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Alger relève le défi d'éteindre l'incendie libyen

par Kharroubi Habib

Comme tend à le prouver le défilé à Alger des acteurs libyens en conflit, la médiation algérienne ne soulève pas d'opposition parmi eux, rassurés qu'ils seraient que l'Algérie se plaçait véritablement à équidistance de toutes les parties libyennes en conflit. Cette confiance dont elle bénéficie, l'Algérie en use pour tenter de convaincre ces parties libyennes à retourner à la table de négociation pour amender et parfaire les accords parrainés par l'ONU ayant conduit à la formation du gouvernement d'union nationale présidé par Fayez El Sarraj.

Ces accords ont été rendus caducs par le fait qu'ils n'ont pas mis fin à l'état de belligérance entre les protagonistes du conflit et ce pour la raison que le GNA qui en est issu n'est pas parvenu à asseoir son autorité sur tout le territoire national libyen, contesté qu'il est par les forces placées sous l'autorité du Parlement de Tobrouk et du maréchal Khalifa Haftar qui lui disputent la légitimité du pouvoir dans le pays. Partant de cette réalité, l'Algérie a adopté la démarche consistant à faire admettre aux parties libyennes la nécessité de « cesser le langage des armes et de s'inscrire dans la démarche politique menant vers un partage équitable du pouvoir ». Ce sur quoi elles ne pourront s'entendre qu'en engageant un dialogue libyo-libyen en dehors de toutes interférences et ingérences étrangères.

Ces interférences et ingérences étrangères, la diplomatie algérienne s'est fixé pour but de les neutraliser en faisant cautionner internationalement sa médiation et à la faire accepter par les Etats susceptibles d'y avoir recours pour faire prévaloir les intérêts du camp libyen ayant leur faveur. Tout en recevant les protagonistes de la crise libyenne et en jouant l'intermédiaire « équidistant » entre eux, l'Algérie a approché et semble-t-il rapproché les parties étrangères impliquées en faisant valoir que la poursuite de ce conflit est préjudiciable pour toutes, même pour celles qui pensent en tirer profit.

La médiation algérienne s'est substituée à celle de l'ONU non pas pour exclure celle-ci de la recherche d'une solution au conflit libyen mais parce que la sienne a montré ses limites alors qu'il y a urgence à éteindre l'incendie en Libye dont certaines dispositions arrêtées dans les accords auxquels elle a donné lieu risquent de raviver avec pour conséquence de dangereuses répercussions sur la sécurité des Etats voisins de la Libye, celle de la région et même au-delà de celle-ci. Pour l'Algérie, la résolution de la crise libyenne est une véritable cause nationale au regard de ce qu'elle fait peser de menaces pour sa propre sécurité nationale. Menaces que confirment les résultats des opérations menées par le dispositif mis en place par l'ANP aux frontières sud du pays se traduisant par les découvertes de nombreuses caches d'armes, certaines recelant d'authentiques arsenaux dont la provenance est indubitablement la Libye où règne le chaos.