de football qui a lancé un appel à candidature pour recruter un sélectionneur national. Des joueurs d'autres clubs ont été déjà suspendus par la FAF pour dopage et consommation de produits prohibés.

Des bouteilles d'alcool et du cannabis ont été découverts dans les véhicules de ces joueurs qui n'ont pas été inquiétés. Ils ont été sanctionnés sportivement, alors qu'ils sont coupables de délit relevant du droit pénal. L'équipe nationale n'est pas en reste puisque des joueurs dont le comportement demeure déplorable, avait contraint l'ex-sélectionneur national, le Serbe Milovan Rajevac à fuir l'Algérie. Rajevac avait raison de demander au président de la FAF de renvoyer un nombre de joueurs de l'équipe nationale pour rebâtir un autre groupe. Il avait constaté qu'avec ces joueurs, l'équipe nationale est vouée à l'échec, ce qui s'est confirmé à la CAN-2017. Avec cette nouvelle race de dirigeants et des joueurs au comportement regrettable, le football algérien est devenu une discipline sans morale.