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Constantine - Travaux d'extension de l'hôtel Cirta: Onze locaux démolis et des commerçants «déboussolés»

par Abdelkrim Zerzouri

L'évacuation par la force publique d'une partie des commerçants, dont les 11 locaux sont situés dans le périmètre d'extension de l'hôtel Cirta, a été entamée avant-hier, et l'opération devait se poursuivre hier encore pour libérer complètement les lieux. Les concernés, qui ont vainement tenté de s'opposer à cette évacuation, ont vu leurs affaires jetées sur la voie publique. Déboussolés par cette « brusque » intervention, les propriétaires des locaux ne savaient plus où donner de la tête. « Je ne sais même pas où mettre mes affaires », se demandait l'un d'entre eux.

D'autres dénonçaient la «hogra» qu'on leur fait subir, « amèrement ». Mais, faut-il se l'avouer, l'issue d'une évacuation par la force publique était inévitable, car les concernés ont été destinataires il y a plus de trois mois d'une décision les sommant de quitter les lieux, laquelle décision intervenait dans le sillage d'un arrêté d'expropriation concernant les locaux en question signé par le wali. Toute une procédure qui se termine, ainsi, sur fond de conflit. Pour mémoire, donc, c'est l'aboutissement d'une longue démarche entamée avec les travaux d'extension de l'hôtel Cirta, lesquels travaux exigent plus d'espace afin de permettre la réalisation du projet de transformation de l'hôtel Cirta en «Palace», avec une piscine, une salle de remise en forme, un restaurant de gala, d'un second restaurant ouvert 24h/24 et d'une suite présidentielle, débordant ainsi sur des espaces occupés par des tierces personnes. D'où la signature de l'arrêté d'expropriation en question afin de procéder à la démolition des 11 locaux commerciaux situés dans le périmètre du chantier. Les concernés ont été indemnisés, doit-on encore rappeler, mais les onze propriétaires de locaux commerciaux ont émis des réserves dès les premiers jours de l'annonce de cette expropriation pour « utilité publique », revendiquant particulièrement une révision à la hausse du prix du mètre carré et soulignant dans ce sens qu'il ne s'agit nullement d'une expropriation pour utilité publique car c'est l'hôtel Cirta qui bénéficiera de l'espace libéré, exclusivement dédié à une activité purement commerciale. Côté pouvoirs publics, sur le même registre, on parle plutôt de « modernisation du quartier Bardo ». En tout état de cause, les propriétaires de locaux commerciaux, ainsi qu'une ou deux familles qui y logent aux étages supérieurs, ne sont nullement contre la modernisation du quartier, ni contre l'expropriation, mais ils rejettent l'indemnisation qu'on leur a attribuée la jugeant « dérisoire ». Les concernés avouent qu'ils ont bien reçu les indemnisations financières, selon les prix des locaux commerciaux fixés « d'une manière unilatérale », mais ils continuent à revendiquer, en sus de ce dédommagement, l'attribution en location d'un local commercial dans un autre endroit. C'est que la somme qui a été accordée dans le cadre de l'indemnisation financière ne suffit pas pour l'achat du moindre petit local, surtout si l'on ajoute au registre que la somme en question a été divisée entre héritiers. « Dès qu'on transforme un bien immobilier en argent, il s'évapore. Et figurez-vous que ces locaux commerciaux constituaient la source de vie principale pour plusieurs familles, c'est pour cela qu'on lance un appel aux autorités locales et au ministre de l'Intérieur, pour nous trouver une solution équitable qui nous permettrait de continuer à travailler et ne pas nous pousser à dépenser cet argent résultant des indemnisations dans des actions devant les tribunaux et devenir des chômeurs au bout de quelques semaines», lancent les commerçants concernés.

Enfin, le bulldozer est passé au travers des locaux commerciaux en question et ne reste qu'un mince espoir d'un recours à la justice pour avoir gain de cause ou une réaction salutaire de l'administration de tutelle. Au fond, les concernés ne demandent pas grand-chose, tout juste une « priorité » pour bénéficier de locaux commerciaux cédés par les pouvoirs publics (Cnep, Opgi?).

Car, estiment les commerçants expropriés, « les locaux cédés par des particuliers sont hors de prix et la faible indemnisation qui nous a été octroyée dans le cadre de l'expropriation ne nous permet pas de voir de ce côté ».