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Site sauvegardé de Sidi El Houari: Des architectes dénoncent des démolitions anarchiques d'immeubles

par Mokhtaria Bensaâd



Bien que décrété, secteur sauvegardé, par décret exécutif datant du 22 janvier 2015, le quartier historique de Sidi El Houari est sous la menace des bulldozers. Des architectes et experts en bâtiment mettent en garde contre les opérations de démolition des immeubles de façon anarchique, touchant même des immeubles à haute valeur architecturale qui peuvent être restaurés.

C'est lors la 7ème édition du Salon international de la construction et la gestion urbaine, organisé du 10 au 13 octobre, au Centre des Conventions d'Oran par ?Events Algeria', que ces experts en bâtiment, présents à la conférence tenue en marge de ce salon, sur «l'impact de la réhabilitation sur l'image de la ville d'Oran et les Jeux méditerranéens 2021» ont tiré la sonnette d'alarme sur ce qui est qualifié de «massacre» que subi ce quartier, considéré, désormais, comme la vieille ville d'Oran à sauvegarder. Intervenant, lors des débats, les architectes ont été unanimes à dénoncer les décisions de démolition prises, sans aucune étude préalable qui peut faire une sélection sur le patrimoine à préserver et celui dont l'état est très dégradé et ne peut être restauré.

Cette croix rouge est devenue la hantise de ces architectes qui posent un grand point d'interrogation sur la commission chargée d'étudier le dossier de ce vieux quartier et faire la sélection des immeubles à démolir. Les intervenants à cette conférence ont soulevé la problématique de la gestion de ce patrimoine historique et la facilité avec laquelle sont émises les décisions de démolition. Un expert en bâtiment n'a pas hésité à hausser le ton, dans la salle, sur le passage du bulldozer sur les immeubles à haute valeur architecturale. Il s'est interrogé comment peut-on donner à un maître d'ouvrage, OPGI ou DUC, la mission d'élaborer un plan de sauvegarde d'un bâtiment ou un quartier entier sans une étude. Il a enchaîné qu'il n y a jamais eu une étude approfondie sur toute cette opération de réhabilitation du vieux-bâti». Une autre architecte a souligné que beaucoup d'immeubles représentent une richesse sur le plan architectural et peuvent être restaurés, pourquoi alors comportent-ils la croix rouge ?

Quant à M.Tahraoui Djillali, architecte et fondateur de la revue ?Madinati', interrogé sur ce problème du quartier de Sidi El Houari, a expliqué qu'en tant «qu'architectes, nous réagissant à ce phénomène. Cependant, une question se pose : qui classifie ces immeubles à démolir ?». Pour cet architecte, c'est la grande question qui reste sans réponse. «On nous dit toujours qu'il y a une commission chargé e de cette mission mais nous ne connaissons pas la composante de cette commission. Si ce sont des experts, nous aimerions bien les connaître et discuter avec eux sur ces classifications car beaucoup de choses se font dans l'ombre», a déclaré notre interlocuteur. Il estime qu'il ne faut pas mettre toute la responsabilité sur le dos des pouvoirs publics. Il existe aussi des pseudo-experts qui racontent n'importe quoi». Selon lui, ce problème remet sur le tapis le problème de la formation des architectes et de leur compétence.