Jugée à
l'aune des récits qu'on donne sous d'autres cieux, sous des plumes mal
inspirées, l'Algérie se porte très bien. Comment peut-il en être autrement
lorsque des titres impressionnants de la presse mondiale s'intéressent à la
pénurie de ?zetla' dans les rues d'Alger, s'apitoyant
sur le sort des fumeurs de joints qui se trouvent en manque de drogue depuis
quelques semaines. Quelle tristesse ! Les récits à propos de cette pénurie,
relayés à travers de nombreux titres de la presse française, parlent de la
pénurie de ?zetla' comme on traiterait un sujet se
rapportant à un droit fondamental humain. D'ailleurs, on a l'habitude de monter
au créneau pour dénoncer le manque de respect aux droits de l'homme et autres
libertés civiques en Algérie. Mais là, on est vraiment réduit à chercher des
poux dans la tête d'un chauve. Que la drogue se raréfie, c'est une bonne chose
pour les Algériens. On n'a pas à se plaindre de cette pénurie, bien au
contraire. Et que les ?zatalgia', s'ils ont à se
plaindre de ce manque, aillent s'installer chez le voisin de l'Ouest qui nous
fourgue toute la marchandise de poison. Plus de 74 % du cannabis des 160 tonnes
saisies en 2016 proviennent du Maroc, premier producteur de cannabis, avec
l'Afghanistan, selon l'Office des Nations Unies de lutte contre la drogue et le
crime. Pourtant, il est clair que le succès dans la lutte contre la drogue ne
peut être attribué qu'au renforcement du dispositif sécuritaire aux frontières.
Un renforcement qui n'est pas mis en place spécialement pour limiter le transit
des cargaisons de drogue, mais cela se loge dans la même logique de la
sécurisation globale des frontières face aux risques multiples qui entourent
l'Algérie. Non, il n'y a rien à dire, l'Algérie est dans la bonne direction si
l'on se fie à de tels récits qui s'émeuvent de la situation des ??rouleurs de
joints'', comme on le ferait pour des populations touchées par la faim. Ne
trouvant pas quoi redire sur un pays qui a, quand même, résisté à tant de
tempêtes, les faiseurs de printemps semblent être en manque, eux, d'imagination
et d'inspiration. Il y en a même parmi ces derniers qui, ne trouvant également
rien à se mettre sous la dent, sont revenus dans leurs analyses sur le risque
d'embrasement du Sud, se référant à l'histoire ancienne des manifestations de
chômeurs à Ouargla et autres sit-in à In Salah contre l'exploitation du gaz de
schiste, ou encore Ghardaïa. C'est vrai que le sud du pays a vécu une vive
tension, mais le calme est revenu dans les régions dont on parle, pourquoi alors
revenir avec du réchauffé ? Est-ce qu'on ne tenterait pas de pousser les
toxicomanes à se révolter contre cette pénurie de ?Zetla'
et les autres à revenir ? On ne peut comprendre qu'une explication à ces
analyses : on regrette terriblement que les choses se soient tassées dans ces
régions. L'Algérie ne se porte pas aussi mal qu'on l'aurait espéré.