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Europe: Le choc de la crise italienne

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Avec la démission du gouvernement de Matteo Renzi, l'Italie semble avoir consommé son dernier joker contre la crise économique et politique qui la menace, particulièrement depuis 2008 et la crise financière internationale. L'Europe est aux abois.

A peine le «ouf !» prononcé après le résultat de l'élection présidentielle en Autriche qui a écarté l'arrivée à la présidence de la République de l'extrémiste de droite Norbert Hofer, l'Europe a renoué avec le poids des incertitudes en apprenant, quelques heures plus tard ce même dimanche soir, la démission du gouvernement Matteo Renzi après le rejet du référendum portant modification de la Constitution italienne.

Le choc est réel malgré les déclarations rassurantes des dirigeants européens quant à l'éventualité des conséquences sur la stabilité politique et surtout financière de l'Union européenne. Si les marchés financiers se sont ressaisis lundi matin après des alertes du dimanche, ils n'ont pu éviter une baisse même relative de la valeur euro face au dollar à 1,050, soit sa plus forte baisse depuis le printemps 2015.

La réunion ce lundi après-midi à Bruxelles des ministres des Finances de l'UE devait statuer sur la stratégie à adopter face à la « crise italienne», d'autant plus que la situation du pays ne prêtait pas à l'optimisme bien avant cette nouvelle crise. Mieux, sous les fourches caudines de Bruxelles et son sacro-saint respect de l'équilibre budgétaire à 3 % (traité constitutionnel), le gouvernement Matteo Renzi a réussi à descendre à 2,6 en menant des réformes assez «austères».

Paradoxalement, ce satisfécit dans le retour à un équilibre budgétaire n'a pas empêché l'augmentation de la dette souveraine qui dépasse aujourd'hui les 130 % du PIB avec un montant de plus de 365 milliards d'euros.

Du coup, les 19 pays de la zone euro ne pourront éviter un scénario à la grecque à l'Italie: soutien financier, contre-réformes drastiques qui ne seront pas sans conséquences sur le climat social et politique dans le pays.

Avec un taux de chômage de près de 11,5 % ( 37 % chez les jeunes), l'Italie n'est pas à l'abri d'un retour en force des partis politiques populistes et extrémistes, tel celui des « Cinq étoiles» du trublion Beppe Grillo ou encore du sentiment séparatiste des régions du nord. Pour toutes ces raisons, il est quelque peu naïf pour ne pas dire démagogique pour les eurocrates de Bruxelles de minimiser le choc italien de dimanche soir.

Parce qu'au delà des conséquences économiques sur l'Europe et sa zone euro, ce sont les répliques politiques dans une Europe en proie au doute sur son destin qui menacent sa cohésion et sa construction.

Parce que l'Italie est aussi la 3ème puissance économique de l'Europe et un pays fondateur de l'union européenne que la crise qui la frappe est d'une extrême gravité pour l'Europe dans son ensemble. Tous les observateurs attendent le communiqué final du Conseil des ministres des Finances de l'UE qui devait s'ouvrir lundi après-midi pour mesurer l'amplitude de la crise italienne et les décisions de la Banque centrale européenne (BCE).

Cette dernière mettra-t-elle en marche sa planche à billets pour refinancer (racheter?) les titres de l'énorme dette italienne?

Quels seront le rôle et l'apport du Fonds de solidarité européen (FSE)? Le FMI sera-t-il appelé au chevet de l'économie italienne? Autant de questions qui rappellent le scénario grec, sauf que l'Italie n'est pas la Grèce tant par le poids politique, économique et sa place dans l'histoire de la construction de l'UE.