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Maghnia- Grève des médecins spécialistes : La justice s'en mêle

par Cheikh Guetbi

Devant la décision du collectif des médecins spécialistes de l'EPH de Maghnia d'une grève illimitée, avec un service minimum assuré, à raison de 2 jours par semaine jusqu'à ce que leur principale revendication, le départ du directeur, soit satisfaite et qui a été mise en exécution la fin de la semaine passée, le directeur de l'EPH a eu recours à la procédure d'exception de référé d'heure à heure auprès de la chambre administrative près de la cour de Tlemcen. Le directeur, qui accuse les protestataires de refuser tout dialogue et trouve que cette forme de revendication est abusive et irrégulière, a poursuivi en justice la section syndicale des médecins spécialistes de la santé publique qu'il accuse d'être derrière cette grève. Après que celle-ci, représentée par son président, a été assignée par huissier, l'audience de plaidoirie a eu lieu jeudi et le délibéré le même jour. Le jugement rendu qui est immédiatement exécutoire dans ce genre de procédure confirme l'irrégularité de la grève et ordonne d'y mettre terme.

A l'EPH de Maghnia, la situation est tendue voilà une quinzaine de jours après que les médecins spécialistes, sous la houlette de leur section syndicale, ont présenté une série de revendications suite, estiment-ils, à l'abus de pouvoir dont le directeur a fait preuve à leur égard. «le directeur ayant fait preuve d'indifférence et refusé le dialogue et n'ayant été favorable à aucune de nos revendications, nous avons opté par la décision extrême à savoir la grève jusqu'à ce que son départ soit prononcé par la tutelle», dira le secrétaire général de la section syndicale. Auprès des médecins grévistes les griefs imputées au directeur ne convergent pas dans leur majorité et les avis diffèrent pour les causes du marasme qu'ils disent vivre. Pour cette spécialiste, le directeur est à l'origine de la «fuite» très récente de 2 spécialistes qui étaient fraîchement affectés à l'EPH de Maghnia dont une cardiologue ce qui, de l'avis du directeur, est faux car, explique-t-il, «cette dernière s'est présentée pour que je lui fournisse une attestation de besoin en cardiologue pour qu'elle soit affectée dans notre EPH, chose que la tutelle nous a interdite». Le besoin de dénoncer par les quelque 43 médecins spécialistes le «despotisme» du directeur s'est manifesté, selon ce dernier, après qu'un système de lutte contre l'absentéisme a été instauré, ce qui a bousculé bien des habitudes néfastes et un système qui favorisait le laxisme et l'indolence qui pénalisent le malade. «La situation était lamentable. Le taux d'absentéisme était excessif et les rendements insignifiants, voire nuls. Certains spécialistes usaient de subterfuges comme l'exemple de ce chirurgien qui s'arrange à se faire programmer ses gardes à des dates qui ne coïncident pas avec celles des anesthésistes. De la sorte, il aurait trouvé là excuse pour évacuer ses malades vers le CHU de Tlemcen. Ou encore des procédés douteux pour certains hospitalisés qui, pour des raisons évidentes, «décident» de se faire opérer chez le privé pour revenir ensuite à l'hôpital pour des soins post-opératoires. Devant cette situation inadmissible, j'ai jugé urgent d'instaurer ce système de lutte contre l'absentéisme et contre ces comportements irresponsables, de mobiliser les forces vives et d'appliquer la réglementation à la lettre et ce pour une meilleure prise en charge des malades».

Le directeur tient à préciser que l'éloignement pour certains médecins a été pris en considération, car c'est après 9h que l'absence est comptabilisée et que vu le non-fondé des griefs reprochés et l'inconsistance et le manque d'objectivité de la majorité des revendications, le protestataires ont toujours refusé le dialogue qu'il estime leur être ouvert jusqu'alors. Devant le verdict de la justice, les spécialistes décrochent-ils de cette grève ou s'y attachent-ils jusqu'au départ du directeur ? Ce dernier avertit que pour le cas de la 2ème option par laquelle ils ne se conforment pas à la décision de la justice, l'appel à la force de l'ordre par le procureur est envisageable?