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IRBEK: La fierté d'El-Kerma

par Adjal Lahouari

Pour les observateurs avertis, voir un club en tête d'un groupe après sa seconde saison seulement dans ce palier c'est tout de même une surprise. Car l'IRB El-Kerma est en train d'imprimer une cadence infernale dans le championnat inter-régions Ouest, prenant une avance très confortable sur les présumés favoris tels le CRT (9 points), la JSMT, le MBSC (10 points) alors que l'USMO est à 13 points après sa défaite à domicile ce vendredi. Et pourtant, l'IRBEK a livré et perdu des rencontres amicales durant la période de préparation, mais c'était face à des adversaires de paliers supérieurs, comme l'USM Harrach en stage à l'Ouest et le SCMO. Le coach de l'IRBEK nous a affirmé que ces défaites ont instauré sinon le doute, du moins une appréhension dans l'environnement du club, quant aux réelles potentialités de ses poulains. Mais, lui, est resté confiant et a accepté le défi de mener à bien le projet de l'accession mis en branle par les dirigeants en effectuant un recrutement ciblé en fonction des besoins. Cette opération a été réalisée en deux temps avant et après l'arrivée du coach Brik Abdelkader. Le choix de ce technicien n'est pas fortuit car le comité directeur de l'Ittihad savait que Brik a tout de même emmagasiné une solide expérience du COUS Oran au NRB Béthioua, en passant par le SCMO, le WAM, le CCS, l'ASB Maghnia et l'USMO durant des périodes différentes de quelques mois à deux saisons. Cette particularité n'étonnera personne quand on connaît les «mœurs» du football algérien.

A El-Kerma, après cette entame très prometteuse, les dirigeants ne peuvent que se féliciter d'avoir engagé cet entraîneur méthodique.

Un groupe

Ils sont légion les entraîneurs qui croient dur comme fer à l'addition des talents, que ce soit en Algérie ou ailleurs. Or, il est prouvé que la présence de très bons joueurs ne fait pas obligatoirement de grandes équipes. Nous avons donné la parole à Brik pour qu'il nous précise sa méthode. «Pour réunir les meilleures conditions de la réussite, trois paramètres sont primordiaux à mes yeux. La base, c'est d'abord le travail administratif sans qui rien n'est possible. En second lieu, je citerai la qualité des joueurs, enfin le staff technique, car il s'agit d'une œuvre collégiale. Il fait référence à son adjoint Allem Abdelhafid qui est un authentique enfant du club ayant débuté en catégorie Benjamins et au préparateur des gardiens Bougouffa. La lecture du classement laisse croire que le point fort de l'équipe demeure la défense, ce que dément le coach de l'Ittihad : «Ce résultat résulte des efforts fournis par tous les joueurs, milieux et attaquants compris. Par ailleurs, il n'y a pas de buteur attitré, car n'importe quel joueur est en mesure de marquer des buts. Je crois que nous avons formé un groupe avec des joueurs de niveau moyen mais qui, à ce rythme vont progresser de match en match. C'est ça ma méthode de travail. Je dois insister sur les rencontres amicales perdues face à des adversaires hiérarchiquement supérieurs.

En effet, ces revers se sont avérés bénéfiques car ils nous ont permis de déceler les lacunes que nous nous sommes empressés de corriger. En revanche, si nous avions remporté ces matches sans enjeu, nos insuffisances n'auraient pas été décelées». Voilà un discours qui nous change des banalités de certains entraîneurs avides de tirer la couverture à soi.

Un projet viable

A El-Feth des décennies 60/70, a succédé un Ittihad de plus en plus ambitieux, cette volonté de grandir allant de pair avec l'extraordinaire expansion dans tous les domaines de l'ex-Valmy de la période coloniale. Tout n'a pas été rose car le club a même connu une période de sommeil de quatre années. Heureusement que les enfants d'El-Kerma ont réagi à l'instigation du maire Benyamina qui a chargé d'authentiques kermaouis, M.M. Kebaïli Abdelkader, Adda Ali, Belahouel, Kheirat et Lastal Tayeb pour redonner vie à ce club qui accueilli même d'autres disciplines comme le hand et le volleyball, cette section accédant même en nationale B sous l'impulsion de son principal animateur, Kebaïli Abdelkader. Cette remontée des différents paliers a duré huit ans, car il a fallu repartir de zéro. Et c'est grâce à ce comité restreint mais efficace que l'IRB El-Kerma est revenu au devant de la scène. A El-Kerma, la formation a été constante au fil des décennies. Au sein de l'équipe type, on relève la présence de huit joueurs du cru, ceci dit tout en reconnaissant le grand apport des éléments recrutés et aujourd'hui, visiblement satisfaits de faire partie de ce formidable projet auquel tout le monde croit à El-Kerma, à savoir l'accession en division nationale amateurs. Un dirigeant, Adda Hasnaoui, ajoutera même d'un ton péremptoire que «L'IRB El-Kerma mérite mieux que le palier d'inter-régions ! ». Jeudi dernier, la veille du choc face à la JRB Sidi Brahim, le staff technique avait réuni tout l'effectif pour une séance spécifique de trois quarts d'heure. C'est une manière habile de tenir le groupe bien en mains et aussi de connaître dans les plus ultimes délais possibles l'état physique et la forme de chaque joueur. Autant dire que le staff technique entend réduire au maximum les aléas de tout évènement pouvant survenir à tout moment. Au sein de ce club et outre la parfaite organisation sur laquelle veillent El-Ouafi Krarar (président, Bastor Hasni, Hadj Aarar Mohamed, Sam Bouafia et Nettah Saïd (vice-présidents), Lardjem Mohamed (secrétaire général), Bendida Noureddine (trésorier) ainsi que les incontournables Kebaïli Abdelkader, Adda Ali, Adda Hasnaoui, Chaïda Rachid, Bouhedda Benyagoub, Kredda Abed, on perçoit indiscutablement une passion et une fidélité à toute épreuve. Le vieux secrétaire des dernières décennies, Sam Abdelkader qui, à 81 ans, exerce toujours chez les jeunes catégories, en est un parfait exemple. Finalement, après un constat sur place, on peut dire que si l'IRB El-Kerma occupe le haut du tableau, loin devant des clubs expérimentés, ce n'est guère une surprise. Nous dirons même qu'il s'agit d'une juste récompense pour tous les dirigeants et amoureux de ce club qui doit être cité en exemple et dont devraient s'inspirer certains clubs qui se contentent de se gargariser de leur passé, aussi glorieux soit-il. Vendredi dernier, nous avons assisté au match livré à la JR Sidi Brahim, l'une des bonnes formations de ce groupe et qui pratique un bon football.

En première mi-temps, il faut reconnaître que personne n'a reconnu la fringante équipe qui caracole en tête. Est-ce l'absence forcée de trois titulaires ? Est-ce que la façon dont les gars de la JRSB ont quadrillé le terrain a gêné les poulains de Brik. Ce n'est qu'en seconde période que les Kermaouis ont repris les choses en mains, inscrivant trois buts et ratant trois autres.

Quant au but des visiteurs, c'est à la suite d'un renvoi hasardeux du gardien de l'Ittihad. Un coup d'œil au calendrier nous apprend que l'IRBEK effectuera une virée dans les Hauts-Plateaux pour y affronter la JSM Tiaret, l'un des outsiders. Ce sera peut-être l'un des tournants de ce championnat édition 2016-2017.