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Dans quel intérêt ?

par Moncef Wafi

A moins d'une semaine de la grève cyclique annoncée par l'intersyndicale, le gouvernement prend ses dispositions et essaye de contenir la protestation syndicale à travers des initiatives ministérielles à même de désamorcer les conflits sociaux, réduits à des propensions sectorielles. La rencontre de la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, avec les partenaires sociaux du secteur (syndicats et associations de parents d'élèves) sur le dossier de la retraite fait partie de cette stratégie de diviser pour mieux appréhender le contexte dans son ensemble.

De démentis en assurances, le gouvernement distille ou essaye de distiller des messages bienveillants à même de faire retomber le soufflet de la contestation sociale qui s'organise pour contester la décision du gouvernement de mettre fin au régime de la retraite anticipée. Le gouvernement essaye de gagner du temps sur une quelconque action concertée des syndicats autonomes, adversaires de la décision prise lors de la dernière tripartite. La ministre a indiqué que les bruits concernant le calcul de la pension de retraite et la prime de rendement ne sont que rumeurs mais force est de revenir à la réalité des chiffres qui annoncent, selon des sources ministérielles, que près de 29.000 enseignants qui vont partir à la retraite sont quelque part obligés de le faire à cause de l'ultimatum de Sellal. Une conséquence directe de l'action gouvernementale, quelles que soient ses exigences, qui a ouvert la voie à une véritable hémorragie dans la fonction publique.

Si Benghebrit intervient en amont, rien n'indique que le mur syndical se fissure, lui qui appelle à une mobilisation cyclique à travers des grèves qui prendront corps à partir du 17 octobre prochain. Si le souci premier de Sellal est de sauver la Caisse nationale de retraite, ses détracteurs lui reprochent de privilégier la solution de facilité, celle de taper sur les bourses de fonctionnaires. Difficile en l'état de donner raison pour une partie ou une autre dans le conflit d'autant que les intérêts restent diamétralement divergents. En effet chacun, dans sa logique, estime qu'il est parfaitement dans son droit. Celui de défendre les intérêts de l'Etat et, de l'autre côté des tranchées, celui de sauvegarder les acquis sociaux. Au milieu, une scolarité, des soins médicaux et des prestations de service qui peuvent être pris en otage.