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Les dialysés, victimes de l'austérité budgétaire: Sit-in annoncé, devant le siège de la wilaya

par S. M.

Les 3.000 dialysés de la wilaya d'Oran vivent le calvaire au quotidien. Leur situation ne cesse de s'empirer, ces derniers mois, en raison des restrictions budgétaires décidées, en catimini par les services concernés, sous prétexte de « rationnaliser les dépenses budgétaires » et en particulier en matière de transport et de prise en charge médicales (conventions, analyses...). Le premier responsable de l'Association des dialysés de la wilaya d'Oran est en colère. Il a lancé, hier, un énième cri de détresse dans l'espoir d'attirer l'attention des services concernés (CNAS, DDS et autorités locales) sur la détérioration terrible des conditions de prise en charge de cette population qui souffre et meurt en silence.

Le président de cette association qui a énuméré toutes les contraintes rencontrées, au quotidien, par les dialysés a annoncé la tenue d'un sit-in, dimanche matin, devant le siège de la wilaya pour exiger une intervention du chef de l'exécutif local. Cette action de contestation a été décidée, selon notre correspondant, joint hier par téléphone, après épuisement de toutes les tentatives pour trouver des solutions aux préoccupations «urgentes » des dialysés. «Nous avons frappé à toutes les portes, mais en vain», regrette le délégué des dialysés de la wilaya d'Oran. Il importe de noter que la prise en charge des patients, souffrant d'une insuffisance rénale chronique terminale est coûteuse. Le coût d'une séance d'hémodialyse oscille entre 7.000 et 12.000 DA, en fonction de la prise en charge des complications, sachant qu'un malade a besoin d'une séance de dialyse tous les 2 jours. La CNAS a conclut des conventions avec plusieurs cliniques privées pour la prise en charge de ces patients. Le nombre de cliniques privées, conventionnées avec la CNAS est passé de 118 en 2010 à 126 en 2012 puis 129 en 2014 au niveau national.

La première journée sur la «transplantation rénale : rein et transplantation» organisée en fin de semaine dernière par le Conseil scientifique de l'hôpital d'Oran a été consacrée à l'exposition tous les obstacles rencontrés par le personnel médical pour démarrer la greffe rénale.

Le programme de greffe rénale lancé, rappelle-t-on, en avril 2006, à l'hôpital d'Oran, a permis de réaliser, avec succès, plus de 30 greffes rénales. Un chiffre qui reste presque insignifiant par rapport aux besoins. Il existe, en effet plus de 3.000 malades souffrant d'insuffisance rénale, dans l'ouest du pays, alors que 350 nouveaux insuffisants rénaux sont enregistrés, chaque année, à Oran. Le corps médical rencontre des difficultés insurmontables pour pratiquer la transplantation rénale par rein de donneur cadavérique. Il n´existe pas d'opposition affichée par les autorités religieuses ni d´empêchement légal, mais le consentement explicite préalable du donneur ou de sa famille, après son décès, reste une nécessité absolue. La transplantation rénale par rein de donneur mort représente seulement 4% du programme national. L'accès à la transplantation rénale est hors de portée pour 80% des patients souffrant d'une insuffisance rénale chronique terminale. Une greffe de rein coûte à l'étranger 10 millions de dinars, alors qu'en Algérie elle revient à 1 million de dinars seulement, signale-t-on. Ils sont ainsi près de 16.000 malades traités par hémodialyse, dans plus de 250 unités spécialisées publiques et privées, à travers tout le territoire national.